Ris-Orangis embrasse à nouveau la Seine
Des tags multicolores et de la mousse apparente: à l'image de cet ancien site de baignade abandonné, Ris-Orangis avait depuis longtemps tourné le dos à la Seine. Depuis quelques années, la commune proche de...
Des tags multicolores et de la mousse apparente: à l'image de cet ancien site de baignade abandonné, Ris-Orangis avait depuis longtemps tourné le dos à la Seine. Depuis quelques années, la commune proche de Paris tente de faire revivre le fleuve.
La Seine "a été longtemps oubliée dans notre ville, comme dans d'autres en banlieue parisienne. (...) Plus personne ne savait qu'on était traversé par cette grande rivière et tout le bienfait que cela peut apporter", explique à l'AFP le maire Stéphane Raffalli.
Lui-même, enfant, ne s'y baladait pas, reconnait ce natif de Ris-Orangis.
Située dans l’Essonne, à une trentaine de kilomètres au sud de Paris, la ville s'étend sur environ 2 km de berges. A partir du XIXe siècle, l'industrie s'y est développée, avec notamment des docks d'alcool de betterave, profitant du fleuve pour le transport des marchandises.
"Mais aujourd'hui, il y a une aspiration extrêmement profonde des habitants à retrouver le fleuve comme un lieu de détente, de loisirs, de culture, d'habitation aussi", poursuit le maire.
Signe de cet attrait, le club nautique, qui organise des sorties d'aviron, canoë, kayak ou paddle, fait le plein plusieurs fois par semaine.
Céline Girault, 55 ans, et sa fille Amélie Holguera, 20 ans, deux assidues du club, disent avoir découvert "une vision de la Seine complètement différente".
"Avant, (...) on ne voyait pas qu'il y avait ce côté sauvage, qu'il y avait autant de hérons, de cormorans", dit Mme Girault.
Comme elles, beaucoup d'habitants de Ris-Orangis ne partent pas l'été et pour eux "les bords de Seine c'est un peu les vacances". Le paysage est idyllique, l'eau clapote, les rives sont ombragées.
Réenchanter le fleuve
Ce retour au fleuve a commencé dans les années 2010 pour un coût total estimé à 15 millions d'euros.
Après la création d'un écoquartier sur les friches industrielles et la renaturation des berges, c'est désormais l'ancien site de baignade des années 30, fermé dans les années 60 en raison de la pollution de l'eau, qui focalise les attentions.
Jadis, l'espace était fréquenté par des Parisiens en tenue élégante qui venaient se détendre le temps d'un week-end ou pendant l'été.
Les images d'époque montrent un lieu fréquenté aux airs de station balnéaire, avec bassins et plongeoir.
Totalement à l'abandon, il n'en subsiste qu'un ponton délimitant l'espace de baignade et les vestiges des anciennes cabines, envahis de végétation.
"Tout cela peut être réenchanté", soutient M. Raffalli.
Depuis le lancement d'un "plan baignade" en 2016 par l'Etat et les collectivités locales, la Seine bénéficie d'un assainissement en profondeur - accéléré à la faveur des Jeux olympiques de Paris (26 juillet au 11 août).
A Ris, "nous avons fait des études de pollution (de l'eau) sur une longue durée et côté sanitaire, c'est sans risque", affirme le maire.
Sécurité
L'autre préoccupation, c'est la sécurité face aux flux et remous des bateaux de marchandises qui transitent vers les ports de Gennevilliers, après Paris, ou du Havre où la Seine se jette dans la Manche.
"Il y a des courants, des péniches. Faut faire attention parce que très vite, tu peux te faire embarquer", témoigne Amélie Holguera.
En 2023, un jeune s'est noyé en sautant d'un pont.
Une brigade fluviale municipale a été spécialement créée pour éviter les risques face au courant "qui est assez fort", les collisions avec les bateaux de plaisance, les hydrocutions, explique Olivier Racamier, policier de cette unité.
Stéphane Raffalli espère inaugurer la base nautique réhabilitée l'année prochaine. Un parmi la trentaine de sites répartis sur 26 communes à et autour de Paris sur la Seine et la Marne, son principal affluent, qui doivent ouvrir à partir de 2025.
"On ne se rend pas compte de la chance que c'est d'avoir à disposition, en plein été, avec tous les phénomènes caniculaires qui se multiplient (...) un lieu de pratique (sportive) qui puisse nous rafraîchir", dit Aymen Amiri, vice-président de l'Union sportive de Ris avant de remonter sur son jet-ski.
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