Conseil national de l'Ordre des architectes

Revenir à un urbanisme de bon sens, le vœu de la présidente du Conseil national de l’Ordre des architectes Christine Le…


Christine Leconte, présidente du Conseil national de l’Ordre des architectes, était présente le 5 avril à la Maison de l'architecture d'Amiens à l’invitation de l’Association pour la formation des architectes de Picardie. Elle a pu détailler quelques solutions pour un meilleur modèle de ville dévoilées dans son dernier ouvrage, Réparons la ville ! paru aux éditions Apogée en collaboration avec l’urbaniste Sylvain Grisot.

Dans son livre, Christine Leconte propose de bâtir la ville de demain, en évitant l’étalement urbain.
Dans son livre, Christine Leconte propose de bâtir la ville de demain, en évitant l’étalement urbain.

Dans son essai Réparons la ville ! l'architecte Christine Leconte donne à entendre aux décideurs et aux citoyens sur l'inadéquation de la ville avec nos modes de vie, nos usages et notre consommation. Elle pose aussi des questions à toute une profession qui a pris conscience qu'elle doit aussi se transformer. 

« Nous devons construire les villes différemment. Les coûts du carburant, du gaz augmentent, les canicules sont récurrentes. Notre siècle connaît trois crises : celle des ressources, du réchauffement climatique et de la biodiversité. Il faut s’adapter à ces changements, limiter les déchets, utiliser des matériaux plus locaux, affirme-t-elle. Retrouver le potentiel de nos territoires. Regarder l'architecture régionaliste comme celle d'antan en Picardie par exemple, avec plus de considération. » 

De quoi recréer des filières et redonner de l'emploi. En Picardie, le torchis est encore un matériau prisé et qui peut bénéficier des innovations en construction. De plus, la terre crue peut être sourcée en circuit court et remet au goût du jour un savoir-faire ancestral. « Imaginez qu’il y a 15% du patrimoine de la France qui est en terre crue ! C’est une technique qui fonctionne bien. C'est parfait en temps de canicule. Là encore c'est la nature qui nous préserve. C'est la nature qui va nous sauver », poursuit-elle.

Christine Leconte, présidente du Conseil national de l’Ordre des architectes, était invitée à la Maison de l'architecture d'Amiens par l’Association pour la formation des architectes de Picardie.

Un urbanisme des sens

Christine Leconte a ensuite rappelé que 66% des déchets en France proviennent du BTP et des infrastructures. La pénurie de matériaux risque de s’accentuer sur le long terme, notamment sur le sable ou le bois, mais aussi sur d’autres matériaux précieux comme le cuivre, le zinc, etc. 

« Il faut 3 000 tonnes pour construire un hôpital. On n’a plus ce sable. Prenons l’exemple de Dubaï, ce n’est pas le sable de son désert qui construit sa ville, car il est trop arrondi. Dubaï importe son sable. On est en train de toucher à ce qui fait le fondement de notre existence, à savoir les ressources, les fonds marins. Il faut que l’on utilise des matières qui sont renouvelables, qui sont dégradables, qui vivent avec nous. Retrouver ce rapport entre le sens, les sens et la matière. Enfin, il faut retrouver du bon sens. Nos grands-parents ne chauffaient pas leur salon à 21°, alors qu’aujourd’hui. Il faut que l'on réapprenne à vivre dans une forme de sobriété et à mettre un pull. »

Culture du partage

L'architecte rencontre régulièrement les décideurs, et dernièrement les candidats aux présidentielles pour éclairer aux décisions et proposer des solutions. L'une d'elle passe par le réemploi d'un point de vue architectural. 

« Derrière le travail d’une réhabilitation, il peut y avoir une créativité extraordinaire. Sans oublier de penser à davantage de mutualisation de nos espaces. Les élus ont un rôle à jouer. Nous avons besoin d'élus locaux impliqués et qui aient confiance dans cette forme de fabrication de la ville. À chaque fois ce sont des politiques qui ont transformé nos territoires », souligne la présidente du Conseil national de l’Ordre des architectes pour qui il serait urgent de développer une culture du partage comme une forme de spatialisation de notre démocratie. 

De quoi questionner aussi l'architecte qui doit fabriquer cette nouvelle ville, « la ville idéale, qui s’inscrit dans son territoire, qui inclut tout le monde, où l’on est en sécurité vis à vis de la voiture, où le piéton est prioritaire et dispose d’une grande place pour se déplacer. Une ville où chacun peut se loger et où la nature est présente et en relation avec l’habitat. Une ville foisonnante où il y a de l’activité, de la rencontre, du partage ! »