Réumed, la start-up qui reconditionne les aides médicales
Après deux années d’expérimentations, le projet Libel’Up, porté par Eurasanté, est aujourd’hui devenu une activité économique avec la création de Réumed.

«Eurasanté est l’agence de développement économique du territoire des Hauts-de-France. Nous sommes là pour favoriser l'innovation en travaillant sur les axes de la recherche, de l'industrie, du soin...», explique Caroline Auberger, directrice de la communication d'Eurasanté. Il y a deux ans, la structure a relevé que la région comptait une population âgée plus dépendante qu’ailleurs, mais disposant de moyens financiers inférieurs à la moyenne nationale. Mais le constat ne s'arrête pas là.
«D’un autre côté, nous avons des familles qui doivent s’équiper d’une aide technique pour une durée relativement courte. Chaque année, environ 50 000 tonnes d’équipements médicaux sont jetées en France, alors qu’ils ont souvent moins d’un an d’utilisation», ajoute-t-elle. Eurasanté a donc décidé de lancer Libel’Up, une expérimentation visant à créer une chaîne de collecte de matériel - béquilles, lits médicalisés, aides auditives… - afin de les reconditionner aux normes de santé et de les redistribuer.
Structurer la filière
Eurasanté réunit des fabricants et des acteurs de l'économie sociale et solidaire comme le groupe Vitamine T, un atelier de réinsertion spécialisé dans le reconditionnement d’électroménager. «Nous avons aussi mis en place des points de collecte dans des déchetteries et récupéré du matériel auprès d’établissements médicaux, d’hôpitaux et d’Ehpad», précise Caroline Auberger.

Parallèlement, Eurasanté a sollicité des financeurs privés tels que Malakoff Humanis et AG2R, ainsi que des soutiens institutionnels comme la Sécurité sociale. «Cette dernière était très intéressée par cette expérimentation, car une mesure prévoit la prise en charge du remboursement des équipements reconditionnés. Elle avait besoin de données chiffrées pour évaluer les taux de remboursement et ajuster leurs calculs», souligne-t-elle.
Réumed prend le relais
À l’issue de cette expérimentation, Eurasanté a souhaité passer le relais à un entrepreneur capable de commercialiser ces équipements, qui sont en moyenne 40 % moins coûteux que du neuf. «Lorsque j’ai découvert le projet Libel’Up, cela a immédiatement résonné en moi», confie Quentin Brassart, ingénieur de formation. Après plusieurs mois de travail, il a officiellement transformé l’expérimentation en un projet économique en créant Réumed. «Il a fallu mettre en place des standards permettant une activité commerciale viable : répondre aux normes en vigueur, structurer notre offre… Nous avons lancé notre activité commerciale à destination des professionnels de santé, des établissements et des vendeurs/loueurs de matériel juste avant l’été», détaille l’entrepreneur.
L'activité s'intensifie fin 2024. «Notre objectif est désormais de continuer à développer notre clientèle et d’étoffer notre équipe. D’ici la fin de l’année, nous devrions être une dizaine», poursuit Quentin Brassart, installé à Armentières depuis février dernier. Si Réumed, dont l'équipe compte cinq personnes, assure la remise en état et la redistribution des aides techniques, la collecte est confiée à des entreprises d’insertion dans la métropole lilloise, le Dunkerquois et le Pas-de-Calais. La start-up cherche actuellement des partenaires dans le Valenciennois et l’Aisne.
Un décret toujours en attente
Si la loi du 24 décembre 2019 sur le financement de la Sécurité sociale prévoyait le remboursement des aides médicales reconditionnées, le décret d’application n’a toujours pas été publié. «Sans ce décret, il sera impossible de créer des centaines d’emplois et de déployer notre activité à grande échelle. Mais cela ne menace pas notre modèle économique», assure Quentin Brassart, à la tête de Réumed. Celui-ci s’appuie sur les loueurs et les établissements de santé, tout en maintenant une petite activité d’action sociale. «Dans notre business plan à trois ans, nous n’avons pas intégré ce remboursement. Ce serait un plus, mais il n’est pas indispensable pour pérenniser Réumed», conclut l'entrepreneur.