Réseau ferré de France investit pour le renouveau du fret fe
Quatre entreprises se sont unies pour dynamiser le fret ferroviaire sur le littoral du Nord-Pasde- Calais : un producteur de matériaux (les Carrières du Boulonnais), un loueur de wagons (Nacco), un opérateur privé (Euro Cargo Rail), et le propriétaire du réseau ferroviaire français (RFF). Ce partenariat, officialisé le 27 juin à Ferques, se traduit à la fois dans l’investissement en wagons à double trémie et dans la modernisation de la ligne Calais- Dunkerque. Quatre entreprises se sont unies pour dynamiser le fret ferroviaire sur le littoral du Nord-Pasde- Calais : un product
Encouragées par le Grenelle de l’environnement, les Carrières du Boulonnais (groupe CB) utilisent de plus en plus le transport ferroviaire pour acheminer à leurs clients les granulats qu’elles extraient et transforment. Elles assurent 15% du fret ferroviaire de granulats en France, y compris les produits spéciaux à destination de l’industrie (sidérurgie et chaux). Plus de deux millions de tonnes de matériaux transitent ainsi chaque année par la voie mère de Caffiers qui raccorde l’entreprise au réseau ferré national. Avec sept trains par jour, le carrier du Pays de Marquise génère le plus important tonnage de fret pour RFF sur les régions Nord-Pasde- Calais et Picardie. “En un an, cela nous évite 80 000 camions, fait remarquer Pierre Proy, directeur des Carrières du Boulonnais, mais aussi le rejet dans l’atmosphère de quelque 2 000 tonnes de CO2.” Pour garantir la sécurité de cette exploitation, RFF va entreprendre des travaux de modernisation sur les quatre kilomètres de cette voie vieillissante et sur le faisceau d’échange qui la relie à la gare de Caffiers. Si une partie est située sur le domaine public et donc entretenue par RFF (aiguillages, installations de traction et de sécurité), une autre, constituée par la part privative de l’embranchement, est à la charge de l’industriel relié au réseau (équipements logistiques de chargement et de déchargement des trains de fret). La première série de travaux de renouvellement de la voie (traverses, ballast, appareils de voie) sera effectuée du 6 au 10 août 2012. De quoi pérenniser la ligne pour au moins 15 ans.
La ligne Calais-Dunkerque. Au-delà, sera modernisée la ligne qui permet aux Carrières de rejoindre le site de son premier client, ArcelorMittal à Dunkerque. “Opération phare du contrat de plan Etat- Région 2007-2013, explique la directrice régionale de RFF, Lucette Vanlaecke, notre projet consiste en divers aménagements sur l’axe existant : l’électrification de la ligne, la pose de protections acoustiques, la sécurisation de l’ensemble des passages à niveau, l’automatisation de la signalisation et la remise à niveau de la voie.” Le budget s’élève à 104,5 M€. Concrètement, les travaux s’étaleront entre avril 2013 et octobre 2014. Tout en offrant aux entreprises une plus grande flexibilité dans le choix des créneaux de passage, cette modernisation permettra d’augmenter la capacité du trafic de voyageurs et de diminuer les temps de parcours. Le premier port ferroviaire français n’est autre que le Grand Port maritime de Dunkerque.
Les Carrières du Boulonnais ont également mis en place des navettes régulières de fret ferroviaire entre leur site de Ferques et leur plate-forme de Mitry- Mory, à proximité de Roissy dans le Val-d’Oise, qui peut ainsi répondre aux besoins de la construction dans le nord de l’Ile-de-France, avec la livraison de 600 000 tonnes de granulats par an à ce jour.
Une flotte de 140 wagons. A voie nouvelle, convoi de nouvelle génération. L’opérateur ferroviaire unique sur le site, présent depuis la fin de 2006, a lui aussi investi explique son directeur général Emmanuel Delachambre. “Avec nos 900 salariés et un parc de 150 locomotives, nous offrons à nos clients un service sur mesure, innovant, conciliant qualité, performance et protection de l’environnement.” Train contre péniche. Loueur indépendant de wagons le plus important d’Europe, la SAS Nacco, qui a son siège à Paris, ravitaille l’opérateur en moyens de transport. “Nous disposons au total d’une flotte de plus de 9 500 wagons en expansion permanente, confirme David Mac Naughton, fondateur de la société il y a tout juste 40 ans. Cent quarante wagons neufs, que nous avons conçus durant trois ans avec le constructeur américain Green Brier et son usine polonaise Wagoni Swidnica, pour un coût unitaire de 100 000 €, sont spécialement affectés au transport de Carrières du Boulonnais.” Et 44 d’entre eux sont même la propriété du carrier. Pour Gilles Poulain, président du groupe CB, “il s’agit d’anticiper la mise en service du canal Seine-Nord qui profitera avant tout à nos concurrents européens”.
Le nouveau convoi ferroviaire, qui peut
aller jusqu’à 750 mètres de long, a une forte puissance. La locomotive diesel développe 3 200 chevaux, tout en consommant 30% de moins que les locomotives européennes. Les dimensions (longueur, volume et charge utile) des wagons ont été optimisées pour le transport de granulats et la rapidité de déchargement.
Une stratégie de distribution multimodale. Pour les dirigeants des Carrières du Boulonnais, le fret ferroviaire s’inscrit dans une démarche de développement du multimodal. “La distribution de nos matériaux, qui se concrétise par un réseau de cinq plates-formes, est ferroviaire et routière, mais aussi maritime et fluviale, assure Pierre Proy. La logistique est au coeur de notre activité de carrier.” “J’espère que cet exemple donnera envie à d’autres industriels, lui répond Lucette Vanlaecke. Le transport ferroviaire a le péage le moins cher d’Europe : deux euros le kilomètre, sans compter les subventions accordées par l’Etat.” Il faut le fer !