Reprise familiale réussie pour un groupe en plein essor

Geoffrey Thiriez vient de prendre la tête de l’entreprise familiale, fondée par ses parents en 1990. Spécialisée dans la literie, l’entreprise est en plein dans la mise en œuvre de son grand plan 2020, qui prévoit croissance et repositionnement.

Geoffrey Thiriez vient de reprendre l'entreprise familiale.
Geoffrey Thiriez vient de reprendre l'entreprise familiale.
D.R.

Thiriez compte aujourd'hui 90 salariés.

 

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Geoffrey Thiriez vient de reprendre l'entreprise familiale.

Fondée il y a vingt-cinq ans à Wattrelos, Thiriez s’est avant tout spécialisée dans la fabrication de matelas et d’éléments de literie à destination des professionnels. Qu’il s’agisse de matelas gansés pour l’hôtellerie moyenne gamme ou de matelas houssés, plus sommaires, pour les collectivités ou les hôpitaux, le fabricant s’est peu à peu fait une place confortable sur un marché pourtant concurrentiel, grâce à des produits de qualité et une réactivité qui lui permet de produire en grande comme en petite série et de faire du sur-mesure. «Nous sommes leader sur le marché de l’hôtellerie et des collectivités, qui demandent des matelas de qualité correcte, mais sans aller sur le haut de gamme. C’est un marché stable, mais avec une croissance assez faible. Pour continuer à progresser, nous avons donc décidé, il y a huit ans, de nous lancer sur le marché de l’hôtellerie haut de gamme. Nos clients ont réagi très favorablement, puisque ce virage a coïncidé avec leurs propres montées en gamme et le besoin de garantir une literie de bonne qualité à leurs clients.» Opéré il y a huit ans, au moment de l’entrée dans l’entreprise de Geoffrey Thiriez, le fils des fondateurs, ce repositionnement n’a pas tardé à porter ses fruits : de 10 M€ en 2010, le chiffre d’affaires a bondi à 20 M€ en 2015. La preuve que l’attente du marché était réelle, même si la démarche a un coût pour l’entreprise qui, depuis cinq ans, investit entre 600 000 et 700 000 € par an dans son parc de machines et dans l’immobilier pour augmenter ses capacités. En 2015, c’est ainsi 240 000 pièces, répondant à plus de 10 000 références, qui ont été produites chez Thiriez. Le reflet d’une politique ambitieuse.

Officiellement aux commandes de l’entreprise depuis janvier 2016, Geoffrey Thiriez a en effet maintenu le cap fixé avant la reprise. Toujours dans un souci de diversification et de montée en gamme, en parallèle de la clientèle des hôtels et centres de vacances haut de gamme, Thiriez a décidé de s’adresser à celle des particuliers. La marque “Thiriez Literie”, créée en 2012 et distribuée dans les magasins spécialisés, représente désormais environ 40% du chiffre d’affaires de l’entreprise et continue de grimper. Thiriez s’appuie sur un réseau de 500 distributeurs en France, qui proposent les matelas, sommiers et accessoires du fabricant. «C’est difficile de séduire les particuliers, notamment en France où le taux de renouvellement de l’équipement est assez faible : les Français changent leur literie tous les quatorze ans en moyenne, quand il est recommandé d’en changer tous les huit ans. A nous donc de proposer régulièrement des innovations et des nouveautés !» Pour ce faire, Thiriez apporte beaucoup d’attention au style et aux coloris de ses produits pour coller aux tendances de la décoration. Surtout, l’entreprise investit largement en R&D. En plus de ses modèles traditionnels à ressorts, le fabricant s’apprête ainsi à lancer sur le marché sa gamme «Hypnove», développée pendant trois ans : trois matelas porteurs d’une technologie brevetée, alliant billes de gel, micro-encapsulage des tissus et fils de carbone, censés favoriser l’endormissement. Ils devraient bientôt faire l’objet d’un test à la très officielle Clinique du sommeil à Paris, pour apporter la preuve des bienfaits de ces matelas, vendus entre 1 500 et 2 200 € pièce. Mais qui connaissent d’ores et déjà «un démarrage encourageant», assure Thiriez.

Aujourd’hui, la production de Thiriez se répartit à 40% sur les matelas gansés, 40% sur les matelas houssés, à 15% sur les sommiers et à 5% sur les accessoires. Des produits qui sont tous fabriqués sur les trois sites nordistes de l’entreprise. Celui, historique, de Wattrelos devenait trop étroit. Il a été doublé par un second, acheté il y a un peu plus d’un an sur un site voisin, histoire de gagner un peu de place. Aujourd’hui, le siège social de Thiriez s’étend sur un bâtiment de 7 500 m², qui abrite aussi une première ligne de fabrication, tandis que le second bâtiment, de 6 500 m², est entièrement dédié à la production et au stockage des matelas et sommiers. Plus récemment encore, en janvier 2016, Thiriez a racheté l’un de ses sous-traitants, Ouatinor, à Ligny-en-Cambrésis. Ont été investis 300 000 €, surtout pour les travaux et le rachat des machines de l’atelier, qui compte cinq salariés spécialisés en matelassage, un savoir-faire devenu rare. Sur ses trois sites, Thiriez fabrique en moyenne 800 matelas simples et 300 matelas gansés par jour.

Après «cinq ans de croissance à deux chiffres», et une rentabilité «qui s’améliore», Geoffrey Thiriez voit donc sereinement se profiler l’échéance de son plan stratégique 2020, qui prévoit d’atteindre, à cet horizon, 27 M€ de CA et 100 collaborateurs. Un point qui pourrait se révéler plus difficile que prévu. «Depuis trois ans, nous essayons d’embaucher, mais c’est un véritable casse-tête de trouver des gens qui soient fiables, arrivent à l’heure et soient disposés à travailler, mais surtout qui soient constants dans le travail et la productivité. Beaucoup des jeunes que nous avons en CDD ne voient pas leurs contrats renouvelés à cause de problèmes de ce type. Et si nous avons réussi à embaucher 15 personnes l’an dernier, nous en avons testé trois fois plus. Actuellement, nous avons trois postes à pourvoir, qui restent vacants pour le moment.» Une situation d’autant plus absurde que l’entreprise consacre beaucoup de temps et de ressources à former elle-même ses collaborateurs à ses métiers, pour lesquels il n’existe pas de diplôme particulier.