Syndicat patronal
Rentrée du Medef Somme, le président Stephan de Butler craint « une année compliquée »
Le Medef Somme a fait sa rentrée économique en organisant un échange avec le préfet de la Somme, Rollon Mouchel-Blaisot. L’occasion d’alerter sur la situation complexe de nombreuses entreprises mais aussi d’évoquer les freins qui contraignent leur développement.
« Je crains une année compliquée », soupire Stephan de Butler, président du Medef Somme. « En deux ans, nous avons connu un retournement de conjoncture majeur », ajoute-t-il. Le président regrette notamment les choix stratégiques du Fonds monétaire international (FMI) qui ont fait « ralentir l’économie ». « La France a toujours su amortir les crises, c’est le rebond qui pose problème », assure-t-il.
Outre les décisions internationales et européennes sur lesquelles il est difficile d’agir, Stéphan de Butler incite l’État à assouplir les normes. Un levier qui pourrait permettre à l’Hexagone de retrouver une bonne dynamique économique. « Ce sont les pays les plus agiles qui vont tirer leur épingle du jeu. En Belgique par exemple, deux mois sont suffisants pour traiter une question administrative, là où il faut des années ici. Cet écart de compétitivité est un vrai problème », observe-t-il.
Des projets bloqués
Une règlementation qui impacte également la disponibilité du foncier, un enjeu majeur pour le Medef Somme. « Il faut protéger les agriculteurs, c’est certain. Mais localement, nous avons des terrains mais nous ne pouvons pas construire ! », s’agace-t-il avant d’évoquer l’exemple du Canal Seine Nord Europe. « Nous avons un axe majeur autour duquel seules quatre plates-formes sont prévues. Il n’y a pas assez de foncier disponible pour développer des activités, installer des industries, c’est quand même regrettable ! »
Prenant une fois encore l’exemple de la Belgique qui autorise l’implantation d’entreprises le long de l’axe fluvial, Stéphan de Butler fait part de sa crainte. À ses yeux, le Canal Seine Nord Europe pourrait n’être, en réalité, qu’un simple axe de transport et les retombées économiques promises pourraient s’échapper ailleurs.
« Nous craignons aussi beaucoup pour l’avenir du barreau Creil/ Roissy. Le Président Macron s’était engagé à ce que ce projet prévu de longue date voit enfin le jour. Il faut y aller, c’est urgent ! Nous en avons besoin ! », assure Stéphan de Butler. Le refus pour la seconde fois d’une subvention européenne – la faute à un dossier mal monté – repousse encore un peu plus les travaux d’une liaison qui devait entrer en service en 2025. « Les chefs d’entreprises se démènent mais ils n’y arriveront pas si les handicaps par rapports aux autres régions se multiplient ! Ils ont besoin de visibilité et de s’appuyer sur des projets sûrs », martèle-t-il.
Revoir l’offre de formation
Le président du Medef Somme alerte également sur le manque de compétences en local. « L’offre de formation, actuellement, est insuffisante pour former les jeunes du territoire. Nous avons besoin d’ingénieurs informatiques, de médecins, d’aides-soignants, d’infirmiers… Il est nécessaire de revoir les cursus et les modalités de formation pour être plus en adéquation avec la réalité des entreprises »,
préconise Stéphane de Butler. Lequel regarde avec une certaine circonspection les changements culturels en cours. « Notre société est traversée par des interrogations profondes, le rapport au travail en fait partie », reconnaît celui qui souhaite néanmoins terminer sur une note positive. « Nous possédons de réels atouts, de belles entreprises, des salariés motivés, du foncier…Nous devons faire valoir ces avantages pour nous en sortir », conclut-il.