Rennes: émotion et cours suspendus après les menaces d'une collégienne armée d'un couteau

Cours suspendus, élèves et enseignants entre choc et inquiétude: au collège des Hautes Ourmes à Rennes, l'émotion restait vive jeudi au lendemain des menaces proférées contre une professeure par une...

L'entrée du collège "Les hautes Ourmes" à Rennes, le 13 décembre 2023 © Damien MEYER
L'entrée du collège "Les hautes Ourmes" à Rennes, le 13 décembre 2023 © Damien MEYER

Cours suspendus, élèves et enseignants entre choc et inquiétude: au collège des Hautes Ourmes à Rennes, l'émotion restait vive jeudi au lendemain des menaces proférées contre une professeure par une élève de 12 ans armée d'un couteau.

Mercredi soir, l'adolescente, connue pour des troubles du comportement, a été hospitalisée dans un établissement spécialisé. Un examen psychiatrique a révélé qu'elle était "dangereuse pour elle-même", a indiqué le procureur de la République de Rennes Philippe Astruc.

Une information judiciaire pour tentative d'homicide volontaire sur personne chargée d'une mission de service public sera ouverte vendredi, a précisé jeudi le procureur à l'AFP.

Les cours ont été suspendus pour la journée de jeudi dans le collège situé dans un quartier populaire de Rennes, et une cellule psychologique a été mise en place.

"Ce qui s'est passé, c'est extrêmement choquant, ce n'est pas normal de ramener un gros couteau au collège", a réagi jeudi matin une élève qui se trouvait dans une classe voisine. Elle raconte avoir vu "la fille qui a pointé le couteau (...) juste devant nous", puis comment toute sa classe est restée barricadée dans la salle de cours, "jusqu'à ce qu'ils nous disent de sortir".

"Je ne comprends pas ce qui a pu se passer dans le suivi (de l'adolescente) en fait, parce qu'on lance des alertes continuellement sur le suivi des élèves, sur ce qui peut se passer à l'extérieur, sur leur prise en charge, et on a l'impression, moi, c'est mon impression, de ne pas voir les choses bouger", a confié à des journalistes Laureline du Plessis d'Argentré, professeure de français.

Depuis "huit ans" en réseau d'enseignement prioritaire (REP), l'enseignante, très émue, assure n'avoir "pas connu une année sans incident violent. Et c'est assez difficile à affronter au quotidien". 

"Cet événement fait écho à de nombreuses situations ingérables et inacceptables auxquelles sont confrontés de nombreux personnels quotidiennement dans les établissements scolaires", a renchéri jeudi dans un communiqué la Fédération nationale de l'éducation du syndicat FO.

Pour le SNES-FSU de Bretagne, "cette élève aurait dû être prise en charge par des professionnels dont le nombre et la disponibilité font malheureusement défaut".

Couteau de cuisine

Les faits s'étaient déroulés mercredi vers 9h30 alors qu'une enseignante d'anglais, expérimentée, projetait un film pédagogique à sa classe.

Constatant qu'une élève était "agitée", la professeure s'était assise à côté d'elle. Selon le procureur, l'adolescente lui a alors dit à voix basse: "Je suis folle aujourd'hui, j'ai envie de tuer quelqu'un aujourd'hui, j'ai envie de tuer les élèves qui ne m'aiment pas et la personne en face de moi. Ça s'est passé à Arras et je vais faire pareil", en référence à l'assassinat du professeur de français Dominique Bernard en octobre.

Elle a ensuite "sorti de son cartable un couteau imposant", du type couteau de cuisine, doté d'une lame de 17 cm, a précisé M. Astruc.

Des écrits retrouvés par les enquêteurs dans des carnets de la jeune fille laissent penser qu'elle avait bien l'intention de passer à l'acte, selon une source proche du dossier confirmant une information de BFMTV.

Suite aux menaces, l'enseignante avait aussitôt fait évacuer la salle et était sortie dans le couloir avant d'être mise à l'abri dans une classe voisine.

L'élève au couteau avait rapidement été maîtrisée sans dommages par un Conseiller principal d'éducation (CPE) et un médiateur attirés par les cris.

La collégienne, née à Marseille, est l'aînée d'une famille d'origine mongole composée de quatre enfants, en situation régulière, arrivée à Rennes en 2012 et inconnue de la police. 

M. Astruc a précisé que la famille était athée et qu'il n'y avait pas "d'élément de radicalisation".

En revanche, cette élève avait été exclue en juin d'un autre collège de Rennes pour menaces et insultes sur un professeur et avait déjà apporté un couteau dans l'établissement sans en faire usage, selon le procureur.

L'élève s'était vu confisquer son téléphone portable la semaine dernière par l'enseignante d'anglais. 

L'incident survient dans un contexte tendu dans les établissements scolaires, deux mois après l'assassinat du professeur de français poignardé à mort à Arras (Pas-de-Calais), et trois ans après l'assassinat du professeur d'histoire Samuel Paty à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines). 

Samuel Paty avait été poignardé puis décapité près de son collège après avoir montré à ses élèves des caricatures de Mahomet lors de cours sur la liberté d'expression.

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