Rendre au livre sa placedans la société

 

Augustin Petit a connu durant son parcours professionnel différents métiers et étapes mais tous avaient un point commun : le livre. Autodidacte, il a exercé la profession d’ouvrier manutentionnaire, puis oeuvré dans le domaine de l’éducation populaire, avant de devenir responsable de structure pour l’enfance. A 32 ans, il a repris des études pour devenir professeur de lettres. Tout naturellement, ce parcours atypique, mais non dénué d’une logique et d’un fil conducteur, l’a amené à embrasser la profession de libraire et plus précisément de libraire indépendant. La nuance a son importance dans la bouche de cet homme de conviction, qui confie : “Les enseignes de ce type se raréfient malheureusement. Je souhaite que le livre retrouve toute sa place dans notre société. Il doit être accessible et s’inscrire, si possible, dans une démarche partenariale au sein de la cité. Dans les rayonnages, on peut proposer des bestsellers, tout comme favoriser la découverte des petites maisons d’édition, le travail de petits auteurs, illustrateurs…”
Il y a trois ans, Augustin Petit ouvrait à Avion sa première librairie. L’an dernier, il avait apporté son savoir et sa compétence à Artois comm. dans le cadre de Béthune 2011, Capitale régionale de la culture. “Nous avons concrétisé de nombreuses rencontres autour du livre, avec différents publics et dans plusieurs communes”, souligne l’intéressé. Le travail effectué par Résonances a reçu un certain écho et les décideurs locaux ont demandé à Augustin Petit de réfléchir à la création d’une librairie indépendante à Bruay-la-Buissière. Il y a quelques années, l’expérience Majuscule avait tourné court et il n’existait plus dans cette commune d’enseigne spécialisée dans la vente de livres.

Deuxième création. Pour Augustin Petit, cette opportunité représentait un moyen de consolider ce qu’il avait entrepris depuis quelque temps sur Avion et elle contribuait à renforcer la crédibilité et l’image de marque de Résonances aux yeux des collectivités territoriales, des établissements scolaires et entreprises. Ainsi, en investissant sur un second emplacement, de nouveaux marchés et débouchés s’offraient à Résonances, qui emploie désormais cinq personnes dans ses deux boutiques.
Le projet sur les rails, il restait à trouver un local. “Les choses se sont enchaînées assez rapidement. Culturellement, le site d’implantation est idéal : il est positionné sur l’Agora des droits de l’enfant, à deux pas du cinéma associatif, de la médiathèque et du magasin de musique. De plus, il existe une volonté de redynamisation du centre-ville dans laquelle nous voulons nous inscrire pleinement.”

Le livre, vecteur de lien. Résonances a accueilli ses premiers clients le 21 février dernier. En décembre 2011, une ouverture temporaire de 15 jours avait servi à tester l’activité. Les espoirs et l’engouement suscités lors de ces deux semaines se sont vérifiés depuis le lancement officiel. La petite boutique est venue sans conteste combler un manque, une attente et le premier pari gagné a été d’attirer un public éclectique. “Nous voyons passer de gens de tous les âges, de toutes origines sociales. De même, nous rencontrons des personnes qui ne sont par forcément de grands lecteurs mais qui veulent faciliter l’accès aux ouvrages à leurs enfants. Il s’agit d’un élément encourageant car elles ont conscience de l’importance que revêt le livre dans l’épanouissement personnel”, précise Augustin Petit.
Ce dernier ne manque pas d’idée pour démocratiser le concept de librairie indépendante qu’il qualifie de structure au fonctionnement ancien à partir d’outils modernes. Tout d’abord, il a mis en place des moments d’échanges avec le public autour d’une oeuvre, du travail d’une maison d’édition ou d’un auteur. “Ces rendez-vous s’adressent à tous. Chacun peut et doit participer, donner un avis, sa vision des choses…”
De même, Résonances a choisi de répondre présent à tous les temps forts de la vie locale. “C’est la vocation même de mon entreprise, qui se veut citoyenne. Je veux montrer qu’on peut associer à chaque événement toute une série d’ouvrages et tout le monde peut trouver un livre qui lui correspond. Les entrées vers la lecture se déclinent à l’infini”, indique Augustin Petit.
En ce mois d’avril, il souhaite partir en croisade pour assurer la promotion des librairies indépendantes, dans un contexte économique compliqué (hausse de la TVA, explosion du e-book) et pour ce faire, il va inaugurer une initiative pour le moins originale : “Je veux créer des librairies éphémères. Cela signifie proposer aux villes et villages qui voudront m’accueillir pour ouvrir une librairie pour quelques jours afin de montrer l’utilité que revêt un équipement de ce type.” Par ces interventions, Augustin Petit souhaite également expliquer aux gens le concept de librairie indépendante, aborder la question du prix unique du livre et, surtout, il compte bien insister sur l’importance du lien qui unit l’homme au livre.