Sylvain Robert, maire de Lens : «Nous avons la chance d'avoir des pôles d'excellence»

La Gazette Nord-Pas-de-Calais est allée à la rencontre de Sylvain Robert, maire de Lens et président de l'agglomération, pour aborder des sujets clés pour l’avenir de la ville : l'amélioration de la qualité de vie des habitants, le renforcement des engagements en matière de développement durable, le développement économique, la modernisation des infrastructures et la promotion de la participation citoyenne.

Sylvain Robert, maire de Lens. © Barbara Grossmann
Sylvain Robert, maire de Lens. © Barbara Grossmann

Quels sont les projets prioritaires que vous avez mis en place pour améliorer la qualité de vie des habitants ?

SR. La première attente concerne le logement. Un sujet sur lequel la ville n’a pas l’ensemble des arguments dans sa manche puisque sur le bassin minier, l’habitat social est fortement représenté. Même si à Lens l’habitat privé se développe – et c’est aussi un enjeu de pouvoir proposer cette offre complémentaire –, il nous faut changer notre approche sur l’habitat en attirant des investisseurs pour avoir des biens qui correspondent à l’évolution des demandes. Mais la chance que nous avons sur notre parc social, c’est de proposer des habitations individuelles là ou majoritairement il se résume à du collectif. Avec derrière, toutefois, d’importantes questions de précarité énergétique. Sur Lens, un chantier ANRU (Agence nationale pour la rénovation urbaine, ndlr) sur du collectif a été achevé, ainsi que le projet de réhabilitation de la Cité 12-14, qui est le seul projet ANRU sur de l’habitat individuel de France et qui a été décliné à plus grande échelle avec l’ERBM (organisme d'Engagement pour le renouveau du bassin minier, ndlr). 

De cette notion de l’habitat découle l’ensemble des politiques que nous déclinons sur les espaces publics, que ce soit pour les écoles ou pour le tissu associatif. La question de l’habitat fait l’objet de réfections lourdes dans la ville pour passer de bâtiments de F ou G à C et cela joue aussi sur le pouvoir d’achat et une attente forte des habitants, l’idée étant de redonner une maîtrise des dépenses de chauffage, qui peuvent aujourd’hui être exponentielles sur le logement minier. 

Et derrière ce sujet majeur de l’habitat, il y a toute la question de l’attractivité de la ville avec la construction du nouvel hôpital (voir encadré), la rénovation des écoles et des équipements publics, avec les vitrines de la ville que sont le stade Bollaert-Delelis et le Louvre-Lens, autrement dit comment la ville contribue à l’attractivité et au développement du territoire.

Comment gérez-vous les défis liés à l’environnement et au développement durable dans votre ville ?

Dans notre mandat, il y a à la fois le schéma des Vignes qui concerne la structuration à l’échelle de l’agglomération et qui nous a permis d’identifier les points forts comme la reconquête des friches minières pour réaliser la chaine des parcs, et donner une autre image de la ville. Et dans le même temps, regarder dans une ville très minérale comme Lens comment replanter des arbres pour améliorer la qualité de l’environnement comme la qualité de l’air. Nous avons planté une forêt urbaine en début de mandat dans une ancienne friche, en entrée de ville, réaménagé le parc Chochoy autour de la piscine qui fait le lien entre le centre-ville et le stade Bollaert-Delelis, replanté des cordons boisés... On essaie de repenser la place de l’arbre dans l’aménagement de la ville. Nous changeons notre approche des projets par rapport à ces nouveaux aspects.

En parallèle, nous avons engagé le bio dans les cantines avec la loi EGALIM et d’autres actions liées au développement durable. Et cela contribue également à l’attractivité de la ville.

Quelles actions sont entreprises pour encourager le développement économique et attirer de nouveaux investissements ?

Nous avons développé un centre tertiaire sur le quartier de la gare, à l’échelle de Lens, pour répondre à un besoin exprimé d’avoir cette offre sur notre territoire. Le dernier bâtiment sera livré prochainement en coeur de ville. Et les mobilités ont également leur importance sur le développement économique comme sur le développement durable, comment on travaille les mobilités à l’échelle de la ville et de l’agglomération en s’appuyant sur la gare notamment. Nous avons la chance d’avoir des dessertes régulières sur l’agglo et vers la MEL avec demain, on l'espère, le projet de RER Métropolitain.

Concernant l’attractivité économique, nous avons la chance d’avoir des pôles d’excellence, sur les écomatériaux à Loos-en-Gohelle, sur le sport, la santé et le bien-être à Liévin, sur le volet culturel à Lens, et des laboratoires de recherche sur l’intelligence artificielle par exemple au sein de l’université d’Artois, qui sont parmi les meilleurs en France voire au-delà. Et de nombreux pôles universitaires qui contribuent à séduire les investisseurs à Lens comme sur l’ensemble de l’agglomération, à l’image de Nexans, qui investit 90 millions d'euros dans son usine lensoise.

L’objectif est également d’apporter des solutions aux nouvelles activités qui se développent et de répondre à une demande jusqu’alors insatisfaite. Certaines entreprises veulent aussi se déconnecter de la métropole lilloise car elles trouvent chez nous un compromis entre leurs besoins de délocaliser certaines activités, notamment pour accueillir davantage de monde, et la proximité à la fois de Lille et Paris. Une entreprise d’informatique d’Hénin-Beaumont s’est par exemple installée à Lens pour recruter plus facilement des profils d’ingénieurs.

Comment la mairie prévoit-elle d’améliorer les infrastructures (transports, écoles, santé, etc.) ?

La construction du nouvel hôpital est une belle concrétisation, le fruit d’un travail de longue haleine avec Thierry Daubresse, président du conseil de surveillance du Centre hospitalier de Lens, qui n’a pas non plus ménagé ses efforts. Notre territoire est l’un des plus défavorisés de France sur la question de la santé. Il n’est donc pas superflu d’avoir un hôpital qui nous permette de passer quelques étapes dans l’accompagnement et l’accès à la santé. Nous essayons également de mettre en place les étapes de sensibilisation, des actions de prévention qui ne se font pas naturellement sur notre territoire, et il y a toute une relation à mettre en place entre la ville et l’hôpital, notamment à l’école.

Concernant les transports, l’objectif est aujourd’hui d’avoir un maillage plus fin du territoire, notamment sur les communes rurales du sud de l’agglomération, et de préparer dès aujourd’hui le futur réseau de transport RER Métropolitain. La gratuité est un outil dans ce schéma sur les transports, comme le déploiement d’un réseau de pistes cyclables et la création d’aires de covoiturage par le département. Quand nous aurons la liaison cadencée vers Lille, nous bénéficierons à la fois d’un réseau de transport permettant d’aller vers la métropole et d’un réseau maillant le territoire de l’agglomération de Lens-Liévin.

Comment encouragez-vous la participation citoyenne et prenez-vous en compte les attentes de vos administrés ?

Nous avons mis en place des conseils de quartier, la difficulté étant de définir comment les faire vivre, leur rôle et leur implication. En début de mandat, nous avions également mis en place des assises citoyennes sur la base d’une participation volontaire des habitants pour être à l’écoute des initiatives. Nous avons eu une réunion il y a quelques jours, par exemple, pour discuter de l’installation d’une centrale solaire sur le toit d’un bâtiment municipal dans le cadre d’une société coopérative. Nous avons également des réunions plus traditionnelles, des réunions publiques chaque mois dans un quartier différent, des rencontres de rue… Nous essayons de regarder à différentes échelles pour écouter un maximum de monde même si nous devons apporter des réponses collectives aux attentes individuelles. C’est tout l’enjeu pour une ville : comment faire adhérer ses habitants à un projet collectif. 

L'Hôpital Métropolitain de l’Artois sur les rails

Les travaux du nouvel Hôpital Métropolitain de l’Artois ont démarré en novembre 2022 et l’achèvement du gros oeuvre est prévu pour le printemps prochain. Il comportera 611 lits et places sur plus de 85 000 m² de surface et proposera toutes les spécialités déjà présentes au Centre Hospitalier de Lens, la pneumologie en sus. Le nouvel établissement, dont la livraison est prévue pour mars 2027, succèdera au Centre Hospitalier de Lens, présent au cœur de la ville depuis 1934.