Région, clap de fin
« La dernière séance administrative d’une région administrative ». C’est ainsi qu’a qualifié sans amertume Claude Gewerc l’ultime session de la commission permanente. L’occasion pour le dernier président de la région Picardie de revenir sur les actions accomplies, et de livrer son sentiment quant à l’élaboration de la future grande région.
Je ne me doutais pas en prenant mes fonctions il y a douze ans que je serais le dernier président de la Picardie, et ce n’est pas une bonne surprise », avoue Claude Gewerc entré en politique en 1983 comme premier adjoint du maire de Clermont André Vantomme. Mais de regrets point, Claude Gewerc se dit homme optimiste : « Personne ne peut mettre fin à cette région historique, même si nous assistons à la fin d’une histoire. » Évoquant sa mission, il a le sentiment du devoir accompli, même si toutes les actions entreprises n’ont pas été achevées. Le président et son équipe ont entériné la suite de la DM2, avec le vote des Autorisations d’engagement (AE) – 160 millions d’euros lors de la dernière commission permanente du 13 novembre –, à charge aux nouvelles instances dirigeantes de la suivre, de voter de nouvelles mesures. « Nous avons voulu créer les conditions nécessaires pour que nos successeurs n’aient pas de prétextes à ne pas agir sur le plan administratif », sourit Claude Gewerc.
Bilan positif
Le président du conseil régional est revenu sur les priorités qu’il s’était fixées depuis 2004 : la hausse du niveau de formation, la Recherche & le Développement, le retour de l’industrie et la mise en place de l’agriculture du XXIe siècle. Et si la Picardie, dans le peloton de queue pour plusieurs secteurs , n’est pas première, « nous n’avons pas à rougir de nos résultats, estime le président. Il faut se rappeler d’où on partait, et où on est arrivés. La Picardie est aujourd’hui la région qui aide le plus ses étudiants, qui sont pour moitié boursiers, on leur a facilité la vie, et amélioré les bâtiments universitaires. Et quand à Bruxelles on évoque la chimie du végétal, on pense immédiatement Picardie, et pas pôle IAR ». Certes le bilan est parfois en demi-teinte : Claude Gewerc reconnaît que le problème du chômage est toujours d’actualité, il faut selon lui continuer à former. Et de s’attacher à « la montée en puissance » de la région, qui a notamment vu naître IndustrieLab, la ferme du futur, et plus récemment l’agromachinisme de pointe. « Ce sont des secteurs qui ont été montés avec une cohérence globale et une vue d’ensemble, la Picardie a opté pour la création de pôles d’excellence, rappelle-t-il. Nous avons fait bouger les lignes en mutualisant les outils, mais il m’aurait fallu deux autres mandats pour achever tous les projets amorcés. »
La fusion, sujet d’inquiétudes
Concernant la fusion des régions, Claude Gewerc se veut plus circonspect : « À mon sens, il ne fallait pas commencer par la fusion, mais travailler sur le rapprochement et in fine s’attaquer à la fusion, les situations et histoires du Nord-Pas-de-Calais et de la Picardie sont différentes, il fallait prendre son temps… Et dans cette campagne pour la grande région (ndlr, la conférence s’est déroulée avant les attentats de Paris et la suspension de la campagne régionale), la Picardie a quasiment disparu de la bouche des candidats, certaines déclarations me font peur », avoue le président qui s’inquiète de l’avenir de la Picardie, la jugeant « non reconnue et méprisée, mais ses 6 millions d’habitants ont le droit et le devoir d’exister, il est essentiel de savoir vers quel modèle de développement on s’achemine ». Des évolutions que le président observera désormais de plus loin, lui qui se retire sans regrets de la vie politique, avec une maxime qui sonne comme une boutade – ou pas – « Tout ça pour ça. Mais quand on prend le pouvoir il faut faire ce qu’on dit, et j’ai un sentiment positif sur l’ensemble de notre action », glisse l’ancien étudiant en philosophie.
À propos de…
Le TER : « La SNCF est une très belle boutique mais il faut y remettre un peu d’ordre, avec une gouvernance étatique sur l’ensemble du ferré du pays, où les investissements sont très lourds, les régions ne devraient pas avoir à les supporter. Pourquoi avec autant de moyens injectés, le transport ferroviaire s’est autant dégradé ? Le TER, c’est l’échec de la SNCF. Pas le mien. La Picardie est la région après l’Îlede-France, qui met le plus de moyens dans les TER. » Le barreau Roissy-Creil : « Il faut mettre en place des plates-formes de retournement, la Picardie serait alors rattachée au grand trafic européen, ça change la donne. 300 millions d’euros pour un tel projet, ce n’est pas cher. »