Référendum au Venezuela pour renforcer les prétentions du pays sur l'Essequibo, une région du Guyana
"L'Essequibo est à nous", proclame le slogan officiel placardé partout dans les rues: les Vénézuéliens votent dimanche pour un référendum consultatif sur ce territoire riche en...
"L'Essequibo est à nous", proclame le slogan officiel placardé partout dans les rues: les Vénézuéliens votent dimanche pour un référendum consultatif sur ce territoire riche en pétrole, que Caracas réclame au Guyana.
En fin d'après-midi, le Conseil national électoral a décalé de 18H00 à 20H00 (00H00 GMT) l'heure de fermeture des bureaux, officiellement pour permettre à tous de voter. Les résultats sont attendus en soirée.
Quelque 21 des 30 millions de Vénézuéliens sont appelés aux urnes lors de ce scrutin qui suscite des inquiétudes à Georgetown, la capitale du Guyana, et sur la scène internationale.
De nombreux bureaux de vote n'ont pas attiré les foules, ont constaté des journalistes de l'AFP à Caracas, Ciudad Guayana, capitale de la region vénézulienne limitrophe de l'Essequibo, ou San Cristobal (sud-ouest).
"Nous avons environ 30% de participation" a affirmé sous couvert de l'anonymat, dans l'après-midi, le président d'un bureau de vote d'un bastion chaviste de la périphérie de Caracas.
Aucun chiffre officiel n'a été communiqué dans l'immédiat.
"Aujourd'hui, nous votons en tant que Venezuela pour une seule couleur, un seul sentiment", a déclaré le président Nicolas Maduro après avoir voté.
Le référendum --qui n'est pas un scrutin d'autodétermination, l'Essequibo étant sous administration du Guyana-- n'aura pas de conséquences concrètes à court terme. Caracas cherche, avec le plébiscite attendu, à renforcer ses prétentions.
Commentant la possible faible participation, Alejandro Fleming, économiste et ancien vice-ministre des Affaires étrangères sous M. Maduro et son prédécesseur Hugo Chavez, estime que l'absence "de consensus sur l'opportunité du réferendum" a joué en défaveur de la mobilisation.
L'opposition, qui dans son ensemble revendique l'Essequibo, s'est montrée réservée, tiraillée entre ses convictions et sa volonté de ne pas soutenir le pouvoir avant la présidentielle de 2024. Pour la principale opposante Maria Corina Machado, le référendum était une "distraction" dans le contexte de crise et une "erreur qui ne défend pas notre territoire".
"Un faible taux de participation pourrait être utilisé par le Guyana pour affirmer qu'il ne s'agit pas d'une question nationale, mais cela n'affecte en rien la revendication vénézuélienne", souligne M. Fleming.
Rien à craindre
"Le gouvernement aura le soutien du peuple pour réclamer" le territoire, estime Carmen Palacios, fonctionnaire, qui a voté dans un quartier populaire de Caracas.
Les autorités ont souligné qu'elles ne cherchaient pas un motif pour envahir la zone, comme le craint le Guyana où des milliers de personnes, beaucoup portant des t-shirts "L'Essequibo appartient au Guyana", ont formé des chaînes humaines pour montrer leur attachement au territoire.
"Il n'y a rien à craindre dans les heures, les jours et les mois à venir", a affirmé le président guyanien Irfaan Ali dimanche. "Notre première ligne de défense est la diplomatie et nous sommes dans une position très, très forte", a-t-il ajouté assurant que le pays avait un vaste soutien international.
"Le référendum est probablement important pour eux, pour le Venezuela. Pas pour nous", estime dans l'Essequibo, l'entrepreneur Dilip Singh.
Après des appels d'offres pétroliers guyaniens et une nouvelle découverte d'or noir en octobre, la tension est montée ces derniers mois.
Bon sens
Le Venezuela revendique depuis des décennies ce territoire (parfois appelé Guayana Esequiba) de 160.000 km2 représentant plus des deux tiers du Guyana et où vivent 125.000 personnes, soit un cinquième de sa population.
Caracas soutient que le fleuve Essequibo devrait être la frontière naturelle, comme en 1777 à l'époque de l'empire espagnol.
Le Guyana, qui dispose de réserves de pétrole per capita parmi les plus grandes du monde, estime que la frontière date de l'époque coloniale anglaise et que celle-ci a été entérinée en 1899 par une Cour d'arbitrage. Le pays a saisi la Cour internationale de justice (CIJ), plus haute instance judiciaire de l'ONU, pour la faire valider.
Georgetown a saisi en vain la CIJ pour tenter de faire stopper le référendum.
Depuis la COP28 à Dubaï, Luiz Inacio Lula da Silva, le président du Brésil, voisin des deux pays, a "espéré que le bon sens va prévaloir".
Le référendum "aboutira probablement au résultat souhaité par Maduro", "mais s'il y a une chose dont le monde n'a pas besoin, dont l'Amérique du Sud n'a pas besoin, c'est de troubles", a-t-il ajouté.
Le référendum, en cinq questions, demande notamment aux Vénézuéliens s'ils sont d'accord pour ne pas reconnaître la compétence de la CIJ et pour intégrer le territoire au Venezuela.
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