Entretien
Franck Mansuy, sophrologue : «redonner du sens au travail s’avère primordial, la crise le montre tous les jours»
De son expérience personnelle, Franck Mansuy a construit une introspection personnelle et sa reconversion professionnelle. Il accompagne le personnel des entreprises, des collectivités territoriales, des administrations. Au fil des années, il s’est forgé une intime conviction : la bienveillance, l’empathie, le sentiment d’appartenance doivent être davantage présents au sein de l’entreprise. Pour lui, la crise rebat nombre de cartes dans le milieu du travail.
Quel est votre cheminement professionnel ?
Je suis sophrologue depuis cinq ans et assistant de prévention à l’Université de Lorraine depuis 17 ans. Voilà 6 ans, j’ai subi un harcèlement moral au travail, cela m’a conduit à un burn out. J’ai trouvé une personne ressource qui m’a aidé avant qu’il ne soit trop tard. Tout le monde n’a pas cette chance. J’ai passé un bilan de compétences, travaillé avec un psychologue, avant d’entamer ma nouvelle route, en étant formé pour. La sophrologie agit sur le corps et le mental.
À quel public vous adressez-vous ?
Aux salariés des entreprises, à leurs dirigeants, leurs cadres, leurs managers. Aux agents des collectivités territoriales et des administrations. Mais aussi aux clubs et réseaux entrepreneuriaux. J’interviens en milieu professionnel. La qualité de vie au travail est un défi de tous les jours. La prévention des risques psychosociaux l’est tout autant. La crise est un révélateur. Une récente convention a été récemment signée quant aux risques psychosociaux liés au télétravail entre l’État, les représentants patronaux et syndicaux et les services de santé au travail. Il faut savoir qu’un collaborateur heureux est 30% plus productif qu’un salarié désengagé.
Concrètement, comment intervenez-vous ?
J’ai créé des ateliers thématiques, des formations, des outils numériques qui donnent la possibilité aux entreprises de mettre en place des actions de prévention des risques psychosociaux, des troubles musculosquelettiques et d’amélioration de la qualité de vie au travail. Cela inclut la gestion du stress, des émotions, le lâcher prise, la relaxation. Pour prévenir le burn out, l’insomnie, l’anxiété. J’aime le répéter : j’interviens avant que les voyants ne s’allument. Ces derniers mois, dans le contexte sanitaire, j’ai adapté mes programmes en distanciel afin de faciliter le contact et les échanges pour les collaborateurs en télétravail ou sur différents sites géographiques. J’ai développé une plateforme web sur laquelle on peut accéder à du contenu vidéo et audio en illimité, 24h/24 et 7j/7. L’application va être effective. Je travaille avec les coachs, nutritionnistes, masseurs/masseuses, coachs sportifs.
Comment analysez-vous la crise qui nous accapare depuis plus d’un an ?
Chez nombre de personnes, elle provoque d’importants dégâts psychologiques. J’observe une lassitude du télétravail et une peur de retrouver son poste de travail, après souvent de longues semaines, voire des mois, en distanciel. Il y a la crainte d’être contaminé par le virus, de revenir dans un cadre et une incapacité à se projeter.
Quel est la raison d’être de Happiness-FM ?
Il ne faut pas croire que le monde du travail de l’avant Covid sera celui de l’après Covid. Les mutations vont être importantes, dans les attitudes et les mentalités. Beaucoup de collaborateurs d’entreprise ont pris conscience d’un élément majeur : il faut redonner un sens au travail, accroître le sentiment d’appartenance. Les mots bienveillance, empathie doivent avoir plus de place. Dire «je t’aime» à un collègue, cela peut paraître étrange. Mais pourquoi ? Happiness-FM s’inscrit dans cette philosophie de lien social : une qualité de vie au travail ou au télétravail, pour un travail de qualité. Nous avons une machine remarquable nous permettant de vivre et de travailler mais nous n’en prenons pas soin : notre corps dirigé par notre cerveau.