Accompagnement

Rebond pour les entrepreneurs d'Initiative France

En 2021, les entrepreneurs accompagnés par le réseau Initiative France ont rebondi. Leurs motivations ? Le défi, et aussi, trouver du sens à leur activité...

« Nous avons plus qu'effacé le trou de l'année 2020 », estime Guillaume Pepy, le président d'Initiative France.
« Nous avons plus qu'effacé le trou de l'année 2020 », estime Guillaume Pepy, le président d'Initiative France.

2021 ? L'année du « rebond ». Fin 29 mars, lors d'une conférence de presse à Paris, Guillaume Pepy, président d'Initiative France, présentait les chiffres de l'activité du réseau de financement et d'accompagnement d'entrepreneurs. 

En 2021, « nous avons plus qu'effacé le trou de l'année 2020 », estime Guillaume Pepy. L'an dernier, 29 261 entrepreneurs ont bénéficié d'un financement et d'un accompagnement du réseau. Et en particulier, la dynamique de création d'entreprises a repris à un niveau supérieur à celui de 2019 (+13%, avec 12 288 créations). 

Du point de vue financier, cette activité correspond à 2 milliards d'euros d'investissements, d'après les évaluations d'Initiative France. En effet, les prêts d'honneur de cette dernière (177,7 millions d'euros), ajoutés à ceux de Bpifrance ( 62 millions) ont déclenché 1,793 milliard d'euros de prêts bancaires. « Il existe un effet levier, de dix euros pour un.(...). Ce miracle tient au fait que les réseaux bancaires jouent le jeu », explique Guillaume Pepy. Concrètement, un projet adoubé par le comité d'agrément de l'association vaudra au moins examen par le chargé d'affaires de la banque…

Au niveau des types de projets développés en 2021, les plus nombreux restent les 6 083 commerces (+35%). Mais les hôtels, restaurants et cafés sont la catégorie qui a connu la plus forte croissance (+52%), pour atteindre 2 970 projets. 

Loin derrière, suivent les 2 207 projets de services aux entreprises (+5%) et les 1 959 dans la construction (+9%). Parmi les exemples de professions choisies, figurent 396 boulangeries-pâtisseries, 394 salons de coiffure, 344 exploitations agricoles et aussi... dix tailleurs de pierre. À conforter ces tendances positives, en 2021, Initiative France constate une nette baisse des soutiens apportés dans le cadre des dispositifs dédiés liés à la crise. Ils ont concerné 5 758 entreprises en 2021, contre 15 953 en 2020. 

« Nous sommes dans une sortie de crise », commente Guillaume Pepy. Cette dernière semble avoir eu des effets limités sur les entreprises accompagnées par Initiative France. Parmi celles de 2018, 90% sont encore aujourd'hui en activité. Le principe de l'efficacité de l'accompagnement se confirme aussi dans la crise.

Au niveau des types de projets développés en 2021, les plus nombreux restent les commerces (+35%). (c)AdobeStock

Donner du sens

Par le biais d'un sondage, Initiative France a dressé le profil des entrepreneurs qu'elle accompagne. Il s'agit d'une population qui se lance dans des projets structurés (avec notamment 2,3 emplois au démarrage). Première caractéristique, « les trois quarts des entrepreneurs que nous aidons en sont à leur première création d'entreprise. Il ne s'agit pas de serials entrepreneurs », note Guillaume Pepy. 

À la base de leurs projets, « l'indépendance, le challenge, déployer une activité qui ait du sens sont les raisons principales pour lesquelles aujourd'hui les gens se jettent à l' eau », résume-t-il. A contrario, le fait de ne pas disposer d'un emploi, de ne pas trouver d'autre possibilité pour exercer sa profession ou d'avoir eu une idée novatrice constituent des motivations de peu de poids. 

Et « le fait de créer sa boîte est aussi l'occasion de changer de métier », constate Guillaume Pepy. C'est le cas du tiers des sondés. Quant aux objectifs de ces entrepreneurs, « ils ont tous l'intention de créer des emplois », souligne-t-il. Par ailleurs, « 70% des entrepreneurs ont comme motivation le fait de travailler leur impact sur l'environnement (…). Il s'agit pour eux d'une préoccupation majeure », ajoute le président d'Initiative France.

Plusieurs entrepreneurs, invités à témoigner, incarnaient ces différentes tendances mises en lumière par l'étude. À commencer par les motivations principales qui incitent à la création d'entreprise. Par exemple, la question du sens apparaît centrale pour Francky et Marie-Aude Cagniart, qui ont ouvert un restaurant d’inclusion à Béthune, Le Petit Plus. 

« Notre objectif consiste à embaucher des jeunes qui ont des troubles cognitifs, et à sensibiliser les autres entreprises et le maire de la commune, pour qu'après, ces petits jeunes aillent s'intégrer dans le monde économique local. Ils sont un peu plus lents, mais très minutieux. Il existe des postes qui peuvent être aménagés pour eux », explique Marie-Aude Cagniart. Avec son mari, elle vient d'ouvrir l'établissement qui emploie déjà trois salariés.

Cette même préoccupation de donner du sens à son activité habite aussi Quentin Giraud, autre entrepreneur à témoigner. Son passé de freelance dans la création de sites Internet pour les commerçants lui a donné le loisir d'observer les « escrocs du Web » qui pratiquent des tarifs prohibitifs... 

En 2021, il a créé Ugo, sis dans une zone de revitalisation rurale de la Loire. La société propose aux petits commerçants une solution facile, rapide et bon marché pour créer leur site Internet et le gérer (ainsi que les réseaux sociaux). Quentin Giraud a fait le choix de créer une entreprise à mission. 

« Nous en avons deux. La première consiste à nous installer toujours en milieu rural, à soutenir l'économie locale via des partenariats avec les élus, ou des activités comme la mise à disposition d'ordinateurs dans la mairie, pour permettre un partage (...). La deuxième, réside dans le fait de créer un Internet un peu plus vert », précise le chef d'entreprise. Ses sites Internet sont conçus pour générer moitié moins de COque ceux des grands éditeurs.

Dernier exemple, enfin, celui de Graziella Laurenty, 34 ans, créatrice du Magasin Général du Vélo, à Aubervilliers. Il y a six mois, elle a ouvert ce magasin de vente et réparation, le premier de la ville ! « Nous étions très attendus. Beaucoup de gens qui ont des vélos devaient aller très loin pour le faire réparer. 95% de nos clients viennent de moins de deux kilomètres du magasin. Cela va du livreur Deliveroo, parfois sans papier, aux personnes qui ont leur enfant à la crèche Montessori au coin de la rue », commente la jeune femme. Cette « passionnée de vélo depuis toujours » se réjouit de pouvoir exercer son activité. Son ambition ? « Ouvrir un magasin de vélo qui dure 100 ans... »

Bénévoles bienvenus...

Chefs d'entreprises, experts en marketing, en gestion, en management, experts comptables, banquiers... Le réseau Initiative France recherche des bénévoles, pour des missions qui peuvent consister à participer au comité d'agrément, à devenir parrain ou donner quelques heures de son temps. Aujourd'hui, le réseau compte 23 000 bénévoles.