Racing Club de Lens : le CréditAgricole Nord de France s’interroge
“Partenaire de tous les footballs”, le Crédit agricole Nord de France est non seulement sponsor des quatre clubs de football du Nord-Pas-de-Calais présents en Ligue 1 et Ligue 2 (Boulogne, Lens, Lille, Valenciennes), mais accompagne aussi au quotidien de nombreux clubs amateurs. Suite à la relégation du Racing Club de Lens en Ligue 2, le Crédit agricole Nord de France s’était mobilisé aux côtés du club et de Gervais Martel, son président, en participant à une augmentation de capital qui en a fait l’actionnaire majoritaire. Depuis, la banque s’est attachée au redressement de la situation financière du RC Lens. Le Crédit agricole a souhaité s’exprimer sur la situation du club ainsi que sur ses projets.
Le contexte. La banque est partenaire de longue date du Racing Club de Lens (RCL). Le club fait partie des nombreuses PME clientes qu’elle accompagne dans les bons comme dans les mauvais moments. Il convient de rappeler que le RCL est une entreprise qui anime tout le bassin socio-économique de Lens. Lors d’une réorganisation du capital en 2005, la banque a structuré son soutien financier en devenant actionnaire minofootball ritaire avec ses structures d’investissement Vauban partenaires et Participex. A nouveau en 2009, pour l’aider à assurer la phase difficile de la descente en Ligue 2 qui avait fortement amputé son budget à cause des droits audiovisuels, la banque avait souscrit un emprunt obligataire convertible émis par le club.
Un pacte d’actionnaires. Après la remontée en Ligue 1, puis une nouvelle descente en Ligue 2, la banque est devenue en mai 2011, après une augmentation de capital de 8 M€, l’actionnaire de référence (60%). Comme l’explique la direction de la banque, “un pacte d’actionnaires a permis de définir une gouvernance concertée et équilibrée”. Gervais Martel, président du directoire, a en charge le domaine sportif avec la vente et l’achat de joueurs, la communication sportive et les relations avec les instances dirigeantes du football. Jusqu’au 30 juin, Gervais Martel bénéficie de la possibilité de racheter les actions du Crédit agricole au prix d’acquisition. Après un audit complet réalisé par Ernst&Young et un arrêté des comptes au 30 juin 2011, le redressement du club est en cours avec l’arrivée d’un directeur général, Gérard Lévêque, une budgétisation par poste avec une maîtrise des charges, un allégement des effectifs et une masse salariale joueurs gérée au sein d’un budget, le recrutement d’un nouveau directeur financier, etc.
La situation à ce jour. A fin juin 2011, le résultat net était de 3,3 M€, proche de l’équilibre grâce à un mercato réussi, avec notamment la vente de Raphaël Varane au Real Madrid pour 10 M€ et à la réduction du niveau d’amortissement de joueurs vieillissants. Néanmoins, le club reste structurellement dimensionné pour évoluer en Ligue 1. Les sponsors et le public sont restés fidèles (avec une moyenne de 23 000 spectateurs par match), mais avec des tarifs en diminution et un prix de billetterie adapté. Malheureusement, un certain nombre de charges sont incompressibles, comme par exemple la logistique d’accueil des matchs. Le déficit d’exploitation est estimé à ce jour à 15 M€ en fin de cette saison.
La rénovation du stade Bollaert pour l’Euro 2016. La direction travaille pour réduire le déficit et table une nouvelle fois sur un nouveau mercato favorable, ce qui fait dire à Gervais Martel : “J’ai fait le fakir cet été en vendant des joueurs, j’essaierai de le faire à nouveau mais, après, ce sera de l’ordre du miracle, ce sera plus le RC Lourdes que le RC Lens.” Au vu des résultats sportifs actuels, la perspective d’une remontée en Ligue 1 ne semble pas être un scénario retenu par la banque. Michel Faroux, son directeur général adjoint, estime que “nous devons nous préparer à une période en Ligue 2 plus longue que nous souhaitions”.
Le montant total de l’investissement pour la rénovation du stade Bollaert est de l’ordre de 78 à 80 M€. Malgré la subvention de l’Etat de 12 M€ dans le cadre de l’Euro 2016, à laquelle s’ajoutent 12 M€ de la communauté d’agglomération de Lens-Liévin et 25 M€ du Conseil régional, le club n’a pas actuellement la capacité à trouver un financement de ce niveau. Gervais Martel peut racheter avant fin juin les parts du RCL et trouver un nouveau partenaire pouvant assurer le financement. Une autre idée pourrait être que la communauté d’agglomération assure la maîtrise d’ouvrage, “comme cela a été le cas à Valenciennes pour le stade du Hainaut ou à Lille dans un partenariat publicprivé pour le Grand Stade”, le Crédit agricole étant disposé à accompagner cette approche. Gervais Martel a marqué son optimisme : “Ce stade, on le fera !” A suivre…