Rachida Dati, deuxième acte à la culture

Son arrivée au ministère de la Culture en janvier avait surpris et fait grincer des dents. Rachida Dati, qui veut conquérir Paris en 2026, a été reconduite samedi rue...

Rachida Dati sur le perron de l'Elysée, le 21 mai 2024 à Paris © Ludovic MARIN
Rachida Dati sur le perron de l'Elysée, le 21 mai 2024 à Paris © Ludovic MARIN

Son arrivée au ministère de la Culture en janvier avait surpris et fait grincer des dents. Rachida Dati, qui veut conquérir Paris en 2026, a été reconduite samedi rue de Valois dans le gouvernement Barnier.

Avant la démission du gouvernement Attal, celle qui faisait partie des ministres les plus populaires misait sur des réformes de poids pour appuyer sa course à la mairie de Paris, qu'elle avait "toujours en tête", selon son entourage.

Restrictions budgétaires et législatives anticipées obligent, la plupart des annonces et projets lancés tambour battant n'ont pas vu le jour, à l'image de la fusion de l'audiovisuel public.

"Elle n'a jamais de regrets, elle voulait agir", répondait cet été l'entourage de la maire du très chic VIIe arrondissement, qui a grandi dans une cité HLM et ne manque jamais de le rappeler.

Dès son arrivée rue de Valois, l'ancienne garde des Sceaux, propulsée sur le devant de la scène politique par Nicolas Sarkozy en 2007, a su s'appuyer sur son credo anti-élites pour faire bouger les lignes. 

Avec un franc-parler mêlé de culot, elle a donné le ton en annonçant unilatéralement la fin d'une grève de plusieurs mois des agents du Centre Pompidou, à Paris.

Budget amputé

Elle n'a toutefois pas permis de sanctuariser le budget de la culture, amputé de 204 millions d'euros dans le cadre du plan d'économies gouvernemental de 10 milliards, après cinq années de hausse. Parmi les institutions qui en ont fait les frais, l'Opéra de Paris et la Comédie française ont perdu respectivement 6 et 5 millions d'euros.

Et les perspectives pour 2025 ne s'annoncent pas meilleures: le budget de la culture resterait stable en valeur absolue et donc baisserait, compte tenu de l'inflation, selon un document détaillant les plafonds de dépenses envisagés, reçu par les commissions des Finances du Parlement jeudi.

Mme Dati avait fait de la fusion de l'audiovisuel public (France télévisions, Radio France, France médias Monde - RFI, France 24 - et l'Institut national de l'audiovisuel) son cheval de bataille, pour rendre l'ensemble "plus puissant, plus efficace", comme une sorte de "BBC à la française".

Mais cette réforme, prévue à l'horizon 2026, s'est heurtée à une grève et à un report de l'examen du projet de loi à l'Assemblée nationale, la question du financement restant entière depuis la fin de la redevance en 2022.

Aussi à l'aise dans une coutellerie de Dordogne qu'aux côtés de Kevin Costner au Festival de Cannes, Rachida Dati a rapidement été là où on ne l'attendait pas, lançant une concertation nationale pour favoriser l'accès à la culture en milieu rural.

S'en est suivi un plan, "bouclé depuis mai" et présenté in extremis le 11 juillet, prévoyant une enveloppe budgétaire de 98 millions d'euros sur trois ans, dont 18 millions d'euros acquis pour la première phase dès 2024. 

Il vise à simplifier la recherche de financements grâce à "un guichet unique" et s'attaque au Pass culture, à destination des 15-18 ans, qu'elle souhaite étendre.

Franchir le périphérique

"Cela a fait sourire tous ceux qui m'imaginaient ne pas franchir le périphérique", s'amuse-t-elle à répéter.

Rachida Dati a aussi promis des bibliothèques dans les HLM et donné des gages au hip hop. "Vous êtes la culture populaire", a-t-elle lancé dans une émission de rap sur la plateforme Twitch, prisée des jeunes. 

"Les quelques mois passés ici m'ont démontré que l'accès à la culture doit être (-- et je le confirmerai comme cela si ma mission se poursuit --) une politique régalienne, ça participe à la construction civique et citoyenne des individus", plaidait encore la ministre le 11 juillet.

Mme Dati reste mise en examen depuis juillet 2021 pour "corruption" et "trafic d'influence passif par personne investie d'un mandat électif public" dans l'enquête sur des contrats noués par une filiale de Renault-Nissan, quand Carlos Ghosn en était le PDG. Elle nie toute irrégularité et demande l'abandon des poursuites pour prescription.

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