Rachat de US Steel: Nippon Steel fustige l'opposition politique "inappropriée" aux Etats-Unis

Le géant sidérurgique japonais Nippon Steel a jugé mercredi "inappropriée" l'opposition "politique" à son projet de racheter son rival américain US Steel, après des informations de presse faisant état d'un blocage...

L'usine Mon Valley Works Edgar Thomson du groupe US Steel, le long de la rivière Monongahela à Braddock, Pennsylvanie, le 4 juin 2024 © Rebecca DROKE
L'usine Mon Valley Works Edgar Thomson du groupe US Steel, le long de la rivière Monongahela à Braddock, Pennsylvanie, le 4 juin 2024 © Rebecca DROKE

Le géant sidérurgique japonais Nippon Steel a jugé mercredi "inappropriée" l'opposition "politique" à son projet de racheter son rival américain US Steel, après des informations de presse faisant état d'un blocage de l'acquisition par le président Joe Biden.

"Cette transaction soutiendra la sécurité économique des États-Unis en contrant les menaces posées par la Chine. Il est inapproprié que la politique continue de l'emporter sur les véritables intérêts de sécurité nationale (américains)", a indiqué Nippon Steel dans une déclaration à l'AFP.

Joe Biden a fait part à plusieurs reprises de son opposition à la prise de contrôle d'US Steel par Nippon Steel, annoncée en décembre 2023 pour 14,9 milliards de dollars.

Selon l'agence Bloomberg, qui cite des sources proches du dossier, M. Biden a l'intention de bloquer formellement l'opération pour des raisons de sécurité nationale d'ici son départ en janvier.

Il prononcera son veto après avoir reçu les recommandations de la Commission aux investissements étrangers aux Etats-Unis (CFIUS), attendues "le 22 ou 23 décembre" selon Bloomberg.

"La position (de Joe Biden) depuis le début est qu'il est essentiel qu'US Steel soit détenu et exploité par des Américains", a simplement réagi Robyn Patterson, porte-parole de la Maison Blanche.

"Le président attend de voir ce qui ressort de la CFIUS", où l'examen du dossier "est toujours en cours", a-t-il insisté.

Cette commission a pour mission d'étudier les projets d'acquisition d'une entité américaine par un investisseur étranger, afin de déterminer les possibles implications pour la sécurité nationale des Etats-Unis.

"Nippon Steel garde confiance dans la justice américaine (...) et, si nécessaire, travaillera avec US Steel pour prendre toutes les mesures afin de parvenir à une conclusion équitable", a souligné l'aciériste japonais.

"Le renforcement des liens économiques nippo-américains, y compris l'expansion des investissements mutuels, et la réalisation d'une croissance économique durable en Indo-Pacifique ou encore la coopération dans la sécurité économique sont indissociables", a commenté mercredi le porte-parole du gouvernement japonais Yoshimasa Hayashi, sans se référer spécifiquement à US Steel.

-"Rendre à US Steel sa grandeur"-

L'avis de la CFIUS et la décision de la Maison Blanche avaient été renvoyés après l'élection présidentielle américaine du 5 novembre, le sujet étant devenu éminemment politique.

Le président élu Donald Trump, qui prendra ses fonctions en janvier, s'est également engagé à bloquer l'opération si elle n'était pas approuvée d'ici son arrivée, en accord avec ses positions protectionnistes.

"Je suis totalement contre le fait qu'US Steel, autrefois grand et puissant, soit racheté par une entreprise étrangère (...) A coups d'incitations fiscales et de droits de douane, nous lui rendrons sa grandeur et sa force", a réaffirmé le magnat républicain début décembre.

Des groupes d'entreprises japonais et américains avaient cependant exhorté mi-septembre à ne pas succomber aux pressions politiques lors de l'examen du projet d'acquisition d'US Steel.

En difficulté, US Steel a averti qu'en cas d'échec du rachat, il se verrait contraint de renoncer à des investissements massifs de modernisation sur plusieurs sites, au prix de plans sociaux et de possibles fermetures d'aciéries.

Suite aux informations de Bloomberg, le cours de US Steel à Wall Street s'est effondré mardi, terminant en chute de 9,68%. Le titre de Nippon Steel à Tokyo reculait de 0,39% mercredi à la mi-journée.

Farouche opposition syndicale

Le puissant syndicat des métallos USW (United Steelworkers) s'oppose farouchement au rachat par crainte d'une casse sociale.

Et ce même si l'aciériste japonais s'est engagé à maintenir l'emploi et ne cesse d'insister sur son intention de protéger l'appareil industriel, avec au moins 2,7 milliards de dollars d'investissements promis dans les sites industriels syndiqués.

Dans un ultime effort pour désamorcer la résistance syndicale, Nippon Steel a annoncé mercredi vouloir accorder aux employés de US Steel aux États-Unis une prime de 5.000 dollars en cas d'acquisition: "un geste démontrant l'engagement à long terme" du groupe selon son vice-président Takahiro Mori.

Sans convaincre l'organisation syndicale: "Nippon Steel utilise une tactique classique avec une dernière tentative désespérée pour gagner le soutien de l'opinion publique: des pots-de-vin, purement et simplement", s'est indigné USW dans un communiqué.

"Nous ne sommes pas dupes. Cette offre ne change rien aux dommages durables que l'accord pourrait causer à notre industrie sidérurgique ou aux graves implications pour notre sécurité nationale et économique", a-t-il ajouté.

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