Quête d'un nouveau gouvernement: le PS de plus en plus divisé

Les socialistes ont étalé mercredi leurs divisions sur la stratégie à adopter face à Emmanuel Macron, toujours en quête d'un Premier ministre au 43e jour de la crise politique, la présidente d'Occitanie Carole Delga appelant à prendre acte du refus de la candidature de Lucie Castets mais à...

Emmanuel Macron accueille le Premier ministre irlandais Simon Harris le 28 août 2024 à l'Elysée © Bertrand GUAY
Emmanuel Macron accueille le Premier ministre irlandais Simon Harris le 28 août 2024 à l'Elysée © Bertrand GUAY

Les socialistes ont étalé mercredi leurs divisions sur la stratégie à adopter face à Emmanuel Macron, toujours en quête d'un Premier ministre au 43e jour de la crise politique, la présidente d'Occitanie Carole Delga appelant à prendre acte du refus de la candidature de Lucie Castets mais à exiger la nomination d'une autre personnalité du bloc de gauche.

"On va arrêter de se raconter des histoires : c’est le président de la République qui nomme un Premier ministre. Il a le droit de refuser Lucie Castets. Mais il a le devoir de le choisir dans le bloc de gauche", a-t-elle déclaré au Parisien, évoquant une feuille de route comprenant la hausse du Smic ou l'abandon de la retraite à 64 ans.

Carole Delga évoque plusieurs noms pour la fonction. "On ne manque pas de talents et d'expérience à gauche : la maire PS de Nantes Johanna Rolland, Cécile Duflot, Bernard Cazeneuve, Fabien Roussel, Yannick Jadot ou Benoit Hamon. J’ai trouvé désolant que la candidature de Laurence Tubiana n’ait pas été retenue", a-t-elle ajouté.

Reçu mercredi matin à l’Élysée, dans le cadre de nouvelles consultations lancées par le chef de l’État, le leader de la droite Laurent Wauquiez a de son côté durci le ton vis-à-vis du chef de l’État. Il a fait part d'un entretien "décevant" et lui a demandé de cesser de "procrastiner".

"Aucune position nouvelle, pas de véritable projet pour les Français (...), pas de vision de ce que serait un programme gouvernemental pour les mois à venir", a déploré devant la presse M. Wauquiez. Les Républicains se disent "ouverts à un travail collaboratif avec le futur gouvernement", mais sans y participer.

Participer ou pas? La question fait de plus en plus débat à gauche, à la veille de l'ouverture à Blois des universités d'été du PS.

"Le parti est au bord de la rupture", a affirmé la maire de Vaulx-en-Velin Hélène Geoffroy, opposante interne au numéro un Olivier Faure. Elle demande comme Carole Delga la reprise "des discussions avec le président" afin de "chercher encore des solutions pour un Premier ministre socialiste (ou) social-démocrate".

Pragmatisme

Un pragmatisme également défendu par l'autre chef de courant minoritaire au sein du PS, le maire de Rouen Nicolas Mayer-Rossignol. "Si on a la possibilité de mettre en place, peut-être pas l'entièreté du programme mais des politiques importantes" sur les salaires, l'école et l'hôpital, "alors il faut donner une chance à cela", a-t-il estimé.

Moins frontal, l'ancien président et nouveau député François Hollande considère que les socialistes doivent "soutenir tout ce qui peut faire avancer le pays", tout en excluant une "alliance avec le centre (...) inévitablement vouée à une impasse".

Autant de déclarations à rebours de la ligne officielle du parti, qui refuse comme les autres membres du NFP de retourner à l’Élysée pour discuter d'autre chose que d'une cohabitation avec Lucie Castets, leur candidate pour Matignon. Ce qui augure de débats francs et vifs à l'université d'été du PS, qui s'ouvre jeudi à Blois.

"Nous refusons de participer aux consultations dont le seul objectif est de fracturer le NFP". "Les socialistes ne seront pas les supplétifs du macronisme", a insisté le premier secrétaire, Olivier Faure, dans un entretien à Libération.

Le rendez-vous de Blois sera scruté de près à l’Élysée, où un proche du président observe qu'"il y a des choses qui bougent" et "note aussi que le PS n'appelle pas à manifester le 7 septembre", contrairement à La France insoumise.

La marche, initiée par des organisations syndicales étudiantes, doit dénoncer "le coup de force d'Emmanuel Macron" après son refus d'entériner le choix du NFP.

Trahison

Assez pour fissurer l'union de la gauche? Si une partie des socialistes contribuait au "maintien de la macronie au pouvoir", ils commettraient une "trahison du vote des électeurs", a mis en garde le coordinateur de LFI Manuel Bompard. "L'histoire les jugera", a renchéri la cheffe des écologistes, Marine Tondelier.

Mais les macronistes espèrent encore en dissuader une partie, quitte à choisir un profil comme Bernard Cazeneuve pour Matignon. Il répond au "portrait-robot" d'un futur Premier ministre, a appuyé François Bayrou, proche allié du président. "Si c'est un Premier ministre de centre-gauche qui permet d'aller décrocher le plus de sociaux-démocrates, c'est la meilleure option", acquiesce le député Mathieu Lefevre.

Accaparé ensuite par l'ouverture des Jeux paralympiques, M. Macron a programmé d'autres rendez-vous jeudi matin. Il a notamment un rendez-vous prévu avec Carole Delga, qui dirige l'association des présidents de régions. Il reçoit ensuite le Premier ministre britannique Keir Starmer avant de s'envoler pour une visite officielle en Serbie.

Selon un sondage Elabe pour BFMTV, 56% des Français approuvent son refus de nommer Lucie Castets, mais 55% (+5 en 1 mois) jugent que l'absence de gouvernement de plein exercice est un "problème". Plus inquiétant pour le président: 63% des sondés le tiennent pour responsable de la crise politique, et près d'un sondé sur deux (49%) approuve la procédure de destitution lancée par LFI.

Côté syndicats, la CGT a dit souhaiter que la manifestation du 7 septembre soit "réussie", sans appeler formellement à y participer. 

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