Entretien

« Quel que soit le sujet de discussion, l’U2P est la voix des artisans », José Faucheux, président de l’U2P Aisne

José Faucheux, président de la Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment (Capeb) ainsi que de l’Union des entreprises de proximité (U2P) de l’Aisne revient sur son rôle auprès des pouvoirs publics et entreprises artisanales.

José Faucheux, Président de la Capeb et de l’U2P de l’Aisne. ©Capeb 02
José Faucheux, Président de la Capeb et de l’U2P de l’Aisne. ©Capeb 02

Picardie La Gazette : Quel est votre rôle en tant que président de l’U2P Aisne ?

José Faucheux : Je représente, je défends les intérêts et les spécificités des entreprises artisanales de proximité sur chaque bassin d’emploi comme au niveau départemental. L’U2P est le relais auprès des pouvoirs publics des problématiques rencontrées par les acteurs de terrain. 

Nous sommes la voix des artisans. Nous abordons des questions liées à de grands sujets comme l’emploi ou la formation, mais aussi des choses très concrètes comme l’impact d’une zone de travaux sur l’activité des artisans par exemple. Quel que soit le sujet de discussion, l’U2P est la voix des artisans. Je suis moi-même artisan : quand je défends quelque chose, je sais de quoi je parle, j’ai une vraie expérience de terrain.

Comment les artisans de l’Aisne ont-ils vécu la crise sanitaire et quelle est la situation sur le terrain aujourd’hui ?

S’il n’y avait pas eu une équipe fortement impliquée comme la nôtre, la période aurait sans doute été plus difficile : dès le premier jour de crise nous avons participé à des réunions à la préfecture, nous avons aidé à mettre en place les protocoles et nous avons été là pour relayer la parole des artisans et trouver des solutions avec les élus et l’État. 

Nous avons aussi fait remonter les problématiques quotidiennes au niveau national, à Alain Griset, ministre chargé des PME, en attirant son attention sur des cas particuliers. Les aides mises en place ont permis de maintenir en vie un certain nombre d’entreprises et aujourd’hui on a la chance que la reprise soit très forte. 

Dans le bâtiment par exemple, nous sommes sur une croissance de 11,5% d’activité en tendance annuelle, c’est énorme même en prenant en considération l’effet de rattrapage par rapport au 2e trimestre 2020.

Économiquement, cela a permis aux entreprises les plus fragiles de redémarrer rapidement. Mais l’activité est repartie tellement vite que l’on vit aujourd’hui une pénurie de main d’œuvre qualifiée et d’apprentis. 35% de nos adhérents manifestaient en 2015 leur difficulté à trouver des salariés, aujourd’hui ils sont plus de 65%. 

Nous avons aussi un gros sujet autour de l’approvisionnement des matières premières et des connectiques en provenance de Chine. Nous sommes pris entre l’industriel qui nous dit qu’il ne peut plus fournir et nos clients qui pensent que l’on manque de sérieux. Il y a de grosses tensions sur le terrain.

Quelles sont les solutions selon vous à apporter sur ce manque de main d’œuvre ?

Cela passe par l’attractivité des métiers manuels qui ont été dévalorisés pendant des années. Juste avant la Covid, l’apprentissage avait le vent en poupe. On avait beaucoup de jeunes qui cherchaient des entreprises, aujourd’hui, c’est l’inverse ce sont les employeurs qui cherchent ! 

Il y a deux temps : il faut traiter l’urgence liée à la pénurie de main d’œuvre en orientant les chômeurs, les gens en reconversion ou les migrants vers les secteurs en tension, mais aussi anticiper l’avenir en misant sur la formation des plus jeunes, et cela dans tous les secteurs.