Entreprises
Quel degré de défaillances d’entreprises en Moselle en 2023 ?
De mois en mois, le taux de défaillance remonte en France avec la fin des dernières mesures de soutien mises en place durant la Covid-19. Le nombre de faillites pourrait revenir à son niveau près-Covid. La Moselle se situe dans cette tendance hexagonale. Décryptage.
Après l’accalmie du «quoi qu’il en coûte», le nombre de défaillances d’entreprises en France a poursuivi sa remontée en novembre. D’après les données annuelles de la Banque de France, près de 39 858 entreprises ont cessé leur activité entre décembre 2021 et novembre 2022 contre 27 273 un an plus tôt. Ce mouvement de normalisation est commun à tous les secteurs de l’économie et plus prononcé pour les PME. Le nombre de défaillances reste cependant à un niveau inférieur de 22,1 % à celui enregistré en 2019 (51 145 sur l’ensemble de l’année). Les défaillances étaient en effet en fort recul à compter du début de la crise sanitaire à la suite de la modification temporaire des dates de caractérisation et de déclaration de l’état de cession de paiements, puis aux mesures massives publiques de soutien en trésorerie permettant d’éviter cet état de cessation des paiements.
Des secteurs durement impactés
Les secteurs qui connaissent le rebond le plus spectaculaire de fermetures d’entreprises sont ceux ayant le plus bénéficié des aides d’État - notamment le fonds de solidarité et le chômage partiel - en 2020 et 2021 quand les confinements leur imposaient de fermer au plus fort de la pandémie. Ainsi, le secteur de l’hébergement-restauration voit le nombre de défaillances quasiment doubler sur les douze derniers mois. L’industrie est également impactée par la crise énergétique avec une augmentation de + 57,4 % de faillites par rapport à novembre 2021, de même que le commerce et la réparation automobile (+ 53,3 %). Au demeurant, peu de secteurs sont épargnés. Les activités financières et d'assurance, l'enseignement, santé, action sociale et service aux ménages apparaissent en situation de fragilité. D'autres s'en sortent mieux : la construction, le conseil et services aux entreprises, l'information et la communication. Les activités immobilières semblent être imperméables à ce temps de crise. À partir de ce panorama hexagonal, que nous dit le paysage entrepreneurial mosellan ? La tendance départementale suit, à bien des égards, la courbe nationale. Quand sur les années 2020 et 2021, le nombre de défaillances était respectivement de 392 et 331, 2022 voit une remontée de ce nombre. Sur les trois premiers trimestres : 125, 108 et 75. Sur le seul mois de novembre, 46 entreprises ont été en défaillance. Il s’agit ici de l’une des plus fortes données mensuelles observées depuis de longs mois.
Un faisceau de signaux négatifs
Si bien, à l’heure où le bilan de décembre va être consolidé, on peut estimer que le nombre de défaillances d’entreprises en Moselle en 2022 dépassera, selon toutes les probabilités, 400. C’est clairement un retournement de conjoncture. Bien sûr, nous sommes loin des 713 défaillances enregistrées en 2019. On se situe là dans un phénomène de normalisation. Les défaillances sont plus prononcées pour les TPE. Les PME, comme les micro-entreprises, n’échappent pas à cette remontée des défaillances, mais dans une proportion moins élevée. La levée des dernières mesures de soutien à l’économie dans le cadre de la Covid-19, couplée à la crise de l’énergie et au remboursement des prêts garantis par l’État (PGE) devrait continuer d’amplifier la hausse des défaillances en Moselle en 2023. Les faillites pourraient égaler ou dépasser leur niveau d’avant la crise sanitaire. Comme le local n’est jamais déconnecté du planétaire, car il en subit les conséquences à l’échelle des territoires, on retiendra cette prévision d’Allianz Trade, leader mondial des solutions d'assurance-crédit et également spécialiste des métiers de la caution et de l'assurance fraude. Il prévoit au niveau mondial une hausse des défaillances d’environ 19 % en 2023, par rapport à 2022, elle-même marquée par une hausse de 10 % par rapport à 2021. Sur le territoire français, Allianz Trade anticipe une hausse de 29 % des hausses d’entreprises. Si le plan colossal de mesures visant à soutenir l'économie depuis plus de deux ans a incontestablement eu un effet salvateur, empêchant la banqueroute de nombres entreprises, n'empêche, il s'est apparenté à un maintien sous respiration artificielle de tout un pan de notre économie. Ce temps-là semble désormais révolu. Si on peut parler de normalisation, le retour sur terre s'annonce brutal pour pléthore d'entités. C'est donc dans un climat d'incertitudes, voire d'inquiétudes, que s'ouvre l'année 2023...