"Que ces crimes hantent vos nuits": l'heure des plaidoiries au procès de Monique Olivier
"On ne serait pas là si ces trois familles ne s'étaient pas battues": leurs avocats ont rendu hommage vendredi aux proches de Marie-Angèle Domèce, Joanna Parrish et Estelle Mouzin devant la cour d'assises de Nanterre, qui juge Monique Olivier...
"On ne serait pas là si ces trois familles ne s'étaient pas battues": leurs avocats ont rendu hommage vendredi aux proches de Marie-Angèle Domèce, Joanna Parrish et Estelle Mouzin devant la cour d'assises de Nanterre, qui juge Monique Olivier pour complicité de leurs enlèvements et leurs meurtres.
"Quand cette salle va se fermer, on entendra les cris de ces jeunes filles qui résonneront dans vos têtes, et pendant ce temps-là, Monique Olivier dormira tranquillement", déplore Me Didier Seban, avocat des familles Parrish et Mouzin, dans sa plaidoirie.
"Je veux que ces crimes vous hantent dans vos nuits en maison d'arrêt", lance l'avocat en se tournant vers l'accusée, impassible dans son box, avant de demander à la cour de "la déclarer coupable" de complicité.
"Ce sont des meurtres à quatre mains: elle est là, elle soutient, elle fait le gué, elle donne l'alibi, elle participe", argumente-t-il.
Si une lourde peine "ne changera pas" le temps que l'accusée passera en prison, "sa gravité, sa lourdeur dira qu'on ne peut pas enlever, pas tuer des enfants comme ça", poursuit Didier Seban.
"Vous rendrez hommage à Estelle, Marie-Angèle et Joanna en la condamnant", conclut-il sous les portraits des deux jeunes femmes et de la fillettes projetés pendant sa plaidoirie.
L'avocat a commencé en rappelant les errements de la justice dans ces trois affaires, jugées jusqu'à trente-cinq ans après les faits. Il salue la "ténacité" des familles. "Si elles n'avaient pas été là pour mener ce combat, ces affaires n'auraient jamais été jugées".
Trou noir
Me Seban tient aussi à prévenir les jurés des conséquences psychologiques d'un tel procès dont, illustre-t-il, on ne sort "pas indemne": "les pervers vous emmènent dans leur perversité: faites-vous accompagner".
Lui-même avait développé un cancer "tellement c'était horrible", après le procès de Michel Fourniret et de l'accusée, qui était alors son épouse, à Charleville-Mézières en 2008, raconte-t-il.
"On est rongé de l'intérieur, ce n'est pas le beau noir lumineux de (Pierre) Soulages, c'est le noir qui vous enfonce, le noir du trou noir", déclame-t-il d'une voix grave.
Avant lui, d'autres avocats des parties civiles ont exprimé le regret que Monique Olivier n'ait pas suffisamment parlé.
"M. le président, qui ne m'écoute pas beaucoup...", a commencé Marine Allali, une des avocates des familles Parrish et Mouzin, en reprochant son inattention au président de la cour Didier Safar, qui grommelle en retour.
Me Allali souhaite d'abord "transmettre la colère des familles" à la cour. "Après des années de maltraitance judiciaire (...), les parties civiles avaient beaucoup, beaucoup d'espoir dans ce dossier, elles espéraient entendre la voix de Monique Olivier", dit-elle.
"Il faut beaucoup de temps pour l'interroger et les conditions n'ont pas été réunies dans cette audience, elle n'a pas parlé (...) la responsabilité ne revient pas à la cour mais à elle", regrette-t-elle. "Même si on avait tout tenté, elle n'aurait peut-être rien dit" de plus.
Puis l'avocate d'insister: "la vérité, seule Monique Olivier la connait, elle est la seule responsable avec Michel Fourniret de leur douleur".
"Vous pourriez sonder vos tréfonds, sortir de votre bulle, effectuer des fouilles archéologiques dans votre esprit, des familles attendent des réponses", enjoint pour sa part à l'accusée Me Corinne Herrmann, au nom des soeurs et du frère de Marie-Angèle Domèce.
L'avocate a rappelé à Monique Olivier, 75 ans, qu'elle aurait pu "ouvrir la porte" à Estelle, Marie-Angèle et Joanna pour les sauver des griffes du tueur en série.
"C'est impardonnable", conclut-elle. Comme son confrère Didier Seban, elle demande à la cour une condamnation pour "ajouter trois nouveaux noms sur la liste (des victimes) de Michel Fourniret et Monique Olivier".
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