Dossier

Quand les baskets s’invitent au travail

L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail mettait en garde il y a un an contre le manque d’activité physique des Français. Si les entreprises ont un rôle à jouer pour faciliter la mise en mouvement de leurs salariés, dans la réalité, les freins sont encore nombreux.

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Quatre-vingt-quinze pourcent de la population française est «exposée à un risque de détérioration de la santé par manque d’activité physique ou d’un temps trop long passé assis», selon l’Anses. Le développement du télétravail initié depuis la crise sanitaire du Covid a d’ailleurs renforcé ce risque à l’heure où les salariés ne sortent pas toujours de chez eux pour se rendre sur leur lieu de travail. Et pourtant, rien que ce trajet peut être l’occasion de se dégourdir les jambes en privilégiant le vélo, en marchant un peu ou en préférant les escaliers à l’ascenseur. Dans la réalité, la journée télétravaillée limite tout mouvement pour les salariés, vissés derrière leurs écrans. En 2019, 88 %(1) des maladies professionnelles déclarées par le régime général concernaient des troubles musculosquelettiques qui se manifestent par des tendinites, des syndromes du canal carpien ou encore des lombalgies. Pour renforcer la prévention mais également s’engager dans une meilleure santé au travail, le ministère des Sports s’est rapproché du ministère de la Santé et du Travail afin de sensibiliser les salariés sur le bienfondé de la pratique quotidienne d’exercices physiques. L’enjeu est de faire évoluer la culture d’entreprise pour qu’elle intègre les activités physiques et sportives (APS) dans ses missions. Pour accompagner les employeurs, tout en sécurisant le cadre légal, le décret n° 2021-680 du 28 mai 2021 fixe les conditions d’exonération de cotisations applicables aux avantages liés à la mise à disposition d’équipements sportifs ou au financement d’activités physiques par l’employeur.

Une réalité émaillée d’obstacles

Conscientes de leur rôle à jouer, les organisations patronales n’hésitent plus à prendre des initiatives. Mais les bonnes volontés ne suffisent pas toujours. En Meuse et en Haute-Marne, le Medef a mené une expérimentation en 2023, à la suite d’un partenariat initié au niveau national avec Spart qui propose de participer au challenge sport et santé. Cette application créée sur mesure pour le bien-être des collaborateurs s’appuie sur des conseils et des défis sportifs ou ludiques à relever, seuls ou en équipe. Sur le papier, l’idée devait favoriser une mobilisation autour d’un objectif solidaire dans la dynamique des Jeux Olympiques.

Dans la réalité, l’expérimentation a fait chou blanc. Les employeurs engagés n’ont pas réussi à mobiliser leurs équipes à cette pratique collective. «Les salariés scindent la vie professionnelle de la vie privée dont le sport fait partie», analyse Émilie Dulac, la secrétaire générale du Medef Meuse. Grande cause nationale pour 2024, le sport est devenu «un sujet» à part entière pour 58 % des entreprises et 68 % des collectivités interrogées, selon l’étude «À fond la forme au travail» portée par Décathlon. Or, seuls 16 % des Français pratiquant une activité physique le font dans le cadre professionnel, estime la Fédération française du sport en entreprise (FFSE). C’est dire la marge de progression mais qui peut aussi s’expliquer par le coût de certaines activités ou encore l’accès difficile à des infrastructures adaptées.

Dynamique des JO : Stop ou encore ?

Si le syndicat patronal a mis en place une commission sport santé et bien-être au niveau national et si localement des réunions thématiques sont organisées et de sessions sportives proposées, force est de constater que la tendance est encore minoritaire. Selon les chiffres du Medef, le sport en entreprise concernerait 2,5 millions de Français et 13 % des dirigeants déclaraient avoir mis en place des solutions pour leurs salariés. Le Gouvernement souhaitait augmenter ce chiffre à 24 % d’ici à la fin de l’année 2024, en misant notamment sur la dynamique des Jeux Olympiques. Si l’effet des JO s’est vite fait sentir dans les clubs où le nombre de licenciés est monté en flèche notamment en tennis de table et en natation, grâce aux exploits des frères Lebrun et de Léon Marchand, la filière du sport qui représente 2,6 % du PIB français selon l’observatoire BCPE pourrait tirer parti de cet alignement des planètes. Avec près de 450 000 emplois, ce secteur extrêmement dynamique pourrait profiter de la croissance du sport en entreprise. L’organisation des jeux d’hiver 2030 par les Alpes Françaises pourrait d’ailleurs favoriser l’émergence puis la pérennité d’un environnement propice né à Paris l’été dernier, malgré le climat politique incertain.

Des outils à disposition :

  • • La norme AFNOR SPEC S52-416 pour les bonnes pratiques autour de la mise en place d’activités physiques et sportives en milieu professionnel ;
  • • Outil Roi du Medef permet aux chefs d’entreprise du secteur privé de calculer les bénéfices de la mise en place de la pratique sportive au sein de leur structure ;
  • • Guide juridique à l’usage des employeurs APS en milieu professionnel ;
  • • Plateforme Solution Sport en entreprise est un site d’information public pour encourager les entreprises, les associations et les administrations à s’engager www.solution-sport-entreprise.fr