Quand l’entreprise locale doit s’assurer contre les risques planétaires…
Si les causes provoquant la défaillance des sociétés sont identifiées, les mesures pour les éviter ne sont pas toujours prises à temps par manque d’anticipation. Le dirigeant doit de plus aujourd’hui faire face à l’explosion des risques conjoncturels. Les crises inédites de la Covid-19 - pas encore terminée - et de la guerre en Ukraine - à durée indéterminée - obligent à revoir les stratégies. En somme, prévoir l’imprévisible…
220. C’est le nombre de défaillances d’entreprises l’an passé en Meurthe-et-Moselle, selon les statistiques de l’Insee. On se gardera bien de parler de record, de verser dans des accents de triomphalisme, tant on sait les effets protecteurs, mais mirage, du «quoi qu’il en coûte» sur notre économie, placée sous assistance étatique. D’ailleurs, l’entame 2022 douchait les excès d’enthousiasme : 115 défaillances enregistrées sur le premier trimestre dans le département. Aux causes connues, comme la fluctuation d’un marché, la défaillances de clientèle, la santé financière, une mauvaise gestion et organisation…, viennent s’ajouter ces dernières années des événements mondiaux qui impactent la TPE ou la PME locale : la Covid-19, la guerre en Ukraine. On peut y ajouter les risques climatiques allant crescendo et une cybercriminalité foisonnante. La gestion des risques est vue par les dirigeants comme le facteur stratégique privilégié dans leur compétitivité, après la stratégie commerciale, l’innovation et les R&D. Les risques humains arrivent en tête des préoccupations de 80 % des TPE/PME-ETI : difficultés à recruter et à garder des talents, état de santé des collaborateurs. Devant les risques matériels et de marché. Si le risque cyber est bien identifié par les dirigeants, seuls 30 % le considèrent comme un risque majeur. Pourtant, une PME perd en moyenne 20 % de son CA annuel dans une cyberattaque ciblée. Les TPE 36 % et les ETI 9 %. Pour autant, sur les douze derniers mois, près de la moitié des entreprises ont mis en œuvre des moyens de protection supplémentaires contre ce fléau, par la sensibilisation des salariés et la mise à jour de logiciels.
Le chef d’entreprise doit aussi se protéger
Le déclenchement de la guerre en Ukraine en février dernier, l’enlisement du conflit, la déstabilisation de nombreux marchés, les conséquences économiques de cette crise systémique peuvent à terme avoir des répercussions dévastatrices sur notre tissu entrepreneurial local. Le risque politique fera toujours référence aux décisions gouvernementales, aux bouleversements sociaux, aux gouvernances économiques pouvant avoir un impact négatif sur la situation financière d’une entreprise. Cette exposition à multiples visages peut toucher les fabricants, les exportateurs, les prêteurs, les investisseurs, les organisations à but non lucratif. Ces structures peuvent se protéger de leurs pertes financières en souscrivant une garantie à l’export en fonction des zones d’intervention en assurance-crédit par pays pour chacun de leurs clients. Sur des zones comme l’Ukraine ou la Russie, le risque politique est généralement intégré et couvert. On le rappellera, le risque politique garantit contre les catastrophes naturelles, les embargos sur les importations et exportations, les confiscations de biens, les expropriations, la nationalisation, la monnaie inconvertible, l’abandon forcé, la fermeture des frontières, les guerres, les conflits armés, les actes de terrorisme, les mouvements populaires et sociaux et généralement toute forme de violence. Face à l’instabilité et aux dangers du monde, l’entreprise ne manque pas de protection. Reste une question, essentielle. Quand le dirigeant aura su préserver sa TPE ou sa PME, quid de sa protection personnelle ? Procéder à un état des lieux complet et régulier de son patrimoine avec son assureur est plus qu’utile. Séparation des biens personnels et de la société, protection de sa famille, prévention des accidents et des maladies, contre le chômage - le chef d’entreprise n’a pas droit aux allocations -, tout cela ne s’improvise pas. Le quotidien du dirigeant est un jeu de stratégie. En somme, anticiper, prévoir, réagir, voir loin, s’assurer, assurer et rassurer.