Quand des entrepreneurs font bouger le Calaisis
Avec une troisième édition d’une manifestation sportive tournée vers la jeunesse et regroupant un nombre toujours plus
En ce premier week-end de septembre, les dirigeants des PME du Calaisis s’affairent dans le village monté pour l’occasion sur l’aire centrale de la base de voile de Sangatte. Des stands, des badauds, une musique de fond et le bruit de gamins qui font la queue pour monter sur le jet-ski piloté par un adulte. A l’horizon, le lac artificiel creusé pour la base et les monts des Noires-Mottes qui viennent s’affaisser sur le début du cap Blanc- Nez. Devant la base de voile, près de 300 véhicules sont garés tandis que des centaines de véhicules roulent au ralenti sur le boulevard qui traverse la ville en longeant la plage. Sangatte- Blériot goûte de plus en plus son statut de station balnéaire. Et Guy Allemand, maire de la ville, s’en félicite : “Le temps est au rendez-vous. Sangatte s’affirme comme la station balnéaire qui manquait au territoire. La base de voile y contribue de manière significative.” Le tissu économique du territoire y prend d’ailleurs une large part avec l’événement phare de la rentrée du Calaisis. Rémi Empisse, président du CBC, anime en effet un réseau de 70 chefs d’entreprise, dont une quinzaine de bénévoles organise l’événement avec des prestataires de la Côte d’Opale. Pour la troisième édition, le programme a été entièrement renouvelé : le 7 septembre, Face Calaisis a pris la main pour une miniformation des entreprises à l’égalité de traitement. Le même jour, une cinquantaine de candidatures étaient soumises à des entreprises du territoire qui cherchent 21 collaborateurs.
Un événement convivial et populaire. Eric Lelieur, président de Face Calaisis, a renouvelé son partenariat avec le CBC. “L’an dernier, nous avions réussi à placer 16 jeunes dans des entreprises du littoral. Cette année, notre face-à-face regroupe 50 personnes pour 21 offres de travail dans une quinzaine d’entreprises. La ville de Calais a également déposé une offre”, raconte-t-il. Michelle Ducloy, adjointe au maire de Calais chargée de l’emploi, se félicite d’une telle diligence : “Nous sommes dans un discours positif axé sur les jeunes, les seniors et les personnes souffrant d’un handicap. Aujourd’hui, il n’y a pas 20, 30 ou 40 personnes pour un poste. On est sur des entretiens d’embauche.” Parmi les élus, le président de Cap Calaisis, Philippe Blet, a salué “la citoyenneté des entreprises” de Face et du CBC : “Vous redonnez espoir et confiance.” Territoire le plus mal loti en termes de chômage (16%), le Calaisis en a bien besoin. La Cap Cup oeuvre bel et bien à réconcilier le territoire et ses entreprises. “La troisième édition est plus consistante encore, plus conviviale aussi, et surtout plus populaire. Nous sommes tous des chefs d’entreprise qui avons besoin d’être démystifiés : des citoyens comme les autres. On n’a rien à vendre aujourd’hui : la plupart des animations sont gratuites”, précisent les bénévoles de l’association. La fréquentation de l’événement montre un succès grandissant : 3 000 personnes avaient fait le déplacement en 2011 pour des manifestations regroupées sur deux jours. Cette année, ils auront été près de 5 000 sur trois jours. Journée emploi (100 personnes) avec Face Calaisis, Soirée djembé (700 places vendues) au théâtre de Calais, régates sur le plan d’eau de la base de voile, Soirée blanche (200 couverts) sous chapiteau et animations multiples pour les familles se sont succédé.
Le djembé fédérateur ? Les moyens du CBC sont pourtant limités. L’association s’appuie sur une pléiade de partenaires pour réaliser l’événement. Cap Calaisis assure l’essentiel de la logistique en mettant à disposition l’ensemble de la base de voile pendant une semaine. Elle ajoute une enveloppe de 7 500 euros. La ville de Calais a mis à disposition le théâtre pour la Soirée djembé et le port de Calais a versé 3 500 euros pour donner un coup de pouce. Enfin, le Conseil général entre dans le cercle des soutiens cette année avec une subvention de 3 000 euros. La préparation de l’événement a eu son lot de stress : appelé à la rescousse quelques jours avant l’événement, Bertrand Ringot, maire de Gravelines, a rapidement mobilisé ses services pour apporter la scène destinée au concert sur site. “Mais 90% du budget de la Cap Cup vient des privés, rappelle un membre. On est et on veut rester indépendants.” Enfin, 58 sponsors ont permis de réaliser l’événement qui aura mobilisé 140 000 euros. “On essaie de faire fonctionner ensemble les acteurs privés et publics. La Cap Cup, c’est un lieu et des moments d’échanges dont le territoire a grand besoin”, rappelle le dirigeant.
Festive, la Cap Cup 2012 a organisé une soirée musicale en prime time au théâtre municipal. Près de 700 personnes sont venus écouter l’orchestre
symphonique Confluence dirigé par Philippe Fournier. Particularité de l’événement, tous les spectateurs ont reçu un djembé à leur arrivée. Le théâtre a tremblé jusque tard ! Volontiers hilare, un membre du CBC confie : “Tous les politiques rivalisaient pour bien jouer du djembé. La musique, ça motive…”
La jeune garde des dirigeants du Calaisis fait ainsi bouger les lignes du territoire sans façon, avec sérénité et audace. Au vu du succès, la Cap Cup devra peut-être passer du rythme biannuel à une édition annuelle…