Propos sur Pétain en 2019: un nouveau procès ordonné pour Eric Zemmour

Après deux relaxes, un nouveau procès: la Cour de cassation a ordonné mardi qu'Eric Zemmour soit rejugé pour contestation de crime contre l'humanité, pour avoir soutenu en 2019 que le maréchal Pétain avait "sauvé" des...

Eric Zemmour, le 4 décembre 2022 à Paris © Alain JOCARD
Eric Zemmour, le 4 décembre 2022 à Paris © Alain JOCARD

Après deux relaxes, un nouveau procès: la Cour de cassation a ordonné mardi qu'Eric Zemmour soit rejugé pour contestation de crime contre l'humanité, pour avoir soutenu en 2019 que le maréchal Pétain avait "sauvé" des juifs français pendant la Seconde Guerre mondiale.

Eric Zemmour, 65 ans, avait été cité devant le tribunal par des associations après des propos tenus le 21 octobre 2019, lors d'un débat dans l'émission "Face à l'info" dont il était le chroniqueur vedette sur CNews, avec Bernard-Henri Lévy.

"Un jour (...) vous avez osé dire que Pétain avait sauvé les juifs", avait déclaré BHL. "Français, précisez, précisez, français", l'avait interrompu Eric Zemmour. "Ou avait sauvé les juifs français. C'est une monstruosité, c'est du révisionnisme", avait poursuivi M. Lévy. "C'est encore une fois le réel, je suis désolé", lui avait répondu M. Zemmour.

Le 4 février 2021, le tribunal de Paris l'avait relaxé, une décision confirmée en appel le 12 mai 2022, après le second tour de la présidentielle lors de laquelle le candidat d'extrême droite a obtenu 7,07% des voix.

La cour d'appel avait estimé que, si les propos "peuvent heurter les familles de déportés", ils "n'ont pas pour objet de contester ou de minorer, fût-ce de façon marginale, le nombre des victimes de la déportation ou la politique d'extermination dans les camps de concentration".

Elle avait rappelé que Philippe Pétain, chef du gouvernement du régime de Vichy, n'avait pas été condamné "pour un ou plusieurs crimes contre l'humanité" lors de son procès à la Libération, mais pour "attentat contre la sûreté intérieure de l'État" et "intelligences avec l'ennemi".

Cinq associations parties civiles et le parquet général avaient formé des pourvois en cassation et, mardi, la plus haute juridiction de l'ordre judiciaire a cassé la décision et ordonné un nouveau procès.

Victoire du droit

La Cour a jugé que "les propos reprochés peuvent constituer un délit, même s'ils portent sur une personnalité qui n'a pas été condamnée pour crime contre l'humanité", selon un communiqué.

Pour elle, "en affirmant +c'est encore une fois le réel+", Eric Zemmour "a repris à son compte les propos" mentionnés par BHL et, si ces derniers "faisaient écho à des écrits plus mesurés précédemment publiés (...) dans un de ses livres, la cour d'appel aurait dû en faire une meilleure démonstration".

"L'UEJF se satisfait de ce qui constitue une victoire contre les innombrables propos haineux et négationnistes proférés par Eric Zemmour depuis maintenant des années", a réagi auprès de l'AFP Samuel Lejoyeux, président de l'Union des étudiants juifs de France, partie civile.

"Mais au-delà de ça", cette décision "vient réaffirmer une chose essentielle: la réhabilitation de Pétain et la minimisation de la responsabilité de la France dans la Shoah, c'est du négationnisme", a-t-il ajouté.

"C'est une vraie victoire du droit et de la mémoire", s'est félicité auprès de l'AFP Me Patrice Spinosi, avocat du Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (Mrap). 

"La Cour de cassation dit surtout que la cour d'appel s'est mal expliquée, donc nous espérons que la prochaine cour d'appel motivera mieux sa décision qui, il me semble, devra aller dans le même sens, puisque nous avons eu deux décisions favorables", a déclaré à l'AFP l'avocat d'Éric Zemmour, Me Olivier Pardo.

Les propos d'Eric Zemmour lui ont valu une série de procédures judiciaires, notamment pour injure raciale, provocation à la haine ou contestation de crime contre l'humanité.

Il a été définitivement condamné à deux reprises pour provocation à la haine, pour des propos tenus en 2010 et 2016.

Pas moins de huit procès l'attendent d'ici à la fin 2023, dont celui en appel concernant les mineurs migrants isolés, qualifiés de "voleurs", "assassins", "violeurs" sur la chaîne CNews en 2020 - en première instance, le 17 janvier 2022, il avait été condamné à 10.000 euros d'amende pour provocation à la haine.

Il doit en outre être jugé notamment pour des déclarations concernant l'association L214, le journaliste Taha Bouhafs, la ville de Trappes, l'Institut national d'études démographiques (Ined) ainsi que la députée Danièle Obono.

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