Projet d'attentat à Marseille: 24 et 28 ans de réclusion pour les deux principaux accusés
La cour d'assises spéciale de Paris a condamné dimanche à 24 et 28 ans de réclusion criminelle, assortie d'une période de sûreté des deux tiers, Clément Baur et Mahiedine Merabet, accusés d'avoir projeté un attentat...
La cour d'assises spéciale de Paris a condamné dimanche à 24 et 28 ans de réclusion criminelle, assortie d'une période de sûreté des deux tiers, Clément Baur et Mahiedine Merabet, accusés d'avoir projeté un attentat à Marseille pendant la campagne présidentielle de 2017.
La cour s'est démarquée de l'accusation qui avait requis la peine maximale prévue par la loi, soit 30 ans de réclusion criminelle, à l'encontre des deux hommes jugés pour association de malfaiteurs terroriste criminelle.
Contre les dix autres accusés, dont un, en fuite, jugé en son absence, la cour a prononcé deux acquittements (comme l'avait demandé le parquet) et des peines allant de deux ans, assortie d'un an de sursis, à 13 ans de réclusion criminelle assortie d'une période de sûreté des deux tiers.
Parmi ces accusés, huit comparaissaient libres. Un seul, condamné à six ans de détention, a été mis sous mandat de dépôt à l'issue de l'audience. Les autres personnes condamnées effectueront leur peine à domicile sous bracelet électronique et sont libres du Palais de justice.
Repérés par un agent cyberinfiltré de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), Clément Baur, 30 ans et Mahiedine Merabet, 36 ans avaient été interpellés à Marseille, cinq jours avant le premier tour de la présidentielle de 2017.
Selon l'accusation, les deux hommes auraient cherché à contacter, via la plateforme Telegram, le groupe Etat islamique pour lui transmettre une vidéo d'allégeance et de revendication. Mais c'est chez un agent infiltré de la DGSI que leur vidéo avait atterri.
Elle montrait des dizaines de munitions disposées sur une table de manière à écrire "la loi du talion", au côté d'un fusil-mitrailleur Uzi, d'un drapeau de l'EI et la Une du Monde du 16 mars 2017 avec une photo du candidat de droite à la présidentielle François Fillon ainsi que des photos d'enfants victimes de bombardements en Syrie.
Dans leur planque, la police avait découvert plus de 3,5 kg de TATP, un explosif artisanal prisé des jihadistes, fabriqué par M. Merabet, un fusil mitrailleur Uzi chargé, trois pistolets, des centaines de munitions ainsi que des boulons, une perruque, un gilet tactique, un couteau de chasse, une caméra GoPro... De quoi commettre un carnage et le filmer, selon l'accusation.
Le "passage à l'acte" de Clément Baur et Mahiedine Merabet était "imminent", ont assuré les représentantes du parquet durant leurs réquisitions à deux voix. Les "recherches de cibles potentielles" effectuées dans les jours précédant leur interpellation constituent la preuve, selon elles, que les deux hommes étaient prêts à commettre "un carnage".
Parmi les recherches effectuées sur internet par les deux hommes, qui se sont connus en prison, il y avait notamment: "sauna gay", "club libertin", "bar FN", "meeting Le Pen Marseille", "bar américain", "restaurant casher"...
"Autant de cibles qui répondaient aux objectifs de l'Etat islamique", a souligné l'une des avocates générales.
"Il s'en est fallu de peu pour que la cité phocéenne connaisse une tuerie de masse", ont-elles affirmé.
Peine de dissuasion
"Il n'y a jamais eu de projet d'attentat", ont affirmé les deux accusés à l'audience.
Aucune cible n'a pu être clairement définie au cours du procès.
Les avocats des deux principaux accusés avaient mis en garde la cour contre le risque d'une "erreur judiciaire" en condamnant leur client à "une peine de dissuasion".
"Lorsqu'on condamne pour l'exemple, on se venge, ce n'est plus de la justice", avait ainsi avancé Me Paul Faucon, avocat de Clément Baur.
Me Ouadie Elhamamouchi, l'un des avocats de Mahiedine Merabet, avait estimé qu'une peine de 30 ans de réclusion équivaut "à une peine de mort".
Les condamnés ont dix jours pour faire appel.
"Le parquet veut me priver de la vie, moi je n'ai privé personne de sa vie", avait déclaré Clément Baur aux magistrats juste avant que la cour ne se retire pour délibérer.
Mahiedine Merabet avait rappelé quant à lui qu'il n'avait "jamais voulu faire du mal à qui que ce soit".
"Je sais très bien que je ne suis pas un monstre. Je ne suis pas une mauvaise personne et n'ai de haine envers personne", a-t-il dit à l'adresse des juges.
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