Procès de Mamadou Diallo: la cour se penche sur "l'agonie prolongée" de la victime

"L’agonie prolongée" de Catherine Burgod et le nom de l'ancien acteur Gérald Thomassin ont alimenté les débats de la Cour d'assises du Rhône vendredi, au deuxième jour du procès en appel de Mamadou Diallo qui comparaît pour le meurtre sanglant...

Mamadou Diallo, accusé du meurtre d'une postière dans l'Ain en 2008, à l'ouverture de son procès en appel devant la cour d'assises du Rhône, le 12 octobre 2023 à Lyon © OLIVIER CHASSIGNOLE
Mamadou Diallo, accusé du meurtre d'une postière dans l'Ain en 2008, à l'ouverture de son procès en appel devant la cour d'assises du Rhône, le 12 octobre 2023 à Lyon © OLIVIER CHASSIGNOLE

"L’agonie prolongée" de Catherine Burgod et le nom de l'ancien acteur Gérald Thomassin ont alimenté les débats de la Cour d'assises du Rhône vendredi, au deuxième jour du procès en appel de Mamadou Diallo qui comparaît pour le meurtre sanglant de cette postière, tuée il y a quinze ans.

Le 19 décembre 2008, le corps de cette agente communale de 41 ans, enceinte de cinq mois et mère de deux enfants était retrouvé baignant dans son sang dans la petite agence postale de Montréal-la-Cluse (Ain).

"L'intéressée a tenté d'échapper à celui qui a donné des coups", a souligné vendredi un expert en médecine légale, évoquant une "agonie prolongée évaluée à cinq minutes". 

"Ce qui est certain, c'est qu'elle n'est pas morte rapidement et a été envahie par l'angoisse de la mort", a-t-il ajouté lors de cette audience dédiée aux expertises.

L'accusé qui comparaît libre pour ce nouveau procès, après un appel du parquet général a été acquitté "au bénéfice du doute" en première instance, en avril 2022. 

Jeudi, le brancardier de 34 ans a de nouveau clamé son innocence, en maintenant ce qu'il affirme depuis son arrestation: il se serait rendu à l'agence postale, aurait découvert le corps avant de repartir dans la panique en emportant une liasse de billets.

Plusieurs experts se sont succédé à la barre vendredi pour décrire les blessures de Catherine Burgod, décédée avec 28 plaies, dont douze de "défense" et six à caractère vital.

-ADN et traces de sang-

Puis les débats se sont concentrés sur le couteau de Gérald Thomassin, acteur césarisé pour son rôle dans "le petit criminel" qui fut considéré comme le suspect numéro un jusqu'à que des traces ADN orientent les enquêteurs sur Mamadou Diallo, alors en stage lycéen dans la région. Marginalisé, l'ancien acteur a disparu en 2019 après avoir bénéficié d'un non lieu.

L'arme du crime n'a jamais été retrouvée. Le couteau à cran d'arrêt, que possédait l'acteur, alors domicilié en face de l'agence postale, est "tout à fait compatible" avec les blessures de Catherine Burgod, a assuré un expert en criminalistique qui a analysé les blessures à travers les vêtements de la victime.

La longueur de la lame "affutée", comme son épaisseur "peuvent correspondre aux coups" portés, a-t-il précisé.

"Est-ce qu'un autre couteau que celui-ci aurait pu occasionner les mêmes lésions?", interroge alors le président Eric Chalbos.

"Il peut y avoir d'autres couteaux de la sorte", admet l'expert.

Les débats se sont ensuite centrés sur les traces ADN retrouvées sur un sac près du corps de la victime et sur un monnayeur, les seuls éléments tangibles qui étaient l'accusation de meurtre retenue contre Mamadou Diallo. 

Deux experts ont confirmé qu'un "mélange" d'ADN de l'accusé et de la victime avaient été retrouvé sur ces deux supports.

Une experte en matériel génétique a indiqué qu'il n'avait pas été possible de déterminer la nature biologique de l'ADN de Mamadou Diallo (salive, sueur, sang, etc.), et notamment si cela correspondait à son sang.

Le sac, de couleur noire, équipé d'un cordon de fermeture, a ensuite été présenté à la cour. L'accusé a toujours soutenu que si son ADN avait été retrouvé dessus, c'est parce qu'il s'était essuyé les mains à l'intérieur.

L'ADN de M. Diallo a notamment été retrouvé sur le cordon du sac. Un expert en empreinte génétique a constaté que des traces de sang n'étaient pas visibles à l'oeil nu: "rien ne caractérise un essuyage des mains sur ce sac" même si "tout dépend de la quantité de sang sur les mains", a-t-il dit.

Aucune trace ADN de Gérald Thomassin n'a été identifiée sur les lieux du crime, même si ce dernier s'était accusé du crime dans une conversation téléphonique avec son frère, ce qui lui avait valu d'être mis en examen pour "meurtre aggravé" et "vol avec arme". Son conseil avait ensuite attribué ses propos à l'alcool.

En août 2019, le juge d'instruction avait voulu organiser une confrontation avec lui mais il ne s'est jamais présenté au rendez-vous et reste depuis introuvable.

L'accusé encourt la réclusion criminelle à perpétuité. Le verdict est attendu le 19 ou le 20 octobre.

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