Prisés des Texans, les pick-up victimes des droits de douane de Trump

Craignant que la "paranoïa" ne gagne les consommateurs à cause des droits de douane de 25% imposés par Donald Trump sur toutes les voitures qui ne sont pas fabriquées aux Etats-Unis, Arthur Bibbs a décidé...

Un pick-up Nissan Frontier devant un concessionnaire à Houston, au Texas, le 27 mars 2025 © RONALDO SCHEMIDT
Un pick-up Nissan Frontier devant un concessionnaire à Houston, au Texas, le 27 mars 2025 © RONALDO SCHEMIDT

Craignant que la "paranoïa" ne gagne les consommateurs à cause des droits de douane de 25% imposés par Donald Trump sur toutes les voitures qui ne sont pas fabriquées aux Etats-Unis, Arthur Bibbs a décidé d'anticiper en achetant sans attendre un pick-up d'occasion.

"J'ai peur que les gens deviennent paranoïaques avant qu'il y ait un réel impact", explique à l'AFP cet homme de 38 ans, qui s'est rendu chez un concessionnaire du Texas "avant que les choses se compliquent".

Dans cet Etat du sud des Etats-Unis, où les secteurs du pétrole, de l'agriculture, de l'élevage et de l'énergie sont prédominants, les habitants sont nombreux à opter pour des véhicules tout-terrain, comme des pick-up ou des SUV.

A Houston, la ville la plus peuplée du Texas avec 2,3 millions d'habitants, ces véhicules ont représenté 80% des ventes d'automobiles neuves en 2024, selon une association de concessionnaires locaux.

A 74%, cette proportion est à peine inférieure dans l'ensemble du pays, avec des modèles des constructeurs Ford et Chevrolet parmi les plus vendus.

Mais même les véhicules produits par ces marques américaines emblématiques ne sont pas 100% "Made in USA": les modèles assemblés aux Etats-Unis utilisent de nombreuses pièces détachées provenant de l'étranger, entre autres du Mexique ou du Canada voisins.

"Si vous assemblez aux Etats-Unis mais que les composants viennent de l'extérieur, il est évident que les prix s'en ressentiront", affirme Tino Ruiz, propriétaire d'une concession de voitures d'occasion à Magnolia, au nord de Houston. 

Les Etats-Unis imposent des droits de douane de 25% depuis la semaine dernière à toutes les voitures qui n'y sont pas fabriquées, des surtaxes qui s'appliqueront également aux pièces détachées importées à compter du 3 mai.

Ces tarifs douaniers s'ajoutent aux taxes déjà en vigueur, comme la "chicken tax", d'une valeur de 25%, qui frappait les importations de camions légers et de pick-up depuis les années 1960.

Le but affiché par Donald Trump est d'attirer des industriels aux Etats-Unis, mais les effets à long terme de cette politique restent imprévisibles.

Les droits de douane "ne manqueront pas d'ébranler les chaînes d'approvisionnement du secteur (automobile) tout en augmentant les coûts pour les consommateurs", a estimé le Centre des études stratégiques et internationales (CSIS) sur son site internet, deux jours avant leur entrée en vigueur.

Des milliers de dollars d'augmentation

Selon RoShelle Salinas, la vice-présidente de l'association des concessionnaires automobiles de Houston, les droits de douane pourraient se traduire dans un premier temps par "une légère augmentation des achats parce que les clients, inquiets à cause des prix, cherchent à anticiper d'éventuelles augmentations".

Celles-ci pourraient aller de 3.000 à 10.000 dollars en fonction des modèles, alors que le prix moyen d'un véhicule neuf aux Etats-Unis est déjà de 52.000 dollars - et "nettement plus" pour les pick-up -, rappelle-t-elle.

"Je ferai plus de bénéfices mais je devrai payer plus cher pour acheter plus de véhicules", estime Tino Ruiz, qui précise que "toute augmentation de (ses) coûts d'achat sera répercutée sur le client".

Arthur Bibbs, son premier client du mois, s'est décidé à acheter son pick-up d'occasion en pensant qu'il "n'en aurait peut-être plus le loisir" par la suite.

Son choix s'est porté sur une marque américaine.

"Je pensais à l'entretien et aux pièces de rechange dont je pourrais avoir besoin", qui seront moins chères si elles commencent à être fabriquées aux Etats-Unis, pense-t-il.

Pour Tino Ruiz, la concurrence ne doit pas subir d'entraves, pour laisser aux clients le choix d'acheter les véhicules qu'ils souhaitent.

Les voitures américaines "commencent à avoir des problèmes au-delà de 160.000 km", assure-t-il, alors que "les japonaises Toyota ou Honda vont jusqu'à 320.000km".

"Si vous voulez leur imposer des droits de douane, fabriquez de meilleures voitures", assène-t-il.

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