Préserver la ressource pour la rendre durable

En Hauts-de-France, près de 1 900 collaborateurs du groupe SUEZ œuvrent à l'optimisation du réseau. Véritable enjeu pour les collectivités et les entreprises, la gestion des ressources est un enjeu à la fois crucial, citoyen, mais aussi tourné vers l'avenir.

Mi-janvier, la MEL a confié à Suez le contrat d’exploitation du Centre de valorisation organique (CVO) et du Centre de transfert et manutention (CTM), situés à Sequedin, pour une durée de neuf ans.
Mi-janvier, la MEL a confié à Suez le contrat d’exploitation du Centre de valorisation organique (CVO) et du Centre de transfert et manutention (CTM), situés à Sequedin, pour une durée de neuf ans.

«Ouvrir un robinet est un des gestes les plus simples de la vie quotidienne, mais on ignore parfois que derrière, ce sont des milliers d’euros d’investissements.» Arnaud Bazire, directeur régional Eau de Suez, rappelle le rôle du groupe qui emploie 1 900 collaborateurs sur plus de 180 sites (usines, stations d’épuration…) en Hauts-de-France. Seule une centaine de salariés travaille sur le siège régional de Villeneuve-d’Ascq, la majorité étant au plus proche du terrain. Sur le territoire, le groupe dispose de deux entités : «Eau» et «Recyclage et Valorisation». «L’entité Eau et Assainissement fait en sorte que l’eau soit potable et que les eaux usées soient acheminées pour être traitées, sur la région Hauts-de-France, sur une partie du Val-d’Oise et de la Seine-et-Marne» explique Arnaud Bazire. Ce ne sont pas moins d’1,3 million d’habitants (sur les 6 millions que compte la région) qui sont desservis par Suez, via des contrats de délégation de service public. Si Suez traite majoritairement avec les collectivités qui lui attribuent les marchés, son client final reste l’usager. En 2018, 40 millions d’euros ont été investis dans la région, que ce soit pour le renouvellement de kilomètres de réseaux et de canalisations, pour la modernisation de centres de pilotage, mais aussi pour la construction d’usines dernière génération de décarbonatation. Pionnier dans le secteur, le Valenciennois vient de s’équiper d’une première usine à Thiant, et devrait en accueillir deux autres d’ici 2021, à Vicq et Wandignies-Hamage. «Les usines de décarbonatation servent à ôter le goût du calcaire, qui est un drame dans notre région où l’eau est très dure. Cela induit forcément des dépenses énergétiques importantes pour les ménages dont les canalisations et autres objets électroménagers sont entartrés. Par contre, le calcaire n’est en rien un danger public. Aujourd’hui, notre pays est mature en termes d’installation et les collectivités s’intéressent plutôt au goût de l’eau», détaille Arnaud Bazire. D’autres villes régionales seraient en train d’étudier l’intérêt de ces installations dernier cri, comme Dunkerque et Maubeuge. «Nous sommes là pour apporter des réponses techniques ainsi que des solutions de montage financier, mais c’est à la collectivité que revient la décision. Il faut aussi adapter les installations aux caractéristiques du terrain», poursuit-il. D’autant plus que certains secteurs géographiques, comme Lille ou Valenciennes, commencent à ressentir la raréfaction de la ressource du fait de leur importante densité de population. Suez travaille donc sur des interconnexions permettant de mutualiser les ressources entre les territoires.

Franck Agneray, directeur Hauts-de-France/Normandie, entité Recyclage et Valorisation France, et Arnaud Bazire, directeur régional, Région Hauts-de-France, entité Eau France.

180 sites régionaux

En Hauts-de-France, Suez Eau gère 180 usines et stations d’épuration. En 2019, 40 millions d’euros devraient aussi être investis sur le réseau, avec un travail important mené par le groupe auprès du consommateur. Deux tiers de la population boit de l’eau minérale, alors qu’ils ne sont que 45% en région. «On voit clairement une modification des comportements. Suez travaille sur la notion de ressource qu’il faut protéger. Certes, d’un point de vue de la santé publique, mais aussi sur le volet économique.» Protéger la ressource, mais aussi les réseaux : une partie importante de cet investissement l’est dans la digitalisation de la chaîne de processus. D’abord, avec un centre d’appels pour usagers à Dunkerque – qui traite 800 000 appels par an –, mais aussi avec l’installation du centre Visio à la Serre numérique de Valenciennes qui assure un suivi, 24 heures sur 24 et 365 jours sur 365, de l’intégralité du réseau de distribution, en fonction des événements climatiques. D’ici 2020, 170 000 foyers régionaux devraient aussi être équipés de compteurs intelligents. «La prochaine étape ? Intégrer du numérique dans la production des réseaux pour qu’ils soient de plus en plus intelligents et assurent une maintenance prédictive. Nous pourrions voir l’état des canalisations en direct pour voir celles qui sont critiques, et donc mieux orienter l’investissement public», espère le directeur régional.

«La prochaine étape ? Intégrer du numérique au cœur des réseaux»

Open innovation et
mutualisation des compétences

Au-delà de ses missions premières de distribution d’eau potable, d’assainissement, de collecte et de valorisation des déchets, Suez s’engage dans la transition énergétique, notamment en faisant appel à des start-up. Dans son Hub de Villeneuve-d’Ascq (voir encadré), le groupe reçoit des jeunes pousses régionales (mais pas que !) pour développer l’open innovation. À l’image de cette collaboration avec l’entreprise orléanaise, Sigrinea, qui a imaginé une mesure de remplissage des bornes d’apport volontaires (ces conteneurs souvent enfouis, présents en ville, pour y déposer des déchets, ndlr). C’est grâce à ce système prédictif que Suez a remporté un contrat avec la MEL, équipant ainsi 400 bornes de ce système. «Suez gère 14 installations de traitement et de valorisation des déchets», complète Franck Agneray, directeur régional Recyclage et Valorisation. C’est notamment le cas du centre de sélection pour le recyclage des ordures ménagères du SMAV de Saint-Laurent-Blangy – dont la capacité est montée en puissance avec 35 000 tonnes de déchets valorisés -, ou de la communauté d’agglomération de Boulogne-sur-Mer qui a signé un contrat de collecte d’1,15 million d’euros sur cinq ans, ou encore du Bassin minier avec l’attribution de la gestion de nouvelles déchetteries sur l’agglomération d’Hénin-Carvin. Dans l’Oise, Suez a également été prolongé pour une période de deux ans et demi pour l’exploitation de l’Unité de valorisation énergétique de Villers-Saint-Paul, qui assure le traitement des déchets ménagers non valorisables produits dans le département (170 000 tonnes de déchets chaque année). En 2018, Suez a géré 1 million de tonnes auprès de 290 clients collectivités et 4 500 clients privés. «La propreté fait partie de l’attractivité d’un territoire, c’est un sujet très sensible. Nous avons donc mis en place des outils, en accord avec les collectivités, comme des systèmes de caméras embarquées», détaille Franck Agneray. Pas encore exploité en région, ce système l’est déjà dans le centre-ville de Marseille.

«Aujourd’hui, notre pays est mature en termes d’installations»

Anticiper l’avenir

Si l’enjeu des collectivités reste de maîtriser la facture ainsi que celle de leurs administrés, elles doivent aussi composer avec la transition énergétique. D’ici 2025, les obligations en enfouissement seront réduites de 50%, d’où la nécessité de développer de nouvelles façons de traitement des déchets. «Les centres de tri sont aussi devenus trop petits et inadaptés aux consignes de tri. Dans la région, certains centres seront amenés à être fermés, d’autres seront construits», explique Franck Agneray. Des réflexions seraient en cours dans le Hainaut, sur la Côte d’Opale, mais aussi sur l’Arrageois et le Bassin minier. L’Oise, l’Aisne et la Somme ont d’ailleurs déjà lancé un projet avec la construction d’un centre de tri.

Le Hub de Villeneuve-d’Ascq : pour qui et pour quoi faire ?

Le Hub by Suez a ouvert ses portes il y a un peu plus d’un an. ©Renaud Wailliez

Initié en 2018, le HUB by Suez, implanté à Villeneuve d’Ascq, se veut à la fois un accélérateur d’idées et un incubateur. En rassemblant élus, start-uppers, chercheurs, ingénieurs, étudiants… le Hub permet d’interagir, de comprendre les attentes des clients, mais aussi leurs problématiques. Le groupe participe à des événements comme le Big Up for Start-Up ou rev3, et a d’ores et déjà noué des relations avec six jeunes pousses. Une antenne de ce Hub a été créée sur la communauté d’agglomération de Lens-Liévin, avec le lancement prochain d’un cycle de conférences.