Première européenne pour Damen ShipRepair Dunkerque
L’entreprise de réparation navale de Dunkerque Damen ShipRepair vient de réussir une première européenne : la conversion d’une drague au carburant GNL pour le GIE Dragage port. Une réussite qui ne devrait pas rester unique puisque d’autres chantiers de conversion sont à l’étude.
«C’est un projet pionnier et nous sommes fiers qu’il ait été réalisé dans nos ateliers à Dunkerque. Nous étions plusieurs entreprises européennes à avoir répondu à l’appel d’offres. Nous sommes heureux que nos compétences techniques et notre savoir-faire aient été retenus», commente Fabien Guillemot, responsable commercial de Damen ShipRepair Dunkerque (du nom du groupe hollandais, propriétaire du site depuis 2012). Le projet pionnier dont il est question, c’est la conversion au carburant GNL d’une drague fonctionnant jusqu’alors au diesel marin pour le compte du groupement d’intérêt économique Dragage port, qui regroupe notamment les ports de Saint-Nazaire, Le Havre, Rouen et Dunkerque.
Une conversion qui n’avait encore jamais été réalisée mais qui est bien dans l’air du temps. Les dernières directives européennes montrent, en effet, des impératifs de réduction des émissions de soufre et de CO2 de plus en plus pressants pour les navires. Il s’agit de réduire les pollutions à la fois responsables du réchauffement climatique mais aussi d’une mauvaise qualité de l’air. Dans ces circonstances, le carburant GNL, qui peut-être jusqu’à 90% moins polluant que le diesel marin et qui rejette 23% de moins de gaz à effet de serre dans l’atmosphère, apparaît comme le carburant de l’avenir. Ainsi, l’un des plus gros armateurs mondiaux, le français CMA-CGM, a reçu en janvier dernier son premier porte-conteneurs à propulsion au GNL et la compagnie maritime Brittany Ferries exploite désormais, elle aussi, un ferry à propulsion GNL, le Honfleur, au départ de Ouistreham (Calvados).
«Tout était à inventer en suivant scrupuleusement le cahier des charges établi par le client, résume Fabien Guillemot. Nous avons pris en charge l’intégralité du chantier, depuis les études préparatoires d’ingénierie jusqu’à la livraison en juin dernier. La conversion de la drague s’est faite sur 14 mois et a fait travailler, au plus fort de l’activité, jusqu’à 300 personnes, soit deux fois plus qu’habituellement.» Au-delà de la fierté légitime d’avoir réussi une première, l’entreprise de réparation navale de Dunkerque y voit aussi un fort levier de croissance après des années plus difficiles en raison de la crise pétrolière, qui a freiné les investissements de maintenance des compagnies maritimes, et d’une concurrence féroce, venue notamment de pays comme la Chine ou la Turquie. «La réparation navale, la maintenance, cela peut se faire partout dans le monde. En revanche, disposer d’une technologie comme la conversion de navires au GNL, c’est beaucoup moins fréquent. C’est donc clairement vers ce secteur d’activité que nous souhaitons maintenant nous développer», ajoute Fabien Guillemot. D’autres chantiers de conversion sont d’ores et déjà à l’étude sur le chantier dunkerquois.