Premier bilan de la BPI sur fond de polémique
La BPI a injecté 630 millions d’euros dans l’économie et poursuivi les activités d’Oséo, selon le premier bilan d’activité de la nouvelle Banque publique d’investissement. Sur fond de polémique sur les missions de l’établissement entre son directeur-général et sa vice-présidente.
Six cent trente millions d’euros injectés dans l’économie nationale, destinés au PME et ETI. Nicolas Dufourcq, directeur général de la BPI (Banque publique d’investissement), a présenté l’activité de l’établissement au cours du premier trimestre 2013, lors d’une conférence de presse à Paris, le 22 avril. Sur cette somme globale, quelque 455 millions concernent le préfinancement du crédit d’impôt compétitivité emploi (Cice). Concernant cette mesure, des modifications ont été apportées. “Pour les TPE, le seuil de 20 000 euros est supprimé. C’est un produit simple. La boulangerie du coin y a droit, et elle l’aura en quelques jours”, a précisé Nicolas Dufourcq. Le Cice fait partie des nouveaux outils financiers lancés par la BPI, dans le cadre du Pacte de compétitivité, avec la garantie de renforcement de trésorerie, le prêt pour l’innovation et le préfinancement du crédit d’impôt recherche (CIR). A ces outils de l’établissement financier, s’ajoutent les financements qui étaient traditionnellement accordés par l’ex-Oséo : à ce titre, BPI financement – la branche de la banque qui a repris les activités de garantie, d’innovation et de cofinancement – annonce 1,7 milliard de crédits garantis ce premier trimestre. Quant à la seconde branche de la banque, BPI investissement, elle a engagé 300 millions d’euros, pour un objectif annuel d’1,3 milliard d’euros d’investissements directs. Créée par une loi adoptée fin 2012, sur la base des engagements électoraux de François Hollande, la BPI a pour mission de prêter, de garantir des prêts et d’investir auprès d’un public d’entreprises, des très petites à celles de taille intermédiaire. La création de l’établissement devrait être finalisée vers la fin juin. Pour l’instant, sur le terrain ce sont les équipes d’Oséo qui agissent, sur délégation de la Banque publique d’investissement.
Polémique. A la tête de l’établissement, la polémique enfle entre le directeur général de l’établissement et sa vice-présidente et porte-parole, Ségolène Royal, à propos du périmètre d’intervention de la BPI. Tout récemment, par voie de presse, des propos contradictoires ont été échangés entre les deux responsables sur l’intervention potentielle de l’établissement dans le sauvetage d’entreprises en difficulté, comme Petroplus. Lors de la conférence de presse, les commentaires étaient plus feutrés. “Je ne veux pas revenir sur cette question”, a esquivé Ségolène Royal, préférant s’en tenir à un propos plus général : “Cette mutation industrielle- là, ces entreprises qui sont momentanément en difficulté, si la banque publique intervient, c’est pour qu’elles sortent justement de ces difficultés et se repositionnent vers le futur, ne serait-ce qu’avec la mutation énergétique.” Autre son de cloche chez Nicolas Dufourcq : “La doctrine est assez claire, elle est partagée avec les conseils régionaux. Le retournement, le financement d’une entreprise qui périclite, nous devons le faire à travers des fonds privés, et non directement. Le retournement est extrêmement difficile à faire. Une banque publique n’est pas en mesure de le faire directement.” Le directeur-général a précisé que la BPI était déjà présente dans de tels fonds. La présentation de ces premiers résultats est intervenue au terme d’un conseil d’administration de la banque. Celle-ci a présenté un projet de doctrine d’intervention cohérent devant le Parlement, le 15 mai dernier.