Pouvoir d'achat, retraites, nationalité: Attal, Bardella et Bompard croisent le fer sur TF1

Gabriel Attal, Jordan Bardella et Manuel Bompard se sont écharpés sur la double nationalité, la défense du pouvoir d'achat ou les retraites mardi soir sur TF1, alors que l'extrême droite caracole en tête des sondages à cinq jours...

Photomontage réalisé le 19 juin 2024 de Manuel Bompard, Gabriel Attal et Jordan Bardella © JOEL SAGET
Photomontage réalisé le 19 juin 2024 de Manuel Bompard, Gabriel Attal et Jordan Bardella © JOEL SAGET

Gabriel Attal, Jordan Bardella et Manuel Bompard se sont écharpés sur la double nationalité, la défense du pouvoir d'achat ou les retraites mardi soir sur TF1, alors que l'extrême droite caracole en tête des sondages à cinq jours du premier tour d'élections législatives présentées comme historiques.

"On peut agir pour le pouvoir d'achat", a lancé d'emblée le président du Rassemblement national, qui a fait de ce sujet son cheval de bataille avec notamment une promesse de baisse immédiate de la TVA à 5,5% sur les carburants, l'électricité et le gaz.

"Combien ça coûte et comment vous le financez ?", a riposté le Premier ministre, se posant en défenseur du sérieux budgétaire pour ce premier grand affrontement télévisé entre les trois blocs, dans la dernière ligne droite de cette campagne éclair.

"J'ai pas envie de leur faire croire à la lune", a ajouté Gabriel Attal, en proposant de son côté des mesures pour "gagner plus et dépenser moins".

Le coordinateur de La France insoumise, Manuel Bompard, a renvoyé ses deux adversaires dans les cordes, accusant ironiquement Jordan Bardella, "le futur Premier ministre du pouvoir d'achat", d'avoir "petit à petit abandonné l’ensemble des mesures pour y répondre".

"Vous avez gorgé les plus riches de ce pays", a-t-il ajouté, visant Gabriel Attal et appelant à augmenter le SMIC et les salaires.

Les trois hommes se sont aussi affrontés sur le sujet des retraites, M. Bardella et M. Bompard souhaitant revenir sur la réforme portant à 64 ans l'âge légal de départ. Mais l'échange a tourné à une passe d'armes peu audible, M. Bardella évoquant un possible départ à 66 ans pour un Français ayant commencé à travailler à 24 ans.

A propos de la suppression de l'impôt sur le revenu pour les moins de 30 ans, que le chef de file de l'extrême droite souhaite mettre en place d'ici "la fin" de son éventuel bail à Matignon, Gabriel Attal a interrogé son adversaire âgé de 28 ans: "Vous allez vous auto-exonérer d'impôts?". "Pourquoi un ouvrier de 31 ans paierait des impôts et un consultant ou un trader de 29 ans arrêterait d'en payer?", a-t-il encore attaqué.

Et, au lendemain de la proposition du chef de file de l'extrême droite d'empêcher des binationaux d'occuper certains postes jugés stratégiques, Gabriel Attal a estimé que "3,5 millions de Français binationaux se sont sentis injuriés et humiliés". 

Le patron du RN, au Premier ministre: "Vous voulez mettre un franco russe à la tête d'une centrale nucléaire?" Gabriel Attal a alors rappelé que son contradicteur avait pour conseillère au Parlement européen une Franco-Russe "qui assiste à des réunions (où sont discutées) des informations confidentielles sur la guerre en Ukraine".

Des désistements face au RN ?

Après son succès aux européennes, le RN domine les sondages du premier tour, à 36% des intentions de vote selon un sondage Ifop-Fiducial pour LCI, Le Figaro et Sud Radio, et peut caresser l'ambition d'une accession au pouvoir historique. Il devance la coalition de gauche Nouveau Front populaire (28,5%) et le camp présidentiel (21%).

Rien, jusqu'ici, n'a semblé casser la dynamique du candidat RN au poste de Premier ministre: ni le flou de son camp autour des retraites, ni son refus affiché d'être nommé à Matignon s'il n'obtient pas de majorité absolue à l'issue du second tour le 7 juillet.

Et les concurrents de M. Bardella cherchent encore la parade face à la possibilité de voir l'extrême droite s'installer au pouvoir.

Quelque 200 personnalités socialistes, écologistes et macronistes ont appelé dans Le Monde la droite, le centre et la gauche à "afficher clairement dès maintenant" un accord de désistement en vue du second tour.

"Nous verrons au cas par cas", a répondu Manon Aubry (LFI), interrogée sur Sud Radio sur les désistements de candidats LFI arrivant en troisième position. Les macronistes, eux, temporisent aussi: les ténors du camp présidentiel ont discuté mardi de la "stratégie de la campagne" et ont semblé se diriger vers un mot d'ordre "ni RN, ni LFI" au second tour des législatives, même si Emmanuel Macron n'a pas encore tranché.

Dans le magazine Challenges, l'ex-ministre socialiste et ancien directeur du Fonds monétaire international (FMI) Dominique Strauss-Kahn, retiré de la vie politique, a de son côté appelé à "éliminer le candidat d'extrême droite" au second tour, quitte à voter LFI "en se bouchant le nez".

Mais les Insoumis sont aussi englués dans des querelles avec ses anciens cadres - Alexis Corbière, Raquel Garrido, Danielle Simonnet - accusés d'utiliser indument le logo du parti durant le campagne. Mardi, les tribunaux de Paris et de Bobigny se sont déclarés incompétents pour déterminer si les candidats dissidents étaient dans leur droit.

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