Poussée en 2019, trou d’air en 2020 ?
Les Business Angels, investisseurs en capital innovation, affichent au niveau national et dans la région de bons scores pour l’année 2019 avec une hausse de 15 % des montants investis au niveau national (source : France Angels) et de 30 % dans le Grand Est (source : Est Angels). Si l’activité de ces investisseurs en phase d’amorçage de start-up (au sens premier du terme : ndlr) reprend, la question sur le réel impact de la crise sanitaire sur leurs capacités d’investissement à venir demeure aujourd’hui sans réponse.
«La question, à laquelle aujourd’hui nous n’avons pas de réponse est de savoir quel sera réellement l’impact de la crise sanitaire sur la capacité d’investissement des Business Angels ?» À l’image de Boris Ouarnier, délégué général de Yeast (l’un des principaux réseaux de Business Angels de la région Grand Est), l’écosystème de ces investisseurs en capital-innovation demeure dans l’expectative (à l’image de l’ensemble des secteurs : ndlr). «Les Business Angels sont en grande majorité des chefs d’entreprise et il est possible que certains se concentrent plutôt sur leur propre structure avant de (ré)investir dans des jeunes sociétés en amorçage. C’est une situation que nous avions déjà rencontrée après la crise financière de 2008» Signe positif, «notre business redémarre, nous réalisons de nouveau des pitchs de start-up, d’ailleurs pendant toute la période de confinement et par la suite, nous avons accompagné en rangs serrés nos start-up historiques.»
Effet levier fort dans le Grand Est
La machine apparaît donc redémarrer même si les priorités peuvent être aujourd’hui différentes pour quelques-uns. Le coup d’arrêt provoqué par la crise sanitaire a stoppé une activité certaine de la part de ces investisseurs. Au niveau national, France Angels (la fédération nationale des Business Angels) assure via un communiqué mi-juin : «que les investissements de Business Angels français ont connu une hausse de 15 % par rapport à 2018 pour atteindre les 43 M€.» Dans le Grand Est, la hausse est encore plus importante (+ 30 %) avec près de 2 M€ (1,7 M€ exactement) investis dans 18 start-up par les 151 Business Angels répartis dans la région (au sein d’Est Angels, premier réseau d’investisseurs en amorçage du Grand Est), «avec une particularité forte pour la région d’avoir un effet levier plus important que chez nos voisins, de l’ordre de 6,5, permettant d’avoir un financement global en 2019 de 12,6 M€ pour les start-up du Grand Est.» Signe que l’écosystème global (financier, investissement, bancaire) «est aligné et que l’effet d’entraînement est bien présent.» Pour le seul réseau d’investisseurs Yeast (regroupant en majorité des investisseurs lorrains intervenant sur la région Grand Est mais également au Luxembourg), 891 000 euros ont été investis dans neuf start-up en 2019 «en majorité dans le secteur du numérique au sens large» et les premiers investissements ont été effectués en début d’année. «Nous avons un dossier qui va être le plus important jamais réalisé par Yeast.» La dynamique d’hier ne demande qu’à redémarrer. Il n’en demeure pas moins «qu’il y aura forcément des trous d’air en matière d’investissement.»
Rediriger l’épargne des particuliers
Favoriser l’investissement de l’épargne des particuliers dans les fonds propres des entreprises ! Le serpent de mer est bien connu de l’écosystème des investisseurs et accompagnateurs d’entreprise. La crise actuelle pourrait changer la donne. C’est du moins ce que souhaite France Angels, la fédération nationale des Business Angels. «Nous recommandons l’adoption d’une série de mesures d’urgence complémentaires, aujourd’hui autorisées par l’encadrement temporaire des aides de l’État adopté par la Commission européenne pour soutenir l’économie», explique la fédération dans un communiqué. «Il faut encourager l’engagement financier des particuliers auprès des TPE-PME. Les prêts mis à leur disposition sont liés, dans la pratique bancaire, aux fonds propres de ces entreprises. Afin de protéger le vivier des futures ETI françaises, il faut encourager les particuliers à souscrire à des émissions d’actions de ces entreprises pour reconstituer et renforcer leurs fonds propres en complément des prêts accordés par le système bancaire.» Le tout basé sur des mesures incitatives à l’image d’un taux de réduction IRPP (Impôt sur le revenu des personnes physiques) porté à 50 % et un plafond de réduction spécifique de 200 000 euros par part fiscale ou encore la réduction, sur la base imposable du revenu global des souscripteurs, de la perte nette en capital sur des sociétés éligibles après prise en compte de la réduction d’impôt initiale.