Pour sa rentrée, Guerini promet modernisation et protection aux fonctionnaires

Moderniser le secteur public et mieux protéger ses agents: pour sa rentrée, le ministre de la Fonction publique Stanislas Guerini a affiché vendredi près de Lyon deux priorités et égrené...

Le ministre de la Fonction publique Stanislas Guerini à la sortie de l'Elysée, le 23 août 2023 à Paris © Bertrand GUAY
Le ministre de la Fonction publique Stanislas Guerini à la sortie de l'Elysée, le 23 août 2023 à Paris © Bertrand GUAY

Moderniser le secteur public et mieux protéger ses agents: pour sa rentrée, le ministre de la Fonction publique Stanislas Guerini a affiché vendredi près de Lyon deux priorités et égrené quelques annonces, froidement accueillies par les syndicats.

"La première des choses que l'employeur public doit à ses agents, c’est la protection physique", a-t-il martelé lors d'un discours à l'Institut régional d'administration de Villeurbanne, en région lyonnaise, partiellement incendié lors des émeutes du début de l'été.

Outre un "ambitieux" plan de protection des agents publics, Stanislas Guerini a surtout profité de son passage dans le Rhône pour annoncer un futur projet de loi destiné à poursuivre les efforts de modernisation du secteur public.

Le texte, dont le calendrier n'a pas été précisé, doit d'abord "mieux récompenser le mérite des agents", en élargissant les dispositifs d'intéressement individuel et collectif dans la fonction publique. 

A l'heure actuelle, des primes permettent déjà de récompenser la performance individuelle des 5,7 millions de fonctionnaires et contractuels du secteur public, mais elles ne représentent qu'une part minoritaire de leur rémunération.

"Toujours plus d’individualisation (de la rémunération, NDLR), ça a ses limites", s'est inquiétée auprès de l'AFP Mylène Jacquot, secrétaire générale de la CFDT Fonctions publiques (3e syndicat du secteur public), qui est en revanche favorable à l'intéressement collectif.

Solidaires Finances publiques (6e syndicat) a de son côté qualifié la rémunération au mérite de "système injuste et clientéliste", dans un communiqué publié vendredi après-midi.

Le ministre doit recevoir un par un les huit syndicats représentatifs du secteur public à partir du 18 septembre.

Secrétaire général de la FGF-Force ouvrière (2e), Christian Grolier regrette que le ministre n'ait pas attendu ces échanges avec les syndicats pour annoncer son projet de loi.

"Le dialogue social, ça s’apprend! Il y en a qui n’ont pas suivi toutes les leçons", s'est-il agacé auprès de l'AFP.

Stanislas Guerini s'est malgré tout efforcé de tendre la main aux syndicats en affirmant sa volonté de trouver un accord avec eux "dans les toutes prochaines semaines" sur le financement par l'employeur public de la prévoyance (assurances invalidité, incapacité, décès), un dossier en souffrance depuis le printemps 2022.

Souplesse

Promise en juin, la prime exceptionnelle de 300 à 800 euros bruts pour les fonctionnaires d'Etat et hospitaliers les plus mal payés sera versée dès le mois d'octobre, a encore précisé M. Guerini.

Mais cette prime sera facultative dans les collectivités, qui emploient 2 millions d'agents publics.

Elle "doit être obligatoire" dans la fonction publique territoriale, a intimé vendredi par communiqué la FA-FPT (8e syndicat). 

En dehors de la rémunération, le projet de loi annoncé vendredi doit aussi "fluidifier" les carrières des agents publics, en assouplissant le système de promotion ou en facilitant le passage d'une branche de la fonction publique à une autre.

"La réalité, c’est celle d’un maire qui ne peut pas promouvoir un agent talentueux, car il est contraint par des règles qui laissent trop peu de souplesse", a regretté vendredi M. Guerini.

La dernière grande loi de réforme de la fonction publique date de 2019. 

Dénoncée par les syndicats, elle avait facilité le recours aux agents contractuels dans le secteur public et posé les bases de la réforme de la haute fonction publique.

L'effort gouvernemental de modernisation de la fonction publique doit aussi passer dans les prochaines semaines par une expérimentation de l'intelligence artificielle (IA) pour répondre aux demandes des usagers. 

Initialement censée être menée auprès de 200 agents publics, l'expérimentation sera finalement assurée par un millier de volontaires, qui testeront trois grands logiciels d'IA générative (ChatGPT, LLaMA et le français Bloom).

En matière de protection des agents, le plan esquissé vendredi doit notamment permettre de renforcer la protection par l'employeur public des agents victimes de menaces ou d'agressions et d'améliorer l'accompagnement de ces derniers.

Contactée par l'AFP, la secrétaire générale de l'UFSE-CGT (1er syndicat) Céline Verzeletti insiste sur l'importance de faire fonctionner les dispositifs existants avant d'envisager la création de nouveaux outils.

Ainsi, "on a droit à une protection fonctionnelle" assurée par l'employeur, illustre-t-elle, mais "souvent, quand on la demande, on nous la refuse."

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