Evénement

Pour réfléchir à l’après-crise, le monde économique se retrouve à la première Université d’été de l’économie amiénoise

La crise sanitaire a bouleversé l’économie. Quelles sont les mutations ? Quelles opportunités y trouver ? Quelles sont les perspectives ? Des questions posées lors de la première Université d’été de l’économie amiénoise, durant deux jours, à la Halle Freyssinet à Amiens.

Durant deux jours, le monde économique amiénois a débattu sur les mutations et les opportunités de l’après Covid. @Aletheia Press/ Emma Castel
Durant deux jours, le monde économique amiénois a débattu sur les mutations et les opportunités de l’après Covid. @Aletheia Press/ Emma Castel

Lundi 28 et mardi 29 juin, le monde économique amiénois, mais aussi des acteurs de la Métropole d’Amiens et de la région, se sont retrouvés pour échanger et préparer l’après Covid-19. Pour cette première Université d’été de l’économie amiénoise, à la Halle Freyssinet, le programme est chargé : ateliers autour des mutations technologiques et environnementales de l’industrie et du monde agricole, échanges autour du bureau du futur, de la formation, de la révolution numérique, etc.

Avec, en fil rouge, cette question : comment attirer de nouvelles entreprises et dynamiser davantage le territoire, après la crise sanitaire et économique que l’on connaît encore aujourd’hui ? Si, en préambule, le président d’Amiens Métropole s’est satisfait de la création de centaine d’emplois dans la logistique ou dans des activités innovantes comme Ynsect (alimentation à base d’insectes), « nous avons grandement besoin d’activités supplémentaires », a-t-il martelé. Alain Gest compte notamment sur l’arrivée du TGV à Amiens, mais cela ne sera pas avant 2025. La zone d’activité Boréalia, à l’ouest de la ville, sera opérationnelle en 2023, et la plupart des entreprises qui devraient s’y implanter sont amiénoises.

« La reprise économique est forte »

Comment séduire des entreprises d’envergure nationale, voire internationale, et les inciter à venir s’installer dans la métropole amiénoise ? Quelques pistes ont été apportées par Nicolas Bouzou. Face aux élus et chefs d’entreprises amiénois, l’économiste libéral a évoqué les conséquences de la crise sur l’économie, et sa vision de l’après-crise. « La reprise économique est forte aujourd’hui, a-t-il indiqué, mais elle ne tiendra que si tout le monde se vaccine. »

Selon l’économiste, Amiens a une carte à jouer dans cette reprise, d’abord par sa position géographique, entre Lille et Paris, « la crise a montré que le centralisme parisien posait des difficultés ». Pour faciliter les implantations, « il faut des aides à l’investissement, détaille-t-il, mais aussi des infrastructures numériques performantes, c’est un non-sens de refuser la 5G aujourd’hui, moins chère et plus performante que la fibre ».

Et ne pas oublier, insiste l’économiste, « tout ce qu’il y a autour. Il faut une ville agréable à vivre, avec des pistes cyclables, un réseau de transports abouti, des écoles, et surtout de la sécurité, avec de la vidéosurveillance. Il ne faut pas oublier que le chef d’entreprise vient avec sa famille ».

L’économiste Nicolas Bouzou a tenu une conférence à l’ouverture de ces deux jours. @Aletheia Press/ Emma Castel


Mutation dans la santé et télétravail

L’économiste préfère voir le verre à moitié plein, « si la crise sanitaire a été terrible, elle a également permis de produire plus d’innovations et d’en utiliser davantage ». Notamment dans la santé, secteur en pleine mutation, « implanter un important centre de recherche sur un territoire, explique-t-il, permet par exemple de développer la recherche et développement, et ensuite attirer la production au même endroit ».

Quant au développement du télétravail, mis en place dans un premier temps dans l’urgence, cela permet de générer de la croissance économique en utilisant des innovations, selon lui. Mais il faut, prévient-il, trois conditions pour que celui-ci apporte de la productivité pour les entreprises : qu’il soit facultatif, d’une durée de deux ou trois jours par semaine, et il faut que le management soit adapté, « inutile de faire chaque jour des réunions zoom inutiles pour vérifier que le collaborateur travaille ».


L'industrie amiénoise face aux mutations technologiques et énergétiques

L’un des ateliers de l’université d’été de l’économie amiénoise, qui se déroulait les 28 et 29 juin, s’est intéressé au secteur industriel amiénois. 

La marche vers l’industrie du futur est inexorable, mais les chefs d’entreprise peuvent parfois se retrouver dépassés face aux mutations technologiques et environnementales. « L’innovation est la portée de tous, il suffit de demander de l’aide, et nous sommes là pour ça », indique Jean-Denis Collé, responsable de projets à la région Hauts-de-France.

Des subventions

La Région apporte l’aide financière, comme des subventions de 10 à 20% pour les PME de moins de 250 salariés, mais aussi l’aide au diagnostic. « Nous épaulons les entreprises pour intégrer la technologie, et nous nous penchons aussi sur les problématiques de diversification, de conquête de nouveaux marchés, nous sommes très sollicités depuis quelques mois », ajoute Jean-Denis Collé. La région a également lancé trois appels à projets, "La R&D industrie du futur", pour des entreprises qui souhaiteraient améliorer, dans leur process industriel, leur performance énergétique et la qualité de vie au travail, notamment.

Lors de l’atelier sur l’industrie amiénoise face aux mutations technologiques et énergétiques. @Aletheia Press/ Emma Castel



Étudier le photovoltaïque

La Métropole est également une aide précieuse dans l’accompagnement des industriels. « La moitié des énergies consommées sur le territoire provient des industriels, au travers des process, mais ce sont aussi vos salariés qui se déplacent sur les sites, etc. », explique aux entrepreneurs présents, Yannick Paillet, ingénieur Énergie à Amiens Métropole.

Pour baisser davantage les consommations d’énergie, il propose des aides à la réflexion et des études d’opportunité concernant l’installation de solaire photovoltaïque. « Pas assez vite rentable, il faut au moins douze ans », lui rétorque un industriel présent dans la salle, « tout dépend du coût de votre électricité actuellement, répond l’ingénieur, d’où l’importance de faire une étude ».


Yannick Paillet insiste également sur l’importance de mutualiser, « par exemple, vous avez tous des palettes en bois, pourquoi ne pas en faire de la biomasse, avec une chaudière bois. Avec l’Ademe, les gros projets sont subventionnés à hauteur de 30 % ». Enfin, dans la zone industrielle nord, des projets sont à l’étude pour créer un réseau de chaleur en utilisant les gisements de chaleur fatale, c’est-à-dire la chaleur résiduelle issue d’un procédé industriel.