«Pour nous, l’ennemi de notre filière, c’est le manque de visibilité»
Le 17 septembre, Lille Events, Place de la communication et Hello Lille ont organisé à Lille Grand Palais leur événement de rentrée "RE-Union". Il s’agissait de faire le point sur la filière événementielle et le tourisme d’affaires, au plus mal depuis le début de la crise sanitaire. Une table ronde, intitulée ‘‘Comment s'adaptent les acteurs de l'événementiel, annonceurs et prestataires ? Quels sont les grands enjeux de fin 2020 et 2021’’, a permis d’alimenter les débats. François Navarro, le directeur général de Hello Lille, fait le point.
La Gazette : S’il fallait faire un état des lieux de la filière, quel serait-il ?
François Navarro : Le tourisme d’affaires et les rencontres professionnelles représentent habituellement 70% de la fréquentation des hôtels à Lille et dans la Métropole. Donc, c’est un enjeu financier, stratégique, industriel pour notre destination. La réalité, c’est que ce secteur est à l’arrêt depuis le mois de mars. On espérait que septembre coïnciderait avec la reprise de la filière, malheureusement ce n’est pas le cas. Pour le moment, la visibilité n’est pas au rendez-vous.
Comment Hello Lille travaille-t-elle au quotidien pour redonner un souffle à cette économie ?
Premièrement, on a aidé les partenaires. Pourquoi ? Parce que c’est une filière qui est composée très majoritairement de TPE, et donc elles ont besoin d’aide, au-delà du chômage partiel mis en place et les prêts garantis par l’Etat. Ça a été des aides au loyer par exemple. Deuxièmement, dans le cadre d’un plan de relance, Hello Lille a été mandatée, avec son bureau des congrès, pour aller chasser les congrès et les événements. Aujourd’hui, avec tous les lieux qui accueillent ces manifestations, on va main dans la main à la compétition pour obtenir la tenue d’événements et de rencontres professionnelles sur notre territoire. Ensuite, on a un enjeu de promotion. Concrètement, les 1er et 2 septembre derniers, on était présent au salon Heavent à Cannes, avec un certain nombre de nos partenaires, pour faire la promotion de la destination.
Il a également fallu montrer que venir à Lille n’était pas dangereux, bien au contraire…
On est très heureux parce qu’on a été la première destination touristique française à lancer une charte sanitaire. Ça s’appelle ‘‘Clean&Safe’’. On l’a lancée avec l’Institut Pasteur de Lille, qui est l’un de nos ambassadeurs, mais aussi un acteur mondialement reconnu, à la pointe de la recherche contre le virus. Il a dit oui tout de suite. Et, actuellement, ce sont, chez nous, près de 400 acteurs qui ont signé cette charte.
A combien peut-on chiffrer les pertes, le manque à gagner ?
En fait, c’est très difficile. On attend les chiffres de septembre, mais qui vont confirmer une baisse, puisque le mois de septembre est un mois de reprise pour les événements. Or, beaucoup ont été reportés.
Vous êtes optimiste pour les mois à venir ?
On est surtout mobilisés ! Pour nous, l’ennemi de notre filière, c’est le manque de visibilité. Si la destination n’a pas de visibilité, ça signifie que les organisateurs n’en ont pas, que les visiteurs ont peur de venir, que les exposants hésitent à s’investir… Bref, c’est une sorte de cercle vicieux qui s’installe. Mais on reste attentifs pour s’assurer que c’est une filière respectée, car elle pèse économiquement sur le territoire.
Sentez-vous des réticences de la part d’organisateurs pour venir sur la étropole ?
Oui, bien sûr ! Mais quand les règles changent tous les 15 jours, ça ne donne pas forcément envie à un organisateur de tenir un événement chez nous ou ailleurs. On a besoin au plus vite d’une clarté sur les règles à mettre en place. Et ces règles, c’est compliqué de les voir changer constamment, même si on comprend évidemment la situation sanitaire. On sait qu’on a été la première filière à fermer, et on sent que ce sera la dernière à reprendre une activité normale.