Pour les pensionnaires de la SPA, un déménagement en forme de promenade
Rocky aboie nerveusement à l'approche du passage piéton. Comme à son habitude c'est Thomas qui promène ce petit staff gris. Mais ce mardi matin, l'itinéraire perturbe ce pensionnaire de la SPA de Gennevilliers: et pour...
Rocky aboie nerveusement à l'approche du passage piéton. Comme à son habitude c'est Thomas qui promène ce petit staff gris. Mais ce mardi matin, l'itinéraire perturbe ce pensionnaire de la SPA de Gennevilliers: et pour cause, son refuge est en plein déménagement.
Tout en restant dans la commune des Hauts-de-Seine où elle avait pris ses quartiers depuis un demi-siècle, la Société protectrice des animaux transfère ses 80 chiens et 120 chats vers ses nouveaux locaux. "Une journée historique", lance une salariée.
"Le transfert, c'est quelque chose qui peut être anxiogène pour un chien", souligne David Legrand, directeur de l'expertise, de la protection et du bien-être animal. "C'est pour ça qu'on a décidé de le faire à pied, avec nos bénévoles (...) pour que les chiens aient l'impression qu'ils partent simplement en balade."
La procession passe par une allée boisée, le long du parc départemental: par groupes de cinq, les uns derrière les autres tout en conservant une distance de sécurité, des bénévoles cheminent, chacun avec un chien en laisse.
Seize groupes de "balade" aux horaires de départ différés ont été constitués, en fonction des affinités des pensionnaires.
"Ça nous a pris plusieurs mois d'organisation", confie Céline Touguay, responsable du pôle expertise animale de la SPA.
Le déménagement dure trois jours et mobilise quotidiennement jusqu'à 80 salariés et bénévoles. La première journée est consacrée au transfert des chiens, la deuxième aux chats, et la dernière aux nouveaux animaux de compagnie (reptiles, insectes, rongeurs...).
Sur le trajet, le berger allemand Donovan semble nerveux et aboie à l'approche d'inconnus, alors que la jeune Cauzette profite du soleil et se jette dans les flaques d'eau qu'elle croise en chemin.
"Les chiens sont un peu stressés mais c'est normal, après ça va se tasser", rassure Thomas Christine, agent animalier de 22 ans, alors qu'il emmène Rocky à destination.
"Tous les chiens qui sont un petit peu trop difficiles, parce que très mal à l'aise avec les gens qu'ils ne connaissent pas par exemple, ou qui ont des problèmes de santé, on les déplace en camion", précise Mme Touguay.
Dans le nouveau refuge, des bénévoles en vestes oranges installent paniers, couvertures et gamelles dans les box pour que les résidents s'acclimatent le mieux possible à leurs nouveaux quartiers.
Plus d'adoptions
Rapidement, le stress des bénévoles laisse place à la joie de découvrir ce nouvel espace.
"Aujourd'hui, venir ici, c'est formidable. Quand j'ai vu le refuge, c'était magnifique. Tout le monde l'attendait", s'émeut Mélissa, 31 ans, bénévole à la SPA depuis trois ans.
"Ca va changer la vie, vraiment", se réjouit Thomas Christine.
"Les box sont beaucoup plus grands, beaucoup plus aérés, il n'y a pas de vis-à-vis, donc les chiens ne se voient pas entre eux, ce qui permet qu'ils se posent beaucoup plus", explique Mme Touguay.
"Ce sont des box nouvelle génération, avec du chauffage au sol, des espaces adaptés, beaucoup de parcs de détente où les chiens vont pouvoir s'amuser toute la journée", renchérit David Legrand. Rien à voir avec les petites cages métalliques du précédent refuge.
Bien que la capacité d'accueil soit sensiblement la même qu'auparavant, en offrant plus d'espace et une meilleure qualité de vie aux animaux, les responsables de l'association misent sur "un turnover plus important".
"Comme ça va être un endroit plus zen, plus dans le bien-être, on va avoir plus d'adoptions parce que nos animaux seront moins stressés", explique Mme Touguay.
Pour l'association, le coût, subventionné pour moitié par les différentes collectivités, s'élève à 16,2 millions d'euros, "les plus grosses dépenses qu'on ait faites pour un refuge", indique le secrétaire général de l'association Mickaël Varlet.
"Les salariés ont aussi plus d'espace, une salle de pause, des vestiaires", souligne M. Varlet, "tout ce qu'il faut pour travailler dans de bonnes conditions".
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