Pour les militants de gauche aussi, l'union est un combat

Pour les militants des partis de gauche aussi, parler d'une seule voix est tout sauf une évidence. Et si l'union s'impose souvent comme une nécessité, ou même un idéal, ceux rencontrés par l'AFP lors des différentes universités d'été en arrivent parfois...

Des militants de La France Insoumise (LFI) aux universités d'été de la formation, le 25 août 2023 à Châteauneuf-sur-Isère dans la Drôme © JEFF PACHOUD
Des militants de La France Insoumise (LFI) aux universités d'été de la formation, le 25 août 2023 à Châteauneuf-sur-Isère dans la Drôme © JEFF PACHOUD

Pour les militants des partis de gauche aussi, parler d'une seule voix est tout sauf une évidence. Et si l'union s'impose souvent comme une nécessité, ou même un idéal, ceux rencontrés par l'AFP lors des différentes universités d'été en arrivent parfois à une même conclusion: "On a trop de divergences".

Entre Valence, Blois, Strasbourg et Le Havre, les différences ne sont pas que d'ordre météorologique, surtout lorsque l'on évoque les élections européennes de juin. 

Il y a d'abord les optimistes, ceux qui croient encore à l'union. Pas forcément pour 2024, mais pour la suite.

"L'union, c'est la seule solution. Sans union, la gauche ne peut pas gagner", estime depuis Blois, Corinne, une socialiste de 54 ans venue de la Haute-Vienne et qui ne souhaite pas donner son nom de famille.

"Sur la question européenne, on n'est pas encore prêts à avoir une position commune. Mais ça n'hypothèque pas du tout l'union", poursuit-elle avant d'ajouter: "Les gens de gauche attendent qu'on soit unis pour arriver au pouvoir et mettre en place des politiques de gauche".

Même son de cloche au sud-est, sous la canicule de la Drôme, où la France insoumise tient ses "Amfis 2023".

"Je suis pour un fond commun et une alliance, dès les sénatoriales, même si ça ne sera pas le cas. Politiquement et pour l'image ça serait mieux d'être unis et premiers devant le RN aux européennes", défend Louis Hardy, 27 ans. 

"J'ai du mal avec l'idée qu'on soit adversaires avec les autres partis de gauche pour les européennes", poursuit le militant de la région parisienne, qui voit également un intérêt stratégique dans cette alliance.

"Les trois autres ont un ancrage national que nous n'avons pas, même s'ils représentent moins au niveau national", décrypte-t-il.

La France insoumise, il est vrai, défend sans relâche et pour l'instant sans succès l'idée d'une liste commune.

Ségolène Royal, qui a annoncé vendredi sa volonté de conduire une liste d'union, pourrait-elle être une figure providentielle ? Au sein de la base, ses offres de services sont vues avec circonspection.

"Je ne sais pas trop... Il faut voir, en discuter au sein du PS. Mais je ne sais pas si c'est la solution", juge Ernestine Cissé, militante socialiste de 31 ans venue de l'Essonne.

Véhicule politique

Il y a également les sceptiques, qui s'accordent sur le fait... de ne pas être d'accord. 

"On a trop de divergences, en particulier avec LFI et le PCF, nos électeurs ne comprendraient pas", soutient au Havre, chez les écologistes, Brigitte Alban, 64 ans, qui a fait le trajet depuis Lyon.

"Qui imagine (Carole) Delga et (Jean-Luc) Mélenchon sur une même liste aux européennes ? Je crois plus en l'union des partis écologistes européens", abonde Nathan Guedj, 22 ans, également venu de la capitale des Gaules.

La majorité des militants émettent avec nuances des réserves sur une prolongation de l'accord qui a permis à la gauche de gagner 75 sièges à l'Assemblée nationale l'année dernière. Celui qui avait donné naissance à la Nouvelle union populaire, écologique et sociale (Nupes).

"Je suis pour les listes d'union quand c'est possible mais sur un programme politique, pas sur l'union à tout prix si elle n'a pas de sens", déclare du côté de Strasbourg et des communistes Luce Sauret-Théry, 44 ans, venue de Paris.

"Pour nous, l'union c'est oui mais pas à n'importe quel prix. Il ne faut pas faire de concession. Il faut qu'on garde notre ligne de départ: renverser le gouvernement et créer la VIe République", le mantra des Insoumis, dit Marie-Laure Scheling, militante LFI de 43 ans venue du Puy-de-Dôme.

"Si on ménage trop la chèvre et le choux, on ne va nulle part. Or il faut aller quelque part", assène-t-elle.

A Strasbourg, ce n'est pas une surprise, les communistes ne sont pas les plus enthousiastes vis-à-vis de la Nupes.

"Je ne suis pas un pro-Nupes, c'est pragmatique", note chez les communistes Florent Pierré, 40 ans, originaire des Vosges. "Si c'est un véhicule politique pour marquer des points et des voix, il faut continuer à être dedans", concède-t-il.

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