Entretien

« Pour la grande majorité des entreprises, la RSE est devenue une évidence », Stephan de Butler, président du Medef Som…

"Enjeux sociaux et environnementaux : les entreprises à mission, un modèle d’avenir". Le thème retenu cette année par le Medef Somme pour sa Garden Party du 23 septembre en dit long sur l’importance que l’instance patronale accorde aux problématiques de RSE. Pour le président du Medef Somme Stephan de Butler, l’entreprise a un rôle sociétal majeur à jouer, et elle n’a pas attendu la législation pour se lancer dans cette dynamique.

Stefan de Butler, président du Medef Somme.
Stefan de Butler, président du Medef Somme.

Picardie La Gazette : Pourquoi était-ce important pour le Medef Somme de mettre la RSE au cœur des débats de la Garden Party ?

Stephan de Butler : Sur les sujets afférents à la RSE, on sent qu’il y a plus de force que ce que l’on imagine. Au Medef, nous avions déjà le sentiment il y a quelques années que cette vision RSE allait s’imposer de plus en plus dans les entreprises. Aujourd’hui, la Responsabilité sociétale des entreprises est plus encadrée, portée par une vision plus réglementaire, sur les sujets environnementaux et sociaux.

De l’autre côté, on a un révélateur : le Covid-19, qui a fait émerger la notion du sens, de plus en plus attendu. À ce titre, le regard des parties prenantes, les entreprises, a fortement évolué. Et prendre en compte ces aspects RSE va devenir nécessaire pour qu’elles continuent à se développer, fidéliser leurs collaborateurs, et en attirer d’autres.

On parle beaucoup de RSE, mais toutes les entreprises n’ont pas le même degré de maturité pour se lancer dans cette démarche, ni toutes les clés…

Je voudrais d’abord rappeler que l’entreprise a à mon sens évolué avant la loi, qui regardait jusque-là l’entreprise comme une somme de produits, de charges, de résultats et de bénéfices. Les entreprises ne se résument évidemment pas à cette vision capitalistique, et nombre d’entre elles ont avant toute obligation investi le champ de la RSE. On institutionnalise un terreau déjà existant, mais qui n’était pas formalisé. Aujourd’hui, les entreprises vont pouvoir valoriser cette démarche, l’amplifier et la structurer.

Pour les guider, trois intervenants seront présents à la Garden Party : le dirigeant de Janus France (implantée dans l’Oise et la Somme) Michel Meunier, entrepreneur responsable qui témoignera de son expérience, Frédéric Delloye à la tête de l’entreprise à mission Anaïk (Villeneuve d’Ascq) et l’avocat Errol Cohen, auteur de La société à mission – la loi PACTE : enjeux pratiques de l’entreprise réinventée.

Avec ce débat de fond, l’idée, c’est d’évoquer ce changement inéluctable et le virage que nous sommes en train de prendre. Les experts invités seront là eux pour parler de leur vision, optimiste et idéaliste, et de leur parcours.

Pour l’entreprise, ce mouvement de fond amène un vrai changement de paradigme et de dimension, quel regard portez-vous sur cette évolution ?

Nous passons aujourd’hui du pourquoi au comment : on sent que pour la grande majorité des entreprises, la RSE est devenue une évidence, mais pour d’autres, il s’agit de les acculturer, les amener à réfléchir sur leur modèle, et visualiser les étapes à franchir pour définir leur raison d’être, devenir une entreprise à mission, travailler sur les aspects environnementaux, etc. C’est le rôle du Medef de faire œuvre de pédagogie, de leur donner les bons outils pour donner cette impulsion aux chefs d’entreprise.

S’engager dans cette voie est une vraie révolution réglementairement parlant, mais également pour les collaborateurs, les clients… c’est toute la chaîne de valeurs de l’entreprise qui est impactée et modifiée. À laquelle s’ajoutera demain la chaîne de valeurs des financeurs, avec les appels d’offres. La RSE est un véritable gage de pérennité et de créations de richesses, humaines notamment, pour l’entreprise, c’est un nouveau souffle qui instaure un climat positif à tous les niveaux.

Depuis le début de l’année, le Medef Somme s’est doté d’une Commission verte, présidée par Luc Diwuy, délégué territorial Picardie chez Engie.

L’objectif de cette Commission : sensibiliser les dirigeants au développement durable, à la RSE, la transition écologique, la neutralité carbone, etc. avec l’intervention d’experts. « Il s’agit de partager les difficultés, les opportunités et comprendre les enjeux de chacun et d’aborder des sujets plus vastes, comme la Loi d’orientation des mobilités (Lom), la COP 21 ou Rev3 », précise Luc Diwuy.

La Commission se réunit tous les trois mois. Après avoir abordé la loi Climat et résilience portée par la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili, la prochaine rencontre se déroulera en octobre, avec au programme la présentation de Rev3 et Rev3 finances, qui offre la possibilité de monter des projets verts.

« L’idée, c’est de montrer aux entreprises qu’elles peuvent être accompagnées, que ce type de projets n’est pas impossible à mener, mais les dirigeants sont conscients qu’il s’agit d’une thématique majeure, à impact positif », explique Luc Diwuy.

Luc Diwuy préside depuis le début de l'année la toute nouvelle Commission verte du Medef Somme.