Virginie Mention, présidente de l'Assocem, Association des consultants en mariage
«Pour 2021, nous redoutons une deuxième année blanche»
Si les rassemblements professionnels peuvent essayer de s'organiser en ligne, pour les mariages, c'est impossible... Les professionnels du secteur, qui ont déjà beaucoup pâti de la crise, s'inquiètent pour l'avenir.
Comment se portait l'économie du mariage, dans le monde dit «d'avant» ?
En France, on compte 230 000 mariages par an, environ. En termes économiques, cela représente 3,2 milliards d'euros de chiffre d'affaires, et quelque 55 000 entreprises, avec une palette de métiers très différents, traiteurs, lieux de réception, maquilleurs, animation... Parmi eux, il y a de nombreux indépendants et aussi des sociétés plus conséquentes, réparties sur tout le territoire. L'activité reste stable : même si le nombre de mariages varie un peu, cela reste une valeur sûre. Toutefois, ses modalités se transforment : auparavant, le mariage était simplement considéré comme une fête destinée à célébrer le couple, autour d'un bon repas. Aujourd'hui, les mariés ont envie de proposer autre chose à leurs invités, d'imaginer une histoire, par exemple autour du thème du voyage. La décoration sera alors choisie pour créer un univers. Ou alors, on va proposer des animations, comme des stands photo.
Quel a été l'impact de la pandémie ?
Cela a été une grosse dégringolade. Nous estimons qu'en 2020, seuls 28% des mariages prévus ont pu se dérouler. Pour l'essentiel, les mariés ont préféré décaler l'événement à 2021. Ils ont eu peur de mettre leurs invités en danger, ou alors ils ne voulaient pas être restreints à 30 ou 50 personnes, ou être privés de pistes de danse, porter un masque... Il y a même eu quelques séparations... Comme les autres entreprises, nous avons eu accès aux aides de l’État, comme le fonds de solidarité, sauf pour ceux qui s'étaient lancés en 2020.Puis, à partir du mois de mai, nous avons dû nous battre pour faire comprendre au gouvernement qu'à la fin du confinement, même si nos entreprises étaient officiellement ouvertes, l'activité n'allait pas reprendre en juin et juillet, vu que les mariages avaient été décalés. Dans notre milieu, mis à part l'Assodem, il n'existait pas vraiment de regroupements professionnels. Durant la crise, plusieurs se sont créés, dont l'UPSE, Union des professionnels solidaires de l’événementiel, et nous jouons le rôle d'interlocuteur vis-à-vis du gouvernement.
Que devient le mariage dans notre quotidien où le numérique s'impose partout ?
Un mariage, c'est du bonheur en direct, des embrassades... C'est compliqué de demander à 150 personnes de se connecter le jour de la cérémonie pour partager l'apéritif... Il est impossible de faire tout cela en visio ! En fait, nous craignons que 2021 ne soit une deuxième année blanche. Pour l'instant, nous avons très peu de demandes. Or, en février, si les mariages d'été ne sont pas réservés, c'est mort. De plus, les couples qui avaient reporté leur cérémonie sur 2021 freinent les processus d'organisation. Ils attendent la fin de la crise. Nous avons proposé au gouvernement la mise en place d'un protocole sanitaire qui nous permettrait de reprendre notre activité en 2021. Pour l'instant, c'est silence radio. Nous ne voulons pas rester sans travailler. Il y a les difficultés économiques. Et aussi, comme pour les restaurateurs, c'est dur pour le moral.