Agroalimentaire

Potibon : du challenge technique à la commercialisation

Après trois ans de recherche et développement, Lise Aubry a enfin changé son statut d’étudiante pour revêtir le costume de cheffe d’entreprise. D’ici quelques jours, la ligne de production de son Potibon sera en test avant de démarrer les premières ventes en novembre ou décembre.

Lise Aubry a enfin changé son statut d’étudiante pour revêtir le costume de cheffe d’entreprise. © Guillaume Ramon
Lise Aubry a enfin changé son statut d’étudiante pour revêtir le costume de cheffe d’entreprise. © Guillaume Ramon

“Dans Potibon, tout est bonLe slogan pourrait être déjà tout trouvé, à quelques jours du grand lancement officiel de la production de l’alternative végétale aux matières grasses conçue à base de légumes français (des cucurbitacées) par Lise Aubry.


Mais l’ingénieure d’origine verdunoise est beaucoup trop discrète pour sortir trompettes et tambours. Fidèle à son habitude, elle prépare méthodiquement cette nouvelle étape qui est avant tout synonyme d’accomplissement, après l’aboutissement de trois années d’un travail sérieux qui a démarré en 2020 lors de sa dernière année à l’ENSAIA, école nationale supérieure en agronomie et industries alimentaires.

À cette époque, Lise et d’autres étudiants tentent de relever un défi : mettre au point une innovation alimentaire. Ils se prêtent au jeu et créent le concept de ce qui est devenu aujourd’hui Potibon. Après six mois de travail collectif, ils remportent le premier prix du concours national Écotrophélia puis finissent deuxième de l’édition européenne. Une fois son diplôme d’ingénieur en poche, la jeune femme décide de poursuivre l’aventure en solo. Mais à son image. Par étape, avec prudence et réflexion. Elle intègre alors en octobre 2021 le PEEL (Pôle entrepreneuriat étudiant de Lorraine). Pendant deux ans, elle conserve son statut d’étudiante et engage toutes les démarches pour revoir sa copie : partir du projet étudiant pour le transformer en projet d’entreprise. Affiner le produit, concevoir le bon packaging, réfléchir à la production, la logistique, la commercialisation, le marketing et la communication ; tout est alors pensé et sous-pesé.

Grandir en étant bien entourée

C’est tout l’intérêt de l’accompagnement du PEEL. Prendre le temps et être préparée au mieux à la vie d’après. En septembre 2022, Lise Aubry rejoint la promotion «Charisme et talent entrepreneurial au féminin» porté par Alexis Grand Est au sein de la pépinière d’entreprises d’Étain où avec huit autres femmes, elle va bénéficier de coaching collectif et personnel. Partager, s’enrichir les unes, les autres pour développer un projet. «Sans tous ces soutiens, je n’aurais pas pu avancer si vite», confie la jeune créatrice. En décembre 2022, elle rejoint la couveuse d’entreprises Grand Est avec la volonté de tester son produit. Le premier test grandeur nature a eu lieu en décembre 2023 en Meurthe-et-Moselle. À cette occasion, la jeune entrepreneure avait préparé fébrilement trente pots en se demandant quel serait l’accueil des clients. Moins de deux heures après l’ouverture de l’événement, tout était vendu. En mars 2024, l’ingénieure a participé au concours national les 101 femmes de Matignon qu’elle remporte haut la main. Ce prix et la rencontre avec le jeune premier ministre de l’époque, Gabriel Attal, lui font du bien. «Après trois ans, des hauts et des bas, ce prix a été clairement un coup de boost» pour la Verdunoise qui a pris la décision de revenir en Meuse pour créer son entreprise. Elle franchit le pas en juin 2024, à tout juste 26 ans.


Produire et vendre aux clients : l’ultime étape

«Le projet plaît, il y a un vrai engouement mais je ne dois pas brûler les étapes et avancer pas à pas pour transformer l’essai», explique Lise qui garde la tête sur les épaules. Bien connue et reconnue en Meuse, elle a identifié son premier site de production. Ce sera une conserverie en location partagée à Eix Abaucourt. La production sera lancée à petite échelle, le temps de trouver les premiers points de vente à Verdun, Nancy et Metz. Puis une montée en puissance suivra. Il faut dire que le panel de clients est large pour ce produit sans matière grasse, sans lactose ni gluten et riche en fibres. Entre les consommateurs intolérants, allergiques, les végans ou encore ceux qui souhaitent réduire leur apport calorique ou qui doivent contrôler leur taux de cholestérol ou de triglycéride… le produit qui a obtenu la note A au nutri-score à la texture fondante et onctueuse peut être utilisé en tartines ou en préparations pour les desserts. «Potibon a été avant tout un challenge technique», selon sa créatrice qui trépigne d’impatience de voir son produit enfin commercialisé.

Par A.M.