Portraits d’artisans, récits de vies
Un boulanger pâtissier, un coiffeur barbier, la fondatrice d’une entreprise, dont les salariés en situation de handicap réalisent petits plats, et sous-traitance administrative… La 15e édition de «Stars et métiers» a distingué trois lauréats. Trois témoignages qui illustrent combien la personnalité du fondateur modèle leur entreprise, au-delà des métiers et du savoir-faire.
Comme
une bulle d’oxygène dans le climat anxiogène actuel. Le 6
décembre, à Paris, se tenait la 15e
édition de «Stars
et métiers»,
organisé par CMA France, la Chambre des métiers et de l’artisanat,
et le groupe BPCE-Banque populaire : trois artisans ont été
distingués pour leur démarche, parmi un millier de dossiers
présélectionnés. Modernité et esprit entrepreneurial qui ont
germé dans une matrice familiale, amour du métier et esprit
d’équipe, désir d’engagement conjugué à l’intelligence
économique… Des entreprises au profil très différent sont nées
de ces motivations, très diverses, qui animent leurs dirigeants
respectifs.
A
commencer par Maxence Blin, coiffeur barbier, diplômé d'un
CAP et d’un BP, brevet professionnel, de coiffure. Il
a propulsé la petite entreprise familiale au XXIe siècle, lui
donnant une ampleur inédite. A 26 ans, seulement, ce Normand est à
la tête de l’enseigne Blindustry qui compte une douzaine de
salons, répartis dans trois départements (Calvados, Manche et
Seine-Maritime) employant 60 salariés. Cela fait six ans qu’il a
repris la société paternelle, et il
a
tout transformé : ajout de l’activité de barbier, lancement
d’une gamme de produits d’entretien pour la barbe,
investissements,
présence soutenue sur les réseaux sociaux… Maxence Blin, qui
compte développer encore sa société, n’oublie pas d’où il
vient. «Je
ne serai rien sans ma famille. J’ai grandi dans la coiffure. (…)
Mon père m’a formé, c’est grâce à lui que je suis là»,
témoigne le jeune homme qui a réalisé sa première coupe… à
l’âge de 15 ans !
Le lauréat des Hauts-de-France, Mathieu
Philippe, créateur des boulangeries-pâtisseries Mathieu,
est la deuxième «star»
de la soirée . «Star» ?
Mathieu Philippe a tenu à associer son équipe à la reconnaissance
du travail de son entreprise. Il est venu à la cérémonie
accompagné de son épouse, qui travaille avec lui, et d’une
dizaine de salariés sur les 50 que compte sa société.
Plaisir
et engagement
Son
moteur ? «La boulangerie reste
le commerce préféré des Français. C’est un plaisir de voir
arriver les enfants avec les yeux qui brillent. Nous faisons un
métier magique», explique
Mathieu
Philippe, à la tête de trois boutiques à Hem, Lille et
Marcq-en-Barœul, également site de production.
Il a ouvert la première en
2010, après une formation en
pâtisserie, un Tour de France chez les Compagnons du devoir, et un
voyage d’initiation en Pologne et Lituanie. A tous égards, la
démarche de Mathieu Philippe est celle de la proximité, du partage
et de la transmission. Dès le début, il a proposé des pains
artisanaux et pâtisseries réalisées à partir de produits locaux,
et il tient à former de nouvelles recrues, employant une dizaine
d’apprentis…
La troisième lauréate, «artisan de l’année» 2022, Nathalie Gerrier fait la démonstration de la compatibilité entre engagement et viabilité économique. «Facile, non, possible, oui», commente-t-elle. Avec son mari, Christophe, elle a créé deux entreprises qui emploient 180 personnes, dont 80 % sont en situation de handicap. Handirect Services est un centre de services administratifs externalisé et En 10 saveurs, un restaurant traiteur (Hauts-de-Seine). A l’origine, c’est en raison de sa sensibilité à la cause du handicap en milieu professionnel que le couple a fondé sa première entreprise, en 1996. Ce n’est qu’ensuite que leur fils Marin et né «avec un chromosome supplémentaire. Lorsqu’il est né, on ne cessait de nous dire ce qu’il ne ferait pas», se souvient Nathalie Gerrier. Sur scène, à ses côtés, le jeune homme, qui travaille dans l’entreprise familiale, témoigne : «Je suis content de tout cela, de mon travail. Il faut être sérieux, ponctuel, tout ça !».