Portrait du secteur culturel en Picardie
La Picardie : un riche potentiel pour un secteur culturel peu développé. C’est ce qui ressort de l’état des lieux dressé conjointement par la Direction régionale des affaires culturelles de Picardie et l’Insee Picardie. Une étude qui donne aussi l’occasion d’estimer le poids économique de la culture en région et de préciser sa place au niveau national - en queue de classement.
Spectacle vivant, architecture, presse… le secteur culturel englobe des activités diverses et variées. La Drac et l’Insee ont retenu, conformément à la définition européenne harmonisée du champ de la culture, huit domaines d’activité déclinés en quatre axes stratégiques de la politique culturelle étatique, à savoir la création artistique, la conservation du patrimoine, la démocratisation et la transmission des savoirs et les industries culturelles.
Une région bien pourvue
Côté atouts, la Picardie est bien dotée en équipements culturels (appellation regroupant les monuments historiques, les musées, les théâtres, les cinémas, les lieux de lecture et les conservatoires). Si la population française dispose de dix équipements en moyenne pour 10 000 habitants, l’offre régionale est elle de 13 équipements – avec 3,7% des équipements nationaux se trouvant sur le territoire picard. La région peut en effet compter sur son riche patrimoine historique, avec 1 589 monuments historiques (3,4% de ceux présents sur le territoire national, ce qui place la Picardie au 13e rang du classement des régions françaises). Elle compte également 3,1% des musées labellisés “Musées de France”, contre seulement 2,3 des salles de cinéma (ce qui classe la région en avant-dernière position) et 1,4% des théâtres français, un seul théâtre labellisé “Scène nationale” (la Maison de la culture à Amiens), un lieu labellisé centre de développement chorégraphique (L’Échangeur à Fère-en-Tardenois dans l’Aisne), mais aucun centre national chorégraphique ni centre dramatique national… L’offre culturelle apparaît, quant à elle, différencier les touristes que les résidants. Les premiers étant en la matière mieux logés que les seconds, si l’on fait exception des lieux de lecture, fréquents et répartis de façon homogène sur l’ensemble de la Picardie.
Typologie des professionnels de la culture
La région compte au total 5 322 unités de production (385 000 au niveau national), ce qui représente 1,4% de l’ensemble des établissements culturels du pays, et 3 620 personnes sont salariées dans l’un des 962 établissements employeurs, relais des politiques publiques. La moitié de ces unités de production, nombreuse et de petite taille, relèvent de la création artistique, et emploient le tiers des salariés du champ culturel. Des salariés qui sont 35% à occuper plusieurs postes (dix points de plus que ceux de l’ensemble de l’économie), notamment dans le spectacle vivant et l’enseignement culturel, et qui exercent la moitié du temps dans des établissements non culturels.
Des données auxquelles il faut ajouter les 4 360 professionnels autonomes (82% des 5 322 unités de production) – les activités culturelles étant également au niveau national le plus souvent exercées par une personne seule, notamment dans les arts visuels. Si la structure des activités culturelles picardes est proche de la structure nationale, leur répartition présente des spécificités, avec une part plus importante dans la région des activités liées au spectacle vivant, artistiques, de soutien et de gestion, qui représente 49% des établissements employeurs (6 points de plus que la moyenne métropolitaine, hors Île-de-France). Des activités qui représentent en majorité la gestion de salles publiques ou privées, ainsi que des compagnies de spectacle de petite taille. Les arts visuels, plastiques, photographie et design sont également plus représentés, mais via des personnes exerçant seule. De même que la conservation du patrimoine avec des salariés répartis dans les trois domaines la composant – gestion des monuments historiques, bibliothèques et musées. Mais la région arrive en dernière position en ce qui concerne le nombre de théâtres par habitant, et les activités d’architecture se révèlent elles fortement déficitaires, un écart expliqué par le caractère rural de la région et un taux de construction parmi les plus bas du pays.
Seulement, 1% de la population active picarde en emploi exerce une profession culturelle (7 112 personnes en 2011), soit une part plus faible de 0,6 point que celle de la moyenne de province, avec comme conséquence de situer la Picardie au fond du classement pour le secteur culturel, sa contribution concernant l’emploi culturel de France s’élevant à 1,2% (contre 2,6% pour l’emploi total). Rapporté au nombre de résidants, la Picardie se classe au dernier rang, avec 37 emplois culturels pour 10 000 habitants (moitié moins que les premières régions du classement)… avec une autre particularité : les métiers culturels sont le plus souvent exercés dans une activité non culturelle : environ 60% des professionnels de la culture œuvrent dans la publicité, l’imprimerie, la construction ou encore dans un environnement de loisirs, administratif, associatif et d’enseignement, contre 52% au niveau national.
Des professionnels plus âgés en moyenne de 42 ans (un an et demi de plus que la moyenne des actifs en emploi dans la région), et qui exercent plus souvent après 60 ans – le statut de travailleur indépendant ou d’employeur étant 3,5 fois plus élevé que dans les autres secteurs – plus urbains, plus diplômés (49% de diplômés de l’enseignement supérieur contre 28% des actifs occupés), avec des emplois moins féminisés. La répartition apparaît cependant très variable en fonction des professions : si les femmes ne sont que 24% à évoluer dans les métiers de soutien de spectacle, leur présence atteint 76% des cadres et techniciens de la conservation et documentation et elles ont majoritaires dans les métiers du patrimoine et d’enseignement des arts.
Des disparités territoriales
Quatre grands territoires ont été identifiés pour appréhender le secteur culturel picard : le sud de la région où il est plus implanté que dans le reste de la région, avec des résidents plus diplômés et plus usagers de prestations culturelles, le bassin de vie d’Amiens où le poids du secteur culturel est élevé et les arts du spectacle très présents, la zone côtière qui s’appuie sur le tourisme culturel et enfin les bassins de vie à dominante rurale et les villes de l’Aisne, où le secteur culturel est très peu développé.
Les équipements culturels se trouvent logiquement plus présents dans les villes et le sud de la région –proximité de l’Île-de-France oblige. Les monuments historiques se retrouvent eux en majorité sur l’axe Beauvais-Laon, et s’avèrent moins fréquents dans le nord de la région, où on les retrouve en majorité autour d’Amiens et d’Abbeville. Près de 70% des unités de production se trouvent elles regroupées dans quatre zones d’emploi : Roissy sud, Amiens, Beauvais et Compiègne, les deux premières zones comprenant à elles deux la moitié des actifs exerçant un métier culturel. Logiquement, c’est dans la capitale picarde que le poids du secteur culturel est parmi les plus élevés de Picardie. Amiens abrite dans sa zone d’emploi un établissement culturel sur quatre et rassemble près d’un tiers des effectifs salariés de la culture. Les arts du spectacle vivant y sont particulièrement présents, et l’offre culturelle plus étoffée, en partie grâce au profil socio-culturel des habitants plus diplômés et aux revenus plus élevés, et aux étudiants plus présents que dans le reste de la région.