"Polluants éternels": des Néerlandais vont en justice contre Chemours

Quelque 2.400 riverains d'une usine du chimiste américain Chemours (ex-DuPont) à Dordrecht, au sud des Pays-Bas, ont porté plainte lundi contre l'entreprise pour la contamination de l'environnement avec des...

Le siège de Chemours, à Wilmington (Delaware), aux Etats-Unis, le 11 octobre 2021 © Brendan Smialowski
Le siège de Chemours, à Wilmington (Delaware), aux Etats-Unis, le 11 octobre 2021 © Brendan Smialowski

Quelque 2.400 riverains d'une usine du chimiste américain Chemours (ex-DuPont) à Dordrecht, au sud des Pays-Bas, ont porté plainte lundi contre l'entreprise pour la contamination de l'environnement avec des "polluants éternels" néfastes pour la santé. 

Les plaignants accusent le chimiste, qui détient la marque déposée Teflon, d'avoir, entre 1962 et aujourd'hui, "intentionnellement et illégalement" introduit les substances "dans le sol, l'air ou les eaux de surface", "ce qui a entraîné un danger pour la santé publique ou la vie d'autrui", a annoncé Me Bénédicte Ficq. 

Environ 2.400 plaintes ont été "déposées contre l'entreprise chimique (...) et ses dirigeants de fait" au parquet d'Amsterdam, a-t-elle précisé dans un communiqué. 

Massivement présentes dans la vie courante (poêles en Teflon, emballages alimentaires, textiles, automobiles ...), les substances per et polyfluoroalkylés appelés PFAS doivent leur surnom à leur cycle de vie très long et, pour certaines, à leur effet néfaste sur la santé.

L'avocate mentionne dans son communiqué la pollution au perfluoro-octanoïque (PFOA en anglais), un composé perfluoré très persistant dans l'environnement et GenX, également un important polluant. 

En juin, la chaîne  néerlandaise BNNVARA avait rapporté, affirmant se baser sur des documents judiciaires, que le chimiste américain savait déjà il y a 30 ans qu'il polluait gravement les eaux souterraines situées sous l'usine et dans ses environs avec de grandes quantités de PFAS toxiques et cancérigènes.  

Les riverains souhaitent aujourd'hui que le parquet enquête sur les dirigeants qu'ils tiennent administrativement pour responsables. 

"Les plaignants estiment qu'il faudrait mener des recherches en particulier sur les connaissances qui existaient au sein de DuPont/Chemours depuis les années 1970 sur les effets nocifs des émissions de PFOA, alors que ces connaissances n'ont pas été partagées avec le gouvernement", a ajouté Me Ficq. 

"Nous avons partagé les informations disponibles sur les substances présentes dans nos processus de fabrication conformément aux réglementations gouvernementales", s'est défendu Chemours la semaine dernière auprès la radiodiffusion publique NOS. 

"Nous investissons depuis des décennies dans la réduction des émissions dans l'air et dans l'eau", s'était aussi défendu un porte-parole. 

Chemours, DuPont et Corteva ont conclu en juin denier un accord de près de 1,2 milliard de dollars, afin d'éviter des poursuites pour la contamination de l'eau potable à travers les Etats-Unis par des PFAS.

Le groupe américain 3M, connu pour son scotch et ses post-it, a accepté le même mois de verser jusqu'à 12,5 milliards de dollars pour mettre fin aux poursuites engagées aux Etats-Unis par plusieurs réseaux publics de distribution d'eau potable pour la contamination par les PFAS.

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