Politique de la ville : à chaque quartier sa réalité
En Picardie, 7,8% des habitants vivent dans un nouveau quartier prioritaire (NQP), relève la dernière étude réalisée par l'Insee Picardie en décembre.
Cette étude apporte un éclairage très précieux et sur mesure. Elle permet de voir la typologie des habitants dans les nouveaux quartiers prioritaires picards. » Arnaud Degorre, le directeur régional de l’Insee Picardie, n’hésite pas à valoriser la qualité du travail de ses collaborateurs à l’occasion de la dernière présentation d’une étude sur le territoire picard, le 15 décembre à Amiens. Ce travail pose un regard sur les nouveaux quartiers de la politique de la ville. En France, la politique de la ville n’est pas nouvelle. « Ça remonte à peu près à trente ans », rappelait Hubert Delarue, vice-président d’Amiens Métropole en charge de la politique de la ville, dans nos colonnes en janvier dernier (ndlr. Picardie la Gazette n°3550). Cependant, depuis le 1er janvier 2015, une nouvelle géographie prioritaire de la politique de la ville est entrée en application. Elle est définie par la loi de programmation pour la ville et la cohésion urbaine du 21 février 2014 et les décrets du 30 décembre 2014.
Ce dispositif se substitue aux zones urbaines sensibles (ZUS) et aux contrats urbains de cohésion sociale (CUCS). Auparavant, 20 communes picardes étaient concernées. Désormais, ce sont 23 communes, représentant 44 quartiers et 148 000 habitants, qui sont visées par cette politique gouvernementale.
Plus pauvre que la moyenne nationale
« Le revenu médian dans les quartiers prioritaires picards se situe parmi les plus faibles de France. Au 18e rang des régions avec 8 680 euros par an et par unité de consommation. À titre de comparaison, dans le Nord-Pas-de-Calais, il est plus élevé avec 8 917 euros », met en exergue Danièle Lavenseau, de l’Insee Picardie. Pourtant, ce constat est à relativiser. Si le revenu médian dans ces quartiers est inférieur à la moyenne nationale, l’écart avec le reste de l’agglomération est moins important en Picardie qu’au plan national De plus, la Picardie est une région jeune. La région amenée à disparaître en janvier occupe la première place en France pour la part des habitants âgés de moins de 14 ans au sein des NQP (26%).
Cette tendance ainsi que la part importante des familles monoparentales au sein des 44 quartiers – 6e rang national – peuvent expliquer ses faibles revenus. Cependant, ces comparaisons à l’échelle nationale ne traduisent pas les spécificités locales révélées par l’étude.
Des quartiers hétérogènes
Certains départements picards sont plus touchés que d’autres. Dans la Somme, seules Amiens et Abbeville disposent de NQP. Ils sont neuf au total. L’Aisne recense 17 quartiers prioritaires situés dans des zones urbaines, comme à Soissons ou Saint-Quentin, ou plutôt rurales comme à Hirson. Enfin, l’Oise, le départe- ment le plus touché de la Picardie, compte près de 18 NQT. Cette étude révèle une hétérogénéité des nouveaux quartiers prioritaires picards. « Ces quartiers présentent des situations contrastées s’agissant de l’insertion professionnelle et de la situation économique des ménages. S’y ajoutent des éléments relatifs aux ressources financières. Si bien qu’un examen croisé des principaux facteurs conduit à identifier six groupes de quartiers en Picardie », explique Martial Maillard, un des rédacteurs de l’étude.
En effet, le dossier réalisé par l’Insee révèle des spécificités et des différences entre les nouveaux quartiers prioritaires. Les Parcheminiers à Amiens ou encore Beauséjour à Noyon sont peuplés par des jeunes actifs moins exposés à la pauvreté. Dans treize autres quartiers, la part du chômage est moins présente qu’ailleurs, comme dans le quartier de l’Artilleur à La Fère (Aisne). Neuf quartiers, typiquement isariens, sont formés d’une population très jeune avec davantage de familles nombreuses. Le Clos-des-Roses à Compiègne ou le quartier de la Nacre à Méru font partie de cet ensemble. Dans l’Aisne, une partie importante des quartiers axonais accueille une population plus âgée. Tandis que ceux de Gare-et-Verrière ainsi que Champ-Roland et Bords-de-l’Oise à Hirson sont des zones exposées, plus qu’ailleurs, au chômage longue durée. Enfin six quartiers sont touchés plus fortement par la pauvreté, avec un écart de revenus plus marqué avec le reste de la ville à laquelle ils appartiennent.
En définitive, cette étude permet aux institutions d’avoir un regard précis sur les populations peuplant ces quartiers. Il ne leur reste plus qu’à mettre en place des politiques publiques à partir de ces données.
Alexandre BARLOT