Pôle emploi insiste sur la formation

Nadine Crinier, directrice de Pôle emploi dans les Hauts-de-France, a évoqué, le 9 février à l’agence de Lille-Vaucanson, le bilan 2017 de l’établissement public dans la région et ses perspectives pour 2018. Au cours de son intervention, la responsable s’est appuyée sur les statistiques du marché du travail relevées par l’agence. Son credo ? «Agir pour conduire des personnes au retour à l’emploi et valoriser leurs talents».

Pôle emploi insiste sur la formation

Nadine Crinier lors de son intervention.

Reprise dans les Hauts-de-France

«On voit qu’il y a des régions, notamment toute la partie ouest de la France, avec une vraie dynamique économique depuis maintenant un an, avec une baisse assez importante du taux de chômage. Dans la région, 364 000 personnes ont retrouvé un emploi en 2017 à la suite des conseils prodigués par leur conseiller référent. Ce chiffre est en hausse de 4% par rapport à l’année dernière, c’est en progression, mais cela reste en-dessous du niveau national qui se situe à 6%. Le taux de chômage a diminué de 0,2% sur un an dans la région ; sur le plan national, c’est 0,3%. Derrière ces chiffres, il faut mettre en avant le suivi des personnes par nos conseillers. Nous, notre rôle est de personnaliser la relation avec l’entreprise qui recrute, et avec les demandeurs d’emploi qui recherchent.»

Taux de satisfaction croissant chez les demandeurs d’emploi

«À un moment donné, nous, notre jauge, c’est pouvoir questionner le bénéficiaire. Nous sommes sur une satisfaction quant au suivi des demandeurs d’emploi qui est en progression. Un peu plus de 7 sur 10 sont satisfaits du suivi par leur conseiller référent. Côté employeurs, en revanche, la satisfaction est de 69%, plutôt en légère baisse.»

Plus de demandeurs d’emploi formés

«En 2017, il y a eu 73 000 personnes formées dans la région contre un peu plus de 110 000 en 2016, puisqu’on avait l’effet du plan “500 000 formations” lancé par l’État. Pour 2018, nous souhaitons être plus qualitatifs et notamment accompagner des personnes qui n’ont pas pu dans leur parcours initial acquérir une formation qualifiante et diplômante, ce qui est tout de même le meilleur vecteur en matière de retour à l’emploi. Cette année, c’est 17 000 personnes qui devraient être formées dans le cadre de ce programme d’investissement de compétences financé par Pôle emploi et la Région, au-delà de l’effort habituel qui concerne 60 000 demandeurs d’emploi.»

Un salaire moyen qui n’augmente pas

«Sur la région, on est toujours sur un salaire moyen de 1 568 € qui est le salaire le plus bas de toutes les régions. Si on était en flux tendu, des augmentations de salaire s’opéreraient pour aller chercher les compétences. Mais chez nous, ce n’est pas le cas.»

Ce qui doit être amélioré

«Le sujet qui revient souvent maintenant quand vous discutez avec les entreprises, c’est la difficulté dans le recrutement, ce qui est un peu paradoxal avec 580 000 demandeurs d’emploi toutes catégories confondues dans notre région. Il y a plusieurs éléments d’explication. D’abord, dans les Hauts-de-France, l’économie ne génère pas assez de création d’emplois salariés nette par rapport aux entrants sur le marché du travail. Nous sommes dans un déséquilibre ; 5 000 créations d’emploi en 2017 pour 10 000 entrées. C’est un premier phénomène qu’on ne constate pas dans d’autres régions. On est aussi une région qui est une des plus jeunes de France. Et si le taux de chômage baisse un petit peu, on garde tout de même le taux le plus important au niveau national. Ensuite, on s’aperçoit aussi que les définitions de poste sont parfois surdimensionnées par rapport au besoin, quand ce ne sont pas les modalités de recrutement qui sont parfois trop longues. Enfin, il y a aussi des problèmes de localisation entre employeurs et employés. Pour satisfaire une offre, on est passé, entre 2016 et 2017, de 35 à 39 jours.»

 

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Des bus pour transporter les futurs salariés de Toyota

La mise en place de navettes entre le domicile du salarié et son lieu de travail, c’est une des mesures imaginées par Pôle emploi et le Conseil régional pour aider des demandeurs d’emploi à retrouver une activité professionnelle. Cette idée a été introduite dans l’Avesnois, du côté de Fourmies, lorsque le constructeur automobile japonais Toyota, installé sur Onnaing, à côté de Valenciennes, a annoncé récemment vouloir recruter 700 salariés pour son site de production. «Notre rôle, explique Nadine Crinier, directrice régionale de Pôle emploi, c’est aussi pouvoir aller offrir une offre de service globale quand il y a des difficultés de recrutement. Là, en l’occurrence, nous avons travaillé sur la mobilité. On va tester cette solution pendant six mois et voir si ça marche. On a comme objectif un retour à l’emploi d’une soixantaine de personnes, qui ne se serait pas fait si on n’avait pas trouvé ce levier.» Ces allers-retours quotidiens en bus, entre le sud de l’Avesnois et le Valenciennois, dont le coût pourrait être estimé à 200 000 €, devraient voir le jour dès le printemps prochain. L’usine Renault de Maubeuge a déjà installé ce dispositif qu’elle assume entièrement. «Notre raison d’être n’est pas de financer la mobilité, mais quand on sent qu’il y a un besoin, on est prêt à amorcer la pompe, poursuit Nadine Crinier. Et ces personnes, qui vont travailler en bus, au bout de six mois elles pourront peut-être envisager un autre mode de déplacement et s’acheter une voiture.»