Pointe-à-Pitre: Darmanin ordonne un couvre-feu pour les mineurs

Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a ordonné mercredi soir l'instauration pendant deux mois d'un couvre-feu pour les mineurs à Pointe-à-Pitre, pour lutter contre une flambée de la délinquance dans la capitale économique de la...

Le ministre de l'Intéreur Gérald Darmanin, le 9 avril 2024 à Paris © Miguel MEDINA
Le ministre de l'Intéreur Gérald Darmanin, le 9 avril 2024 à Paris © Miguel MEDINA

Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a ordonné mercredi soir l'instauration pendant deux mois d'un couvre-feu pour les mineurs à Pointe-à-Pitre, pour lutter contre une flambée de la délinquance dans la capitale économique de la Guadeloupe, devenue un "coupe-gorge" selon son maire.

La mesure "va s’appliquer à partir du début de la semaine prochaine" afin de lutter contre "une délinquance qui (...) est de plus en plus jeune et de plus en plus armée", a déclaré M. Darmanin, lors d'une conférence de presse à Pointe-à-Pitre.

Cette mesure sera effective les soirs, à partir de 20H00.

"On ne peut pas laisser circuler des enfants de 12, 13, 14 ans, avec des armes, circuler à 22 heures dans la rue, s’en prendre à des policiers, s’en prendre à des touristes, s’en prendre à des passants", a-t-il ajouté.

Du "concret", s'est félicité le maire de Pointe-à-Pitre, Harry Durimel (EELV), qui avait qualifié la ville de "coupe-gorge" en "faillite totale" fin mars.

"Avant c'était 12% de mineurs dans la commission des délits et maintenant c'est 38%", a-t-il détaillé.

"Si les enfants sont chez leurs parents la nuit, ils ne vont pas brûler 70 poubelles comme ils l’ont fait à Pointe-à-Pitre la semaine dernière", a estimé l'édile, élu depuis 2020.

Le 24 mars, dans un contexte de violences urbaines et d'une série d'actes de violence armés, parfois mortels, il avait menacé de démissionner.

"J'ai le sentiment que le cri que j’ai poussé il y a quelques semaines a été entendu", a-t-il déclaré à l’AFP, évoquant la possibilité de "faire de Pointe-à-Pitre, un petit territoire de 2,6 km2, un laboratoire de sécurité républicaine".

Le couvre-feu annoncé est au contraire un "cache-misère" qui n'est "en rien une réponse à l'insécurité", a estimé jeudi la Fédération des socialistes de Guadeloupe, dans un communiqué.

"Si le couvre-feu nocturne était si efficace, comment comprendre qu'il ait fallu attendre la visite d'un ministre pour l'annoncer", s'est interrogé le PS local.

Opérations place nette

Dans les rues de la ville, l'annonce est plutôt bien accueillie. "Ca évite que les jeunes traînent dans la rue (...) vu que les mineurs ne savent pas se contrôler, je pense que c’est une bonne décision", affirme à l'AFP Alexandre Peterly, étudiant de 22 ans.

"Ce n'est pas une mauvaise chose mais ce n'est pas la seule solution non plus. Il faut que les parents s'y mettent", estime pour sa part Nadine, une soignante de 50 ans.

Une série de mesures pour renforcer la lutte contre la délinquance doit accompagner le couvre-feu.

M. Darmanin a annoncé des "opérations place nette de lutte contre la drogue, contre des points de deal et la circulation des armes, qui est sans doute le problème principal que connaît la Guadeloupe aujourd’hui". 

Des opérations "place nette" ont débuté lundi en Guadeloupe et d'autres sont prévues "pour le mois à venir", a précisé à l'AFP son entourage. 

Celle menée mercredi soir a permis "au moins cinq interpellations" et la découverte d'une cache "avec une arme et des stupéfiants", a indiqué à l'AFP Caroline Calbo, procureure de la République à Pointe-à-Pitre.

Un "nouveau contrat de sécurité en Guadeloupe" sera aussi mis en place, à l'image de ce qui a été fait en Martinique et "qui marche bien, a fait baisser la délinquance", selon Gérald Darmanin.

Le ministre a également évoqué "une coopération internationale" avec les îles voisines de Sainte-Lucie et de la Dominique "contre l'immigration irrégulière, la circulation des armes, le trafic de drogue".

Il a en outre annoncé un renforcement des "caméras de vidéo-protection", connectées "aux centres de supervision de la police", et des renforts en matière de police judiciaire.

Selon la préfecture, l'archipel compte "six fois plus d'homicides, neuf fois plus de tentatives d'homicide - dont la moitié par armes à feu - et 20 fois plus de vols à main armée que la moyenne nationale".

Ces derniers mois, Pointe-à-Pitre - 14.500 habitants en 2020 - a nourri la chronique des faits divers.

En mars, une commerçante y a été tuée lors d'un braquage et des touristes en croisière blessés à l'arme blanche par une femme atteinte de troubles psychiatriques.

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