Pochet du Courval, un savoir-faire ancestral

Chaque mois, 6 millions d’opérations sont réalisées sur le site Pochet du Courval de Gamaches, spécialisé dans les décors sur les flacons de parfum de luxe . Trois salariées sont dédiées au mythique flacon aux abeilles de Guerlain.

Il faut six mois pour bien maîtriser le pinceau.
Il faut six mois pour bien maîtriser le pinceau.

Gamaches abrite l’un des fleurons de l’industrie verrière : Pochet du Courval. Le site qui occupe 180 salariés est spécialisé dans le décor : pistolletage, sérigraphie, tampographie, sablage… Il abrite huit lignes automatiques. Chaque année, six millions d’opérations sont réalisées. Les flacons arrivent tout droit de Guimerville, site verrier emblématique du groupe familial, distant d’une quinzaine de kilomètres en Seine-Maritime.

Repousser les limites de la technique
Du lundi au vendredi, trois équipes s’affairent à concrétiser les décors imaginés par les grands créateurs. Avec les années, la composition des vernis a beaucoup évolué pour protéger la santé des salariés et l’environnement : « Les vernis du pistolletage, qui représentent la moitié de nos opérations, contenaient des solvants, maintenant ils sont à base d’eau. Nous avons mené un gros travail avec nos clients pour répondre aux cahiers des charges de qualité », informent Emmanuel Rohant, directeur du parachèvement, et Mohamed El Fazazi, responsable de production.
Avec les années, les formes des flacons se sont complexifiées, ceux des parfums Jean-Paul Gaultier en sont en bon exemple : « Le dernier est extrêmement difficile, assurent-ils. Il fait 125 ml, nous utilisons la technique de la tampographie, il nous faut aller chercher dans tous les recoins du verre. Avec des flacons comme celui-là, nous repoussons les limites de la technique, nous sommes dans des défis permanents. À chaque fois, c’est une grande satisfaction pour les équipes. » La crise de la Covid-19 a entraîné une baisse de production de l’ordre de 30% sur le site de Guimerville. Pour éviter une telle réduction, le site de Gamaches a moins fait appel à des sous-traitants pour protéger ses salariés : « Nous devrions être à moins 10% cette année », précisent-ils.

Soixante-neuf abeilles peintes à la main
Le site de Gamaches abrite un atelier spécifique dédié au mythique flacon à abeilles de chez Guerlain. Les quatre contenants (125, 250, 500 ml et 1 litre) comptent 69 abeilles. Elles sont toutes peintes à la main, ainsi que les bouchons, par trois salariés. Chaque décoratrice en achève entre huit et 15 par jour : « Ce flacon est vraiment une fierté, un symbole pour nous, soulignent Emmanuel Rohant et Mohamed El Fazazi. C’est le premier flacon réalisé en 1853 par les verreries du Courval pour L’eau de Cologne impériale destinée à l’Impératrice Eugénie. C’était déjà une prouesse technique. Par son unicité, il a su traverser les âges et le processus de fabrication n’a pas changé. Il faut six mois pour bien maîtriser le pinceau. Les décoratrices ont toujours les yeux qui brillent. La maison Guerlain les a invitées dans les ateliers, dans un magasin sur les Champs-Elysées… »
Toujours très à la pointe, la maison Pochet du Courval mise sur le 4.0 pour gagner en productivité et en qualité. Sur son site de Gamaches, un logiciel de gestion de production va être installé. Par exemple, des systèmes de capteurs vont permettre de calculer, pour les opérateurs, le nombre d’articles à leur entrée et à leur sortie en temps réel. Des investissements ont été réalisés cette année 2020 – une des quatre cabines de pistolletage est neuve.

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Un flacon fabriqué et décoré depuis 1853 par Pochet du Courval.