P&O se prépare à d'importants changements
L'armateur ajuste le nombre de ses navires affectés à la liaison Calais-Douvres. Après avoir attribué un navire de plus au fret, la compagnie vient d’annoncer, début octobre, sa décision de retirer deux navires de la liaison transmanche.
«À Calais, rien n’a bougé au niveau des effectifs.» Le délégué syndical CGT de la société souligne que l’emploi des Calaisiens est pour le moment préservé et que ces derniers ne sont pas concernés par le plan social annoncé par P&O en mai dernier et qui devait concerner 1 100 personnes. Toutefois, les syndicats avertissent : «Nous savons que la rentabilité est liée au tourisme et non au fret. Le fait que l’on retire deux ferries pour les passagers et qu’on en ajoute un, à mi-temps, pour le fret n’est pas le meilleur des signaux. Nous sommes sur nos gardes.»
Un contexte particulier
À la veille de changements majeurs pour l’entreprise – l’arrivée imminente du Brexit, le retour plus que probable du duty free et l’agrandissement du port de Calais en mai –, P&O retire deux bateaux de la liaison Calais-Douvres (le Pride of Burgundy, ainsi que l’European Seaway, un fréteur qui venait occasionnellement gérer le surplus de marchandises) pour en ajouter un, dédié au fret. «Il naviguerait trois ou quatre jours par semaine seulement.» Ce qui porte actuellement le nombre de navires affectés au transmanche à trois bateaux et demi, soit 15 départs par jour. «Aujourd’hui, on a des bateaux qui ne partent qu’avec du fret. Les bateaux sont pleins. Mais au niveau du tourisme, la compagnie pleure. Le cash qu’on dégage vient des touristes et notre force devrait venir du nombre de départs. Avec trois navires et demi, c’est compliqué de marquer des points…» La stratégie étonne dans les rangs des salariés, qui sont encore, pour beaucoup, au chômage partiel.
Souffler le chaud et le froid
P&O a passé la commande de deux nouveaux ferries, plus grands, qui devraient arriver après la livraison du chantier du port de Calais. L’investissement est fait, la commande est passée, difficile dès lors d’imaginer une annulation de ces commandes. P&O veut donc renouveler sa flotte et investit pour l’avenir. «On veut réduire les coûts de 20%, on nous l’annonçait en décembre 2019. Aujourd’hui, on nous dit que c’est le coronavirus qui a eu cet impact… Drôle de coïncidence», grince-t-on du côté des salariés. Toujours est-il que la compagnie n’embarque plus de touristes depuis la quatorzaine britannique, ce qui n’arrange pas ses affaires. «La direction veut réduire ses coûts, donc ses effectifs. Nous pensons qu’elle pourrait bien profiter de la réorganisation du port pour réorganiser ses équipes et réduire la voilure.» Contactée, la direction de P&O n’a pas souhaité répondre à nos questions.