Rencontre avec François Bernardeau, dirigeant de Meiser
«Plus on gagne de dossiers, plus on gagne en crédibilité»
Meiser SARL, fabricante de sols et escaliers en acier galvanisé est une incontournable du secteur. Implantée à Lestrem, près de Lens, elle propose à ses clients du 100% made in Hauts-de-France, jouant la carte de la qualité «premium». Rencontre avec son dirigeant, François Bernardeau.
Des chantiers de l'Atlantique au métro parisien en passant par la Grand-Place de Lille ou le musée du Louvre-Lens, les sols métalliques, escaliers et autres passerelles en acier galvanisé Meiser sont «un peu partout sans que l'on y prête forcément attention quand on n'est pas sensibilisé», sourit François Bernardeau. Et pour cause, l'entreprise lestremoise est la seule de l'Hexagone à fabriquer de A à Z ce type de biens d'équipement.
«Nous avons deux concurrents mais qui n'ont pas de base de fabrication en France», poursuit le directeur général de la branche française du groupe familial allemand Meiser (4 000 salariés), rejoint en 2007 alors qu'elle était encore la société béthunoise Tolartois, fondée en 1960.
Tout est fabriqué ici sauf la galvanisation à chaud, réalisée au sein d'une autre usine Meiser à Nogent-sur-Oise, et les nez de marches, produits à Warneton près de Tourcoing. «C'est le grand argument vis-à-vis de nos clients. On est un peu une entreprise complète. Nous avons notre bureau d'études, nous dessinons nos produits qui sont plutôt premium, nous avons notre service achat…». Et surtout, à partir d'impressionnantes bobines d'acier, Meiser SARL soude, perfore, plie (jusqu'à six mètres) et assemble.
Au total, ce sont près de 3 000 tonnes de métal par an qui sont transformées dans l'atelier de quelque 5 500 m² dans lequel la société a emménagé en 2015.
Flamme olympique
La société, qui compte 58 salariés pour un chiffre d'affaires d'environ 10 millions d'euros, œuvre à hauteur de 70% pour le secteur du BTP. Avec de prestigieux clients. «Actuellement, nous travaillons à la fabrication de marches pour les tribunes de la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques de Paris et pour deux paquebots de croisière des chantiers de l'Atlantique», cite comme exemples le dirigeant.
Meiser SARL a su également séduire les acteurs de la réindustrialisation des Hauts-de-France, avec notamment la signature de commandes pour les gigafactories de Douvrin et Dunkerque. «Ce sont des clients extrêmement importants. Douvrin, cela représente 42 escaliers pour nous», explique François Bernardeau.
Le Grand Paris, une mine de marchés
D'importants marchés de Meiser se jouent aussi autour du Grand Paris, avec entre autres la création des nouvelles lignes de métro. «Nous avons pris une commande pour les passerelles d'un quart de la ligne 15», pour Eiffage. «Cela représentait 450 tonnes et 33 000 pièces de deux mètres».
La société a également décroché une partie de la ligne 18, soit 600 tonnes commandées par Alstom. «C'est une très belle affaire, qui nous donne beaucoup de visibilité. Sachant que pour le Grand Paris, il y a des dossiers jusqu'en 2032. On essaiera de se présenter à chaque fois. Plus on gagne de dossiers, plus on gagne en crédibilité pour aller se battre sur les suivants», s'enthousiasme le chef d'entreprise.
Son succès, Meiser SARL le doit aussi à son adaptation aux grands tournants de la société. «En 2016, nous nous sommes intéressés à la problématique de l'accessibilité aux personnes en situation de handicap». Ce qui existait sur la voirie devait être décliné dans le BTP. «Tapis podotactiles, bandes de guidage, nez de marches contrastés : auparavant, les solutions les plus courantes étaient minérales ou plastiques. Nous nous sommes dits que développer cela en solutions métallurgiques était très intéressant car elles dureraient beaucoup plus dans le temps».
Cap sur la décarbonation
Dernier grand combat en date de Meiser SARL : la décarbonation. «En 2027, nous devrions être à zéro carbone sur tout ce que l'on ajoute à nos matières premières», prévoit François Bernardeau. Pour ce faire, la première étape est en cours. Elle consiste à évaluer l'empreinte carbone de l'entreprise via des fiches de déclaration environnementale et sanitaire (FDES) qu'elle compte réitérer tous les 12 à 24 mois «pour mesurer les progrès que l'on fait au fil du temps».
«Le cœur de notre problématique est d'approvisionner des aciers vertueux en carbone. Nous avons toute confiance dans nos fournisseurs sidérurgistes pour que, dans les 20 ans qui viennent, on soit à 80 ou 100% d'acier décarboné». À noter que pour les bobines d'acier, le choix de fournisseurs est assez limité puisqu'il n'y a que quelques intervenants alentours - avec en tête de pont ArcelorMittal. «Si l'on veut que ce soit fabriqué dans les 400 kilomètres, on les compte sur les doigts de la main», rappelle le directeur général.
Mais une partie du carbone vient aussi de la contribution Meiser, «quand on fait nos trous, nos plis, nos livraisons. Sourcer notre sous-traitance dans les 200-300 kilomètres maximum pour éviter trop de transport, faire en sorte pour les déchets qu'il y ait moins de chutes, utiliser des produits avec des durées de vie plus longues et être complètement autonomes au niveau de l'énergie, tout cela fait partie de nos priorités», conclut François Bernardeau.
Du côté des investissements, après s'être équipée d'une nouvelle plieuse, Meiser SARL va investir dans un robot de soudure dès cette année, une nouvelle commande numérique pour sa presse et, à échéance 2025-2026, une poinçonneuse à commande numérique.
L’histoire de Meiser SARL
1960 : création de Tolartois à Béthune
1970 : lancement d'Escakit - L’escalier modulaire
1995 : extension de la gamme avec les caillebotis
2000 : nouveaux outils modulaires de perforation
2007 : entrée dans le groupe allemand Meiser
2013 : extension de la gamme pliage jusqu'à six mètres
2015 : déménagement sur le site de Lestrem
2016 : nouvelle gamme de produits dédiées à l’accessibilité des bâtiments aux personnes
handicapées
2023 : certification MASE (santé-sécurité-environnement) et RSE EcoVadis (Responsabilité sociétale et environnementale)