Dossier

Planification écologique : Le Grand Est pionnier

Initiée depuis un an, la collaboration inédite entre la région Grand Est et l’État a permis de mobiliser l’ensemble des acteurs publics et privés du territoire avec l’objectif commun de structurer et d’accélérer la transformation écologique.

© Chambre d'agriculture de la Meuse
© Chambre d'agriculture de la Meuse

Une dynamique engagée autour de mille trois cents contributions, dix-huit engagements collectifs traduits en quatre-vingts actions concrètes dont trente actions phares. Voilà pour le premier bilan de la planification écologique du Grand Est où plus de six cents acteurs institutionnels, économiques et sociaux ont joué collectif avec la volonté d’«accélérer la transition écologique tout en garantissant une adaptation aux spécificités locales», selon Franck Leroy, le président de la région Grand Est. Née en juillet 2023, cette initiative permet d’ailleurs au Grand Est d’être la première région de France à s’engager avec l’objectif de réduire de 10 % les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030, représentant ainsi 10 % de l’effort national. Pour y parvenir, plus de 1 000 projets seront initiés dès 2025. La transition écologique fait partie des priorités avec plus de 4 000 km de haies plantées à l’horizon 2030 pour renforcer la biodiversité et capter le carbone. Une opération a ainsi été pilotée en Meuse dans deux exploitations agricoles biologiques où 18 km de haies ont été aménagées à Merles-sur-Loison. Dans ce département, en 2024, ce sont 70 kilomètres de haies qui devaient être plantées grâce au Feader Agroforesterie.

Face aux défis écologiques

Des financements renforcés doivent également permettre de participer à la décarbonisation industrielle dans le cadre de la réduction de leur empreinte carbone (voir page 40). D’autres actions sont programmées autour de la mobilité durable avec le développement de solutions de mobilité adaptées ou encore une accélération de l’intermodalité, de la rénovation énergétique avec l’amplification des rénovations de bâtiments et l’utilisation de matériaux biosourcés ou encore la création d’un fonds de garantie pour l’auto-rénovation des copropriétés, du soutien à l’économie circulaire avec la mise en place de 70 «matériauthèques» pour favoriser le réemploi des matériaux de construction et de la protection de l’eau et de la biodiversité.

Après une première année de réflexion commune et le lancement des premiers projets, la prochaine étape passera par la déclinaison locale des engagements régionaux avec l’actualisation des pactes territoriaux de réussite de la transition écologique (PTRTE). Reste une inconnue : cette belle dynamique ne va-t-elle pas être confrontée à la réalité économique à l’heure où les coupes budgétaires sont annoncées pour 2025 ? Le budget de l’écologie ne devrait pas être épargné avec 1,9 million d’euros d’économie ou de recalibrage, selon les termes utilisés.

A.M.

L’agriculture : la crise permanente

Après un début d’année 2024 marqué par une mobilisation nationale des agriculteurs et de leurs organisations professionnelles sur fond de revenus trop bas, de loi Egalim, de juste prix des produits agricoles, de taxation du gazole, d’aides européennes de la PAC et de normes environnementales, un même scénario va-t-il se (re)jouer en cette fin d’année avec en ligne de mire le combat contre l’accord du Mercosur lors du G20 au Brésil ? Dénonçant «la possibilité d’importer des produits qui ne respectent aucun de nos standards», Arnaud Rousseau, le patron de la FNSEA appelle à des actions dans tous les départements pour «interpeler les pouvoirs publics.» Face à une conjoncture marquée par les événements climatiques et les crises sanitaires, la région Grand Est met la main au portefeuille avec l’annonce d’un plan d’urgence autour d’aides immédiates, d’un dispositif spécifique pour les éleveurs touchés par la fièvre catarrhale ovine et d’un soutien structurel pour renforcer la résilience de l’agriculture régionale. Dès décembre, 6,9 millions d’euros vont être investis pour l’accompagnement de 1 380 agriculteurs. Un fonds de garantie bancaire de 2,5 millions d’euros sera également mobilisé, s’ajoutant aux autres aides nationales.